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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Diantre, un Antre sans âtre où l'Autre nous hante avec hâte… !

En ce début janvier 2023 Brian Evenson sort deux livres en parallèle, dans deux maisons d'édition différentes : immobilité chez Payot et Rivage et L'antre chez Quidam. Si j'ai choisi ce dernier c'est parce qu'il est traduit par Stéphane Vanderhaegue qui m'avait fortement impressionnée avec son roman uppercut anarchiste P.R.O.T.O.C.O.L. le moins que l'on puisse dire c'est que c'est également un excellent traducteur. Dès la première page de ce petit livre, il retranscrit avec subtilité la plume élégante de Brian Evenson.

Nous avons là une novella de science-fiction philosophique dans laquelle la notion de personne est questionnée. Qu'est-ce qu'une personne ? Être humain et être une personne est-ce la même chose ? N'est-ce pas finalement qu'une question de définition, de point de vue, d'autorité compétence pour le définir comme tel ?

Le récit est un rapport effectué par quelqu'un qui est terré dans une sorte d'abri souterrain qu'il appelle l'Antre, la surface terrestre étant devenu un poison pour lui. Il n'a pas de nom semble-t-il et est seul. Ses rares échanges se font avec un terminal, une IA qui permet de répondre à toutes ses questions, encore faut-il savoir bien les poser ces questions, l'IA étant assez exigeante sur la définition des termes posés. de plus le Terminal devient défectueux. Nous comprenons que ce quelqu'un, s'il est une personne en tant que bipède doté d'une pensée individuelle, n'est pas vraiment un humain car ne provenant pas de l'union d'un spermatozoïde et d'un ovule se développant ensuite au sein d'un utérus. En lui il y a la concaténation de tous les êtres comme lui qui ont vécu auparavant, chaque être, d'une durée de vie d'environ cinq ans, ayant besoin de matériaux pour produire le prochain être et s'imprimer ensuite dans cette descendance. Or il n'y a plus de matériaux…et les différents être en lui agissent bizarrement, certains meurent, lorsque d'autres prennent le contrôle…Humanoïde ? Robot ? Extra-terrestre ? Autre chose encore ? Nous ne saurons pas et cela fait tout le charme du récit. C'est juste quelqu'un qui, au bord de l'extinction de son espèce, cherche désespérément à en assurer la perpétuation. D'où le rapport qui revêt une importance cruciale alors qu'il est le dernier et qu'il se meurt. Doit-il sortir de l'antre pour rechercher d'éventuels humains ?

« C'est comme ça qu'on relaie l'information d'une bouche plus ancienne à une oreille plus jeune, chacun d'entre nous recevant ce que les autres avant lui ont toujours su ».

L'ambiance est froide, pour ne pas dire glaciale, inquiétante et oppressante. La narration quelque peu désincarnée. J'ai trouvé passionnante cette façon d'imaginer la sauvegarde de tous les ancêtres en imprimant leur mémoire en la personne suivante…mais finalement n'est-ce pas pareil pour nous ? Ne sommes-nous pas l'essence de tous nos aînés, certains prenant une place plus importante que d'autres, certains s'avérant plus toxiques que d'autres…Sommes-nous véritablement libres de toutes nos racines ? Notre mémoire n'est-elle pas atavique ?

« Qui suis-je pour décréter que la personne que je pense être, cette personnalité parvenue à remonter à la surface telle de l'écume, est mon moi réel ? Ces autres remplissent plus d'espace en moi que je ne le fais. Peut-être que l'un d'entre eux est mon moi réel et que je suis l'intrus ».

Pour autant ce livre est exigeant, ardu, multipliant les pistes et les faux-semblants. Tout reste assez flou, n'y cherchez pas une solution à la fin, seul le questionnement sur l'identité finalement est primordial et central ce qui peut apporter un peu de frustration, surtout au milieu du livre où j'étais un peu perdue. Les questions sont plus importantes que les réponses apportées. Elles nous interrogent sur notre propre espèce, sur notre propre héritage et notre perpétuation. En miroir. Et de façon troublante.

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Immense auteur américain s'il en est, Brian Evenson n'était plus traduit en langue française depuis… 2017 !
Son oeuvre très particulière et exigeante continue pourtant outre-Atlantique dans la forme longue comme dans la forme courte.
Grâce à deux éditeurs, Rivages Imaginaire et Quidam, Brian Evenson revient sur le devant de la scène chez nous avec la publication simultanée de deux romans : Immobilité et L'Antre.
C'est à ce second, en réalité une novella de 110 pages, que nous allons nous intéresser aujourd'hui.

Publié en 2016 en langue anglaise, L'Antre est un récit science fictif à la fois inquiétant et étrange qui convoque la majorité des obsessions de son auteur pour le corps et l'identité.
Rédigé sous la forme d'un rapport, le texte nous fait suivre un protagoniste qui n'a pas de nom et qui se terre dans une sorte d'abri souterrain qu'il nomme lui-même « l'Antre ». Sa seule interaction sociale, si l'on peut dire, se fait avec un mystérieux Terminal censément capable de répondre à toutes ses interrogations.
Tout ce que l'on sait à cette étape du récit, c'est que le rédacteur du rapport est un survivant d'une catastrophe globale qui a rendu la surface mortelle pour lui et les siens. Et c'est bien là que le bât blesse !
En effet, dès les premières pages, notre narrateur interroge le Terminal sur la dernière fois où une personne a quitté l'Antre.
L'ordinateur, surpris, lui demande de définir le terme « personne » puisqu'il semblerait que notre héros n'en soit pas vraiment une lui-même…
Progressivement, Brian Evenson multiplie les ambiguïtés autour de la nature même de son personnage principal. Qui est-il et, surtout qu'est-il ?
En quittant l'Antre à la recherche de la dernière personne a en être sortie et, surtout, à y avoir survécu, notre narrateur tombe sur Horak conservé et cryogénisé dans un caisson qu'il désactive pour le réveiller.
De là, les évènements s'enchaînent et notre protagoniste perd pied, rongé de l'intérieur par les « autres » lui qui l'habitent.

Cette remarquable novella joue sur un décor post-apocalyptique minimaliste pour resserrer son histoire autour du narrateur qui ne sait plus vraiment qui il est ni ce qu'il est. Dans l'Antre, tout est en faux-semblant, biaisé par les perceptions et les croyances erronées de celui qui raconte et qui va, petit à petit, comprendre qu'il est loin d'être le dernier humain en vie. C'est ici qu'opère le génie cryptique de Brian Evenson s'évertue à brouiller les limites entre ce qui relève de l'humain et de la personne, séparant les deux termes et leurs significations respectives pour démonter le réel qu'il va pervertir page après page.
L'Antre n'est pas un récit chaleureux. Il est glacial et étouffant, parfois drôle et morbide, souvent obsédant et troublant. Fidèle à lui-même, Evenson cherche à faire tomber la cohérence interne de son héros en même temps qu'il met à terre ses croyances. de nouveau, il fissure l'identité et montre que derrière l'unicité de la psyché veille d'autres entités prêtent à prendre la place de celui que l'on croit être.
Tandis que notre survivant explore les possibilités qu'il lui reste pour perpétuer les siens, il se rend compte des limites de son propre corps.
Un corps friable, amputable…et qui saigne jaune.
Mais un humain saigne aussi, n'est-ce pas ?
Tout change dans le récit d'Evenson du fait de la supposée disparition de l'espèce humaine. Sans connaissance ou exemple, notre narrateur en est réduit à croire des choses qui reposent sur l'enseignement de ses prédécesseurs qui, eux-mêmes, le tiennent de leurs prédécesseurs.
Mais cela peut-il constituer une vérité en soi ?
Perturbant, L'Antre s'amuse avec son lecteur, échange les personnalités et brouille la perception de l'autre, ébranlant nos certitudes en profondeur sur ce qui constitue la personne humaine et consciente.
Devant l'effondrement des acquis, la folie guette et contamine, comme elle le fait avec Elden Fochs dans Père des Mensonges ou Rudd Theurer dans Inversion. le rideau se déchire lentement et inéluctablement, et personne n'est plus ce qu'il pense être à la fin.
Dès lors, n'est-on jamais plus qu'un simple corps ?

