Déséquilibre des pouvoirs
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Ce tome fait suite à S.W.O.R.D. By al Ewing Vol. 1 (épisodes 1 à 5) et à X-Men: Hellfire Gala (Marauders 21, X-Men 21, Planet size X-Men 1, S.W.O.R.D. 6) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 11, et Cable: Reloaded 1, initialement parus en 2021, tous écrits par
Al Ewing. Les dessins et encrage ont été réalisés par
Stefano Caselli (épisode 7),
Bob Quinn (Cable: Reloaded),
Guiu Vilanova (épisode 8),
Jacopo Camagni (épisodes 7 à 11). La mise en couleurs a été réalisée par Fernando Sifuentes des studios Probunker pour les épisodes de SWORD, Joe Sabino pour Cable: Reloaded. Les couvertures ont été réalisées par
Valerio Schiti,
Stefano Caselli, Federico Bee, Java Tartaglia. Les couvertures variantes ont été réalisées par
Ivan Shavrin,
Russell Dauterman, David Go,
Rob Liefeld,
Joe Jusko, InHyuk Lee,
Paul Renaud.
La gala du club Hellfire a pris fin et la majeure partie des invités est repartie. Victor von Doom est resté sur place, et il déguste un repas en tête-à-tête avec Ororo Munroe, sur Mars, renommé Planète Arakko. Il apprécie la vue : le paysage, et son hôtesse. Il demande si enlever le chef serait vu comme un acte de défi. Storm répond calmement que vraisemblablement que oui, mais quelle peut comprendre cette envie, et que ce serait moins impoli que de transformer une invitée en une statue de chrome. Doom réexplique qu'il s'agit du fait d'un de ses doubles-robots, et qu'il n'aurait jamais agi ainsi envers une déesse. Il continue en évoquant l'époque où Storm était reine et elle lui rétorque qu'il n'a peut-être pas très envie de parler de son propre mariage. Il change à nouveau de sujet pour parler de ce nouveau métal : le Mysterium.
Pendant ce temps-là, les Kree sont attaqués sur leur planète, par les serviteurs sans âme de Dormammu. La garde impériale résiste, menée par Empereur Hulking, Teddy Altman, et l'accusatrice Laura-Ell, avec l'aide de Captain Glory. Malgré leur puissance de feu, ils se retrouvent à reculer sous le nombre de Mindless Ones, et il en arrive toujours tant et plus pour remplacer ceux qui sont tombés au combat. le repas entre Doom et Storm se poursuit : ils en sont au dessert. le monarque en vient à ce qu'il souhaite aborder : le métal Mysterium. Il explique qu'il sait très bien comment la nation Mutant est parvenue à en fabriquer, et qu'un tel processus ne peut qu'avoir de sérieuses répercussions. La Salle Blanche. le mystère. Il rappelle que lui-même avait dérobé le feu du ciel, mais par opposition aux mutants, il portait des gants. Ce que les mutants ont fait s'apparente à transformer l'or des alchimistes en plomb, ce qui modifie l'équilibre naturel des choses, et une personne opportuniste pourrait saisir cette occasion. Peut-être cette personne est-elle déjà là… Storm reçoit un appel télépathique d'Abigail Brand, l'informant de l'attaque sur l'alliance Kree-Skrull. Elle ajoute que Star-Lord lui a indiqué qu'une attaque similaire se déroule sur Spartax. Et il semble y a avoir du mouvement chez les Shi'ar. Doom continue en indiquant qu'il est en mesure d'aider les mutants, de les sauver d'eux-mêmes, mais qu'il faudra que Arakko paye ses dettes. Cela met Ororo hors d'elle.
Le gala du club Hellfire a changé la donne de manière significative lors du feu d'artifice, d'un genre très particulier. En fonction de ses préférences, le lecteur en découvre les répercussions dans une ou plusieurs des séries consacrées aux mutants, qu'il suit. Dans la présente série, il sait qu'il va découvrir les conséquences sur le versant de la diplomatie et des relations avec d'autres races extraterrestres. Il commence avec deux mises en bouche : la main de fer sous un gant de velours (non, en fait sous un gantelet également en fer) de Doctor Doom, et avec l'attaque de Dormammu. Ces deux fils narratifs ne sont pas résolