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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nouvelle de 100 pages d'un auteur qu'il me tardait de découvrir, L'Antre est un texte qui mêle SF et littérature blanche.

Narration désincarnée, peu de détails sur l'univers mais une ambiance froide et énigmatique.

La solitude et l'horreur sont omniprésentes voire même un coté claustrophobique (j'ai d'ailleurs pensé au roman Silo de Hugh Howey pour ce côté bunker sous terre)

On s'interroge beaucoup sur le contexte et nous avons peu de réponses mais l'intérêt de cette nouvelle se trouve dans les différentes questions existentielles que soulève le personnage principal.

Fable philosophique qui nous interroge sur la notion d'individu, sur la perception de soi et des autres, L'antre me donne envie de poursuivre la découverte des romans de Brian Evenson.

Bon à savoir : l'Antre et immobilité publié chez les éditions Rivages se déroulent sans le même univers et mieux vaut lire l'Antre en second.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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L'Antre est inquiétant, parfois oppressant mais .
Brian Evenson, comme à son habitude, sème le trouble sur la question de l'identité.
X vit dans l'Antre, un refuge souterrain,et ne peut en sortir au risque de mourir car dehors l'air est toxique. X est plusieurs, mi-humain, mi-personne contraint d'accepter un futur indéterminé . Or, être une personne ou un humain sont deux notions distinctes.
Ce texte court s'inscrit dans la littérature d'anticipation et il est bien difficile de résister au style singulier et à l'humour noir de Brian Evenson.
Traduction de Stéphane Vanderhaeghe auteur de P.R.O.T.O.C.O.L
Quidam Editeur
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Dans « L'Antre » de Brian Evenson, le lecteur se retrouve dans un récit sans temps ni lieu. Il ignore en quelle année se déroule l'action et où se trouve exactement « l'Antre ». le personnage principal ne cesse de s'interroger sur son existence. Est-il un être humain ? Il est, sans aucun doute, une “personne”. Mais lorsqu'il demande au terminal, une Intelligence Artificielle qui l'accompagne dans ses soliloques, de définir ce mot, ce dernier répond invariablement : « Bipède doté d'une pensée individuelle logée dans un corps issu de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde, se développant ensuite dans un utérus ». Correspond-il à cette définition ? Et quel est son nom, s'il en a un ? Serait-il le dernier être vivant de ce monde? Et à qui appartiennent ces yeux à l'intérieur de sa propre tête ? Il n'est même pas certain que toutes ces questions soient les bonnes.
Le personnage nous rappelle le héros kafkaïen de la « Métamorphose », à ceci près qu'il a entièrement perdu ses repères, sociaux et personnels. Il erre dans ses pensées, et dans celles d'esprits qui survivent en lui. Ce roman fascine par la simplicité de sa structure et le déroulement d'une action paradoxale qui fait de la sortie de l'antre une nécessité vitale, mais rendue impossible par l'air irrespirable de l'extérieur. Un texte troublant qui questionne la nature même de l'existence humaine.
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« L'Antre », (2023, Quidam, 120 p.) traduit par Stéphane Vanderhaeghe de « The Warren » (2016) vient de sortir. Cela faisait un bail qu'il n'y avait plus rien de traduit de Brian Evenson, depuis la fin de la collection de « Lot 49 » de Christophe Claro et Arnaud Hofmarcher. Donc, cette nouvelle comble le déficit, d'autant plus que parait également « immobilité », traduit par Jonathan Baillehache (2023, Rivages/ Imaginaire, Payot et Rivages, 256 p.). Et comme dit le quatrième de couverture : « Bienvenue dans la vie de Josef Horkaï ». Il est vrai que l'on est avec deux hommes en combinaison de protection, dans un monde qui a changé. La couverture du livre aussi a changé, peut être pas forcément en mieux.