Minimaliste et brillant, L'Antre est un voyage intérieur où tout tombe en ruines et où les voix se multiplient pour briser ce qui nous semble acquis et évident.
Brian Evenson construit un récit science-fictif flirtant avec l'absurde et qui nous ramène pourtant à la fragilité de notre être. Fascinant.
Lien : https://justaword.fr/lantre-..
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J'ai la chance d'avoir un libraire amateur de littérature de l'imaginaire.
Et de plus, ayant plus d'une fois fait une belle découverte littéraire grâce à ses conseils avisés, j'aime à élargir mes horizons livresques.
Une fois de plus, je dois cette lecture à ses recommandations.
Une lecture différente, déroutante, et qui laisse clairement une impression durable. Pas mal pour un livre qui fait à peine une centaine de pages. Il est vrai que nous ne sommes pas en face d'un pavé mais plutôt de ce que l'on peut appeler une novella.
Le narrateur, qui se retrouver dans un lieu qu'il nomme l'antre semble être très isolé. Il semble être le dernier survivant de son espèce et avec juste quelques brides de souvenirs. Seul un terminal pas très performant est capable de répondre à ses nombreuses interrogations. Au fur et à mesure que le récit avance, nous découvrons avec le narrateur des parcelles de ses souvenirs, mais les pistes et les indices sont rares et nébuleux dans ce futur post-apocalyptique.
Finalement, à la fin de ce récit, plein d'interrogations subsistent, ca nous n'aurons clairement pas beaucoup de réponses. Et surtout, finalement, s'il ne fallait qu'en garder une, cela serait celle-ci que je retiendrais : qu'est-ce qu'un Humain ?

Challenge ABC 2023/2024
Challenge Mauvais Genres 2023
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Nous lisons un rapport. Un rapport rédigé par un être dont on ne sait pas si c'est un être humain ou… autre chose. Bipède conscient, mais plus ? La machine (l'ordinateur ?) qui lui sert de mémoire est en partie détraquée, usée par le temps. Et sa propre mémoire est défectueuse. Il sait juste qu'il ne doit pas sortir hors de son antre sans combinaison de protection sous peine d'une mort assez rapide.

Peu de survivants dans ce monde post-apocalyptique. En tout cas, dans ce court récit. On suit un narrateur, qui vit seul dans son antre. Et il rencontrera plus tard un humain. Car, sans vraiment gâcher la découverte car on le comprend assez vite, ce personnage n'est sans doute pas humain lui-même. de nombreux indices le prouvent. Dont son nom. Qu'il ignore. Il se rappelle juste qu'il doit commencer par X, car son prédécesseur se prénommait Wollem et ceux avant lui Vigus et Vagus. En plus, quand il interroge l'ordinateur qui semble la seule machine à peu près opérationnelle (pour combien de temps ?) de cet lieu, le terminal, celui-ci sème aussitôt le doute dans son esprit en lui demandant quelle définition il donne à « personne ». On est là au centre de cette novella : Qu'est-ce qu'une personne ? La conscience suffit-elle ?

Pour paraphraser Socrate et son célèbre « Je sais que je ne sais rien » (en grec, pour se la raconter un peu : ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα, merci Wikipedia), on passe son temps en lisant ce texte à mesurer l'étendue de notre ignorance. Comme dans immobilité, roman de ce même Brian Evenson, paru en parallèle aux éditions Rivages, l'auteur prend un plaisir évident à nous placer, nous lecteurs, en position de total amnésique. Dans ces deux récits, le personnage principal ne se souvient de rien au début de l'histoire. Ni des raisons de la dangerosité de l'atmosphère et de sa toxicité. Ni de la raison de sa situation. Ni même de son identité ou de ce qu'il est. Dans les deux cas, le lecteur se trouve obligé de tout recomposer, de tout deviner, de tout mettre en doute. Dit comme ça, ça peut ressembler à une grosse prise de tête. Un truc d'intello, une expérience sans doute séduisante sur le papier, mais insupportable lors de la lecture.