Il n'est pas simple de faire la bibliographie de Brian Evenson, car ses premiers titres ont été publiés à petit nombre, en édition limitée, et plusieurs de ses nouvelles se retrouvent dans différents ouvrages. Ceci est valable pour les éditions anglo-saxonnes, comme pour les françaises, voir par exemple « Désir et Digressions » (2009, Cherche Midi, 8 p.), que j'ai personnellement eu du mal à trouver (et fort chère, d'ailleurs). Finalement la réponse est que cette nouvelle (10 p.) est placée avec un mince catalogue (catalogue 2010) de la collection Lot 49. C'est un peu une analyse par Brian Evenson de ses oeuvres. « le réalisme littéraire repose sur une vision des Lumières selon laquelle les êtres humains peuvent, en principe, progresser ; cette perspective suppose que le libre arbitre et la pensée sont des affaires sans problème. Par conséquent, les personnages de fiction réaliste ont généralement la capacité de grandir et de changer pour le mieux, et même s'ils ne changent pas, il existe au moins une possibilité de changement - une prise de conscience, un moment épiphanique - présenté à un protagoniste ».
Drôle de parcours pour Brian Evenson, un peu comme ses livres d'ailleurs. Il nait mormon, en 1966, dans l'Iowa et dans une famille mormone depuis six générations. Il devient prêtre et enseigne à Brigham Young University (BYU), établissement confessionnel. Brigham Young était le successeur de John Smith, fondateur des mormons, en tant que président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. C'est lui qui développe l'enseignement dans l'Utah, avec comme principale cible d'éradiquer les deux principales fausses prophéties que sont le Darwinisme (l'évolution) et le Marxisme (le communisme). Ou les remplacer par une autre. La BYU, située à Provo, Utah, compte en tout 50000 étudiants, dont certains dans les centres situés à Hawaii, dans l'Idaho, Paris et Jérusalem (on y reviendra dans « Prophets and Brothers »).
Tout allait bien jusqu'à ce que Brian Evenson publie « Altmann's Tongue » (1994, Knopf, 239 p.) puis réédité (2002, Bison Book, 278 p.) avec une introduction et surtout une nouvelle postface par l'auteur. Ce recueil de 26 nouvelles fit scandale à BYU et Brian Evenson est même menacé d'excommunication (ou alors il renonce à écrire d'autres pareilles turpitudes). Suite à ces pressions, il quitte l'Eglise, la BYU et doit rompre avec sa famille. Sa lettre de renoncement à BYU est un véritable pamphlet contre l'Eglise des saints des derniers jours. Tout y passe, la nécessité de l'église, les actions contre la liberté des femmes, la liberté universitaire, le mode d'évaluation tout à fait malhonnête, les faux témoignages. Bref « Il ne serait pas fier de rester à BYU ». On peut toujours aller voir le post sur ces nouvelles.
« L'antre » immerge le lecteur dans une fable post-apocalyptique, rien que cela. Il n'est même plus question de la survie de l'humanité. D'ailleurs, c'est elle-même qui est en jeu.
Sachant que la surface de la terre, ou d'une autre planète, est devenue inhabitable, le narrateur vit sous terre, dans une caverne, un antre. Tout commence par « la dernière conversation entre deux êtres humains, si tant est que lui comme quoi appartenions à la catégorie des humains ». Et du coup le narrateur débranche Horak, la machine humanoïde qui cause. Plus personne. le dernier était « Wollen, un nom choisi par le duo qui l'avait précédé Vigus et Vagus ». On voit que par la suite, l'auteur aura du mal à justifier des dialogues. Justement, il va être question de personnes. Bien que le narrateur soit seul, il communique via un terminal, sous intelligence artificielle. Décidément, il y en a partout, même chez Big Brother. Reste à définir les autres personnes. Ce à quoi le terminal répond « Bipède doté d'une pensée individuelle logée dans un corps issu de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde, se développant ensuite dans un utérus ». Ce qui est déjà une difficulté majeure, le narrateur étant le seul homme. Peut être a-t-il, lui ou Brian Evenson, lu Cavanna, à propos de ce dernier homme. « Il se tapera toutes les veuves ». Hélas, les veuves ont disparu, reste celle du ménage Poignet. Et cela dure « soixante-et-onze ans, onze mois, six jours et vingt-et-une heure » que cela dure.
Le narrateur se reprend. Et il questionne le terminal à propos de Horak. Horak décédé, Horak congelé. Mais Horak retrouvé. C'est le discours de l'Hôtel de Ville, mais le terminal, trop jeune, n'a pas connu.
C'est alors que survient le miracle. Horak se met à parler. Comble de malchance pourtant. le terminal se désactive. le protagoniste est débité en rondelles. du sang jaune coule de ses veines.
Le protagoniste se rappelle juste qu'il doit commencer par X, car son prédécesseur se prénommait Wollem et ceux avant lui Vigus et Vagus. Mais, effectivement W, cela ne fait pas un nom. Autant s'appeler « Personne » (« Οὖτις / Oûtis »), mais il y en avait déjà un. Nous savons aussi, si on a lu le livre, que les ancêtres de X ont également été formés par paires pendant un certain temps, partageant la même lettre alphabétique dans leurs noms. Ils s'appelaient Ture/Tore, Unnr/Uttr, Vigus/Vagus, puis le solo Wollem, créé seul par manque de matériau. Peut-être que Ture et Tore ont été les premiers humanoïdes à s'IMPRIMER, étant ainsi le premier couple à jamais graver leurs souvenirs dans les deux qu'ils créaient. de fait, « The Warren » est le futur moi d'« immobilité » avec Qatik et Qanik.
« Qui suis-je pour décréter que la personne que je pense être, cette personnalité parvenue à remonter à la surface telle de l'écume, est mon moi réel ? Ces autres remplissent plus d'espace en moi que je ne le fais. Peut-être que l'un d'entre eux est mon moi réel et que je suis l'intrus ». Autrement dit « « Qui suis-je ? - Dans quel état j'erre ? - Où cours-je ? ». Bon, il sort de l'Antre. Pour aller dans un autre ? L'antre deux ? ou l'antre pot ? on ne le saura pas. de toutes façons, il y a Horak. Pourvu que son prénom ne soit pas Ann.
« Un corps friable, amputable…et qui saigne jaune ». Après tout, il y aussi, sur la côte Est, près de New York, des limules, crabes en forme de fer à cheval, mais qui ont du sang bleu. Pas celui des nobles, mais celui où l'hémoglobine, riche en fer, est remplacée par de l'hémocyanine, de même structure, mais avec du cuivre, ce qui lui donne la couleur bleue. Pour le jaune, il faudrait de la bilirubine, celle que l'on trouve dans les urines quand on n'a pas bu du bleu de méthylène, qui fait pisser bleu. Voilà, c'était mon instant matinal tout en couleurs. Ou comment concevoir un roman post-apocalyptique ou pré-néantisation en modifiant les couleurs des fluides internes. Au besoin, en fonction des humeurs rencontrées.