Eh bien non ! Non seulement ce n'est pas agaçant ni frustrant, mais en plus, c'est une expérience extraordinaire. L'esprit est toujours en éveil, à guetter des indices. Et à émettre des hypothèses, confirmées ou infirmées par la suite. Et, comme je le disais pour immobilité, Brian Evenson présente un grand talent de conteur et une grand habilité à construire ses histoires. J'ai été dès le début pris dans le récit, me demandant où tout cela allait me mener. de l'action, il y en a. du suspens aussi. Et surtout, des questions.

J'hésitais à entamer la lecture de L'Antre si peu de temps après celle d'immobilité. Peur d'une certaine lassitude. Ou d'une trop grande similarité. Mais non. Au contraire. La similarité des univers décrits est un plus formidable pour profiter au maximum de ces deux histoires. En plus, entre les deux, le point de vue change (un personnage est bloqué à l'intérieur, l'autre circule essentiellement à l'extérieur), ce qui permet d'enrichir la lecture précédente, de mieux la comprendre en lui offrant une autre vision. Une nouvelle vision. La 3D au lieu de la 2D, en quelque sorte…

C'est à se demander pourquoi Brian Evenson était si peu traduit jusqu'ici en France. Car son talent est immense et ces deux ouvrages, L'Antre et immobilité, ouvrent coup sur coup deux fenêtres enthousiasmantes sur son univers, ses représentations. Je vais me pencher sur les quelques romans déjà parus dans la langue de Molière (la dernière traduction d'une de ses oeuvres en français date de 2014 tout de même). Souhaitons que ces deux romans trouvent leur public et nous permettent, par leur succès, de découvrir d'autres textes de Brian Evenson.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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L'Antre est un roman étonnant. Plus précisément, ce récit relativement court s'apparente une novella. C'est un registre avec lequel j'ai généralement du mal, car il n'offre que dans de rares cas la profondeur requise aux univers et aux personnages.
Là c'est tout l'inverse : nous lisons un rapport, rédigé par quelqu'un qui semble obsédé à l'idée de perpétuer son espèce dans un monde qui semble avoir sombré. Est-il le dernier? Doit-il sortir de l'Antre pour trouver des congénères?
S'il s'agit bien d'un texte qui s'apparente au genre "post-apocalyptique" l'Antre, par sa froideur et son minimalisme, permet en très peu de page de poser des questions profondes et de nous inviter à y répondre (car il ne faut pas attendre trop de réponses de ce récit).
C'est brillamment écrit (supporté par une belle traduction). Un peu court et frustrant peut-être.
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L'antre est une novella d'une centaine de pages d'un auteur américain largement reconnu outre Atlantique, mais dont c'est le seul texte traduit en français en six ans, avant 2023.

Sorte de compte-rendu écrit par un personnage qui ne sait lui-même pas trop qui il est, le texte de Brian Evenson est assez déstabilisant, dérangeant même.

La seule interaction du protagoniste X est avec le Terminal (remember HAL 9000 ?), qui demande qu'on lui pose des questions précises, ce que le rédacteur ne sait pas faire correctement. Dialogue de sourds.

X garde des bribes de souvenirs sur son passé, qui ne sont d'ailleurs pas obligatoirement les siens, et sur ses « géniteurs ». Plusieurs esprits semblent prendre place en un seul, mais n'ont pas l'espace nécessaire.

Dans cet univers post-apocalyptique, X fait l'expérience de la solitude. Jusqu'à ce que…

Cette novella questionne, sans aucun doute. Sur le sort de l'humanité, et de notre protagoniste en particulier. Mais bien davantage encore, interroge la notion même d'identité. A la recherche de la bonne définition d'une « personne ».

Difficile d'y répondre quand, comme X, on ne se comprend pas soi-même, et qu'on est régulièrement victime d'absences.

Brian Evenson joue une bataille intérieure entre l'irrationnel et le rationnel, où la notion de perception est essentielle. Tout comme celle de la transmission.

De nombreuses questions sont posées par ce texte court mais riche de considérations quasi philosophiques.

L'antre est un point d'entrée intéressant dans l'oeuvre de l'écrivain, plutôt exigeant, assez étrange, et clairement interpellant.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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J'écris ces lignes sur du papier même si l'art de l'écriture est un art oublié. J'écris sur du papier car j'ai vu comment des pans entiers du terminal et d'autres appareils d'enregistrement peuvent se dégrader, entraînant la perte d'entités entières. J'essaie de laisser derrière moi une archive qui puisse survivre."

Mais quel étrange roman... mon pauvre cerveau si cartésien en a été bien torturé au cours de la petite centaine de pages qui conduisent à une expérience inédite. On a souvent imaginé la fin du monde à grand renfort d'effets spéciaux, en littérature ou au cinéma, ou au contraire dans le dénuement post-apocalyptique le plus total et le plus brutal (cf La Route) mais dans les schémas les plus futuristes on a rarement été aussi loin dans la conceptualisation de l'existence. Question centrale de ce texte surprenant et déstabilisant : qu'est ce qu'une personne ? Alors que la science et la technologie nous promettent une humanité augmentée voire très augmentée, l'auteur nous projette dans un futur où celui qui se réveille dans l'Antre se heurte à une accumulation de contradictions. Est-il seul ? le dernier ? Pourtant des voix différentes se font entendre dans son esprit. Il sait que l'extérieur le condamne mais une force le pousse à sortir pour trouver le moyen de perpétuer... mais quoi au juste ? Perplexité du lecteur qui ne sait s'il a affaire à un humain, une machine, un être hybride, s'interroge sur la puissance de l'instinct ou de la programmation. Oui, étrange roman où la rationalité se heurte sans cesse aux murs de cet antre à la fois protection et prison dans un dénuement oppressant et une atmosphère envoûtante. L'écriture précise, claire et sobre contribue à ancrer ce texte dans l'esprit du lecteur quitte à le hanter longtemps. Chacun y trouvera des éléments à assembler mais en ressortira avec plus de questions que de réponses. Personnellement j'ai éprouvé le besoin d'y revenir après une première lecture qui m'a laissée désemparée mais des impressions qui s'accrochaient à mon cerveau. C'est bien aussi de se laisser bousculer, déranger par un texte certes étrange mais finalement terriblement marquant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le hasard des sorties littéraires a permis la sortie quasi-simultanée d'un roman et d'une nouvelle de Brian Evenson : immobilité, le roman chez les Editions Rivages, et L'antre, la nouvelle chez Quidam Editeur. Reçus tout deux en SP (merci encore aux maison d'édition), j'ai tout d'abord lu la nouvelle mais après avoir lu roman, je vous recommande de commencer par ce dernier. L'antre est une courte nouvelle d'une centaine de pages.

L'antre est un lieu sous terre où il se réveille. Dehors, l'air est irrespirable. Pourtant, il va devoir sortir. Sa survie semble être à ce prix. Mais qui est-il ? Est-il aussi seul qu'il le pense ? Et d'où lui viennent les souvenirs qui le hantent ?

Plus encore que dans le roman immobilité, nous sommes ici plongés dans un univers post-apocalyptique totalement inconnu et mystérieux que le personnage principal ne semble pas connaître beaucoup plus que nous. Son histoire fait que plusieurs personnalités se confrontent dans son esprit et augmente encore notre confusion.

Dans cette nouvelle, la thématique principale est vraiment la recherche d'identité : qu'est-ce qui définit une personne, un être humain ? Une fois que j'ai compris que je ne serai pas dans un récit d'action mais plus dans un récit introspectif, j'ai beaucoup apprécié ma lecture

Même si le récit est court, il m'a permis de découvrir et d'apprécier la plume de l'auteur et sa traduction. L'ambiance anxiogène, dans le bon sens du terme, contribue fortement au côté immersif de cette nouvelle.

Je vous invite à découvrir ces 2 ouvrages de l'auteur !
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Je vais devoir arrêter de dire que je n'aime pas les récits post-apocalyptique car quand ils sont écrits avec la finesse, la justesse et l'immersion de Brian Evenson, je suis fan !


Découvert le mois dernier chez Rivages grâce à son texte immobilité, je récidive ce mois-ci avec L'Antre, paru en même temps chez un autre éditeur : Quidam. Les deux textes semblent se faire écho et nous proposent une vision complémentaire de la vie sur Terre après une catastrophe et de questions qui se posent alors aux survivants dans ce nouveau cadre.