Je retrouve des notes sur d'autres nouvelles, plus anciennes, que je rajoute.
« Désir et Digressions » (2010, Cherche Midi, p. 7-16) reprend « Desire with Digressions » une nouvelle parue dans « Fugue State » (2009, Coffee House Press, 208 p.). Mais en fait la traduction française est un petit bonus au catalogue 2010 de la collection Lot49. le narrateur part de chez lui, sa femme l'ayant quitté, d'abord en voiture, puis à pied ou en stop. Il aboutit à une taverne, et il y fait la connaissance de quelqu'un qui lui propose une affaire d'un jour ou deux, le temps de leur « fortune assurée ». Long et pénible trajet dans la montagne et la neige. Arrivé quasiment au bout, son étrange compagnon meurt de froid. Redescente dans la vallée, retour du froid, séjour en hôpital et amputation des bouts de membres gelés. le narrateur réussit cependant à s'enfuir, retourne à sa première maison, où sa compagne l'attend. Mais ce ne sont que ses os.
« Prophets and Brothers » (1997, Rodent Press, 54 p.) édition limitée à 250 exemplaires. Il s'agit de 4 nouvelles, essentiellement dédiées à l'Ouest américain et aux Mormons. Republiée plus tard dans « The Wavering Knife ». On y découvre un Mormon fondamentaliste, qui décide de déterrer le corps du prophète Ezra Taft Benson et de le ressusciter (bonne chance à lui).
Dans « Sanctified, in the Flesh », Brian Evenson raconte les problèmes automobiles que donnent lieu une rencontre entre les Trois Néphites et/ou un groupe de tueurs. Les Néphites, qui combattent les Lamanites, sont tous deux des descendants de Néphi ou de Léhi. Ce sont des groupements issus du peuple de Mormon, des sous-sectes. Léhi était le père de Néphi. C'est le premier prophète de son peuple dans le Livre de Mormon, environ 600 ans avant notre ère chrétienne. Il descend de Joseph vendu en Égypte. Léhi et ses fils construisent un bateau et se rendent sur le continent américain. Un peu comme Noé où il écrit son grand livre. « « C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ». Ses descendants et lui s'établissent sur une nouvelle terre. Avant sa mort, il bénit ses fils et leur parle du Christ et de la parution du Livre de Mormon dans les derniers jours.
Il faut savoir que Joseph Smith (1805-1844), le premier président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a reçu la visite de l'ange Moroni qui lui indique l'endroit, sur la colline de Cumorah, New York, où se trouvait le livre de Mormon, volume d'Écritures saintes complémentaire à la Bible. Mormon (311 – 385), chef militaire de l'âge de quinze ans à sa mort, a vécu sur le continent américain. Il aurait eu une quarantaine de femmes, ce qui explique sa mort jeune.
Vous saurez tout sur les mormons, après tout cela. Cela vous permettra de porter la contradiction quand ils viendront sonner chez vous. Ils sont facilement reconnaissables, allant par deux, en costume noire, chemise blanche, cravate et cheveux courts. N'hésitez pas à leur parler de sexe, cela les fera fuir.