Si immobilité proposait un roadtrip surprenant, L'Antre offre un voyage intérieur tout aussi saisissant. J'avais, pour ma part, un peu délaissé ce genre de récit dans des lieux clos depuis Silo de Hugh Howey qui m'avait laissée sur ma faim. J'y reviens puissamment avec la plume terriblement efficace et fouailleuse de Brian Evenson. Plutôt que nous questionner sur notre survie d'un point de vue matériel et aventureux, il s'attaque à notre définition même de l'intime et c'est encore plus ravageur.

L'Antre, c'est le récit d'une entité qui cherche à se définir. Est-il une personne ? un humain ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'une personne ? Qu'est-ce que la différencie d'un humain ? J'ai trouvé le voyage intérieur pour tenter de répondre à ces questions fascinant. L'auteur a l'art et la manière pour rendre ces récits happant et touchant, avec un héros qui nous émeut par cette quête incessante sur son être. J'ai de suite été prise par les questionnements et les voyages intérieurs de son héros sous ses multiples formes que j'ai trouvé émouvant. J'ai parfaitement su visualiser sa quête malgré sa teneur très intérieure et spirituelle, ce qui n'est pas une mince affaire. L'auteur touche pour moi une des cordes sensibles de la SF et il le fait avec grand talent.

Le texte est court et pourtant particulièrement efficace. On se met bien dans la peau de ce héros singulier. On part à la rencontre de l'Antre avec lui et de ce qu'elle cache ainsi que de cette Terre dissimulée à la surface, inaccessible et mortelle. C'est passionnant. La conception de ce héros narrateur est telle que cela rend la lecture très dynamique grâce aux mystères qu'il porte et aux réponses qu'il cherche. C'est très vif et immersif à lire, et l'ensemble est rondement mené avec un final, peut-être moins percutant que dans immobilité, mais tout aussi juste et réussi par les questions qu'il soulève.

Brian Evenson est sur le point, en deux textes, de me réconcilier avec les romans post-apocalyptiques, moi qui n'en était pas férue. Avec ses questionnements sur la nature même de l'humanité, il touche un point sensible et le fait avec justesse et vivacité grâce à une plume riche et immersive qui sait totalement attraper le lecteur pour ne plus le lâcher. Aussi à l'aise sur des textes ultra courts que d'autres plus longs, c'est définitivement un auteur dont j'aimerais découvrir d'autres textes de cette veine !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Curieuse novella que celle-ci ! L'Antre est le premier livre de Brian Evenson que je lis, et je dois bien avouer que cette découverte est plus qu'intrigante. L'histoire suit ainsi X, qui vit dans une sorte de bunker souterrain et ne doit jamais en sortir, si ce n'est pour chercher du secours et des matériaux afin de construire ses successeurs. Dans cette mission, il sera aidé par un ordinateur et les personnalités de tous ceux qui l'ont précédé dans cette mission.

Dans un décors post-apocalyptique minimaliste et froid, nous suivons ainsi ce curieux personnage sans rien savoir de lui : ni qui il est, ni ce qu'il est. le peu que l'on apprend apporte finalement plus de questions que de réponses, et j'ai beaucoup aimé cette sensation d'être finalement aussi perdue que X. Il ne sait pas qui il est, il sait juste qu'il est un bipède, une personne, mais pas un humain. Il ne sait pas où il est, il ne connait que quelques mètres carrés de cet antre froid et impersonnel. Pire, il ne sait pas ce qui s'est passé, il ignore même pourquoi il existe réellement.

L'alternance entre les ''personnes'' qui habitent le corps a quelque chose de très étrange, la présence de Horak amplifie encore le malaise, jusqu'à cette fin trouble qui est à la fois déstabilisante et plaisante. N'espérez pas avoir de solution, l'Antre n'en a aucune à fournir, elle n'a qu'un flot de questions entêtantes : que sommes-nous ? Qui sommes-nous ? Sommes-nous réellement des personnes ?

(Je ne sais pas trop pourquoi, mais cette novella m'a beaucoup rappelée le film d'animation ''Numéro 9'' de Tim Burton, en tout cas c'est clairement comme ça que j'ai visualisé ce monde, jusqu'à cette fin que j'ai trouvé empreinte de ces mêmes questionnements presque poétiques).
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