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"L'antre" de Brian Evenson s'inscrit comme la suite du roman "immobilité", ou du moins dans le même univers. Dans le vaste paysage littéraire contemporain, Evenson se distingue par sa capacité à tisser des récits profonds et captivants, et "L'antre" ne fait pas exception à cette règle. Bien que relativement court, le livre se dévore d'une traite, témoignant de la maîtrise narrative de l'auteur. Au-delà de l'intrigue, "L'antre" aborde efficacement le thème de l'identité, invitant le lecteur à une introspection profonde. Un livre à ne pas snober.
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L'Antre c'est cet abri sous-terrain dans lequel habite ce personnage. Il n'a pas de nom, et rédige le rapport de sa survie. Dehors, l'air est irrespirable suite à une catastrophe, et il n'a que le Terminal, sorte d'ordinateur à l'intelligence évolutive, comme compagnon censé répondre à ses questions. Mais la machine se fait capricieuse, s'enraye et l'interroge sur la définition d'une personne. le monde touche à sa fin et notre héros en est l'ultime survivant. L'atmosphère est anxiogène, étouffante. Schizophrène, il se réveille avec des mémoires multiples, jonglant avec des sensations variées, face à une autre créature plus humaine conservée.

Dans ce court texte, Brian Evenson offre une écriture incisive et une vision du monde futur sombre sans oxygène. À travers son narrateur, mi homme mi robot, il interroge la définition de l'humain. L'humain a détruit son espace vital, il court à sa perte. Et l'ordinateur n'y pourra rien. le suspense est garanti dans ce livre que l'on n'espère pas prophétique tant le monde est inhabitable, en ruine et sans espoir. Brian Evenson réussit parfaitement à installer le lecteur dans cette ambiance dès la première page pour mieux le happer et le tenir en haleine jusqu'aux derniers mots.
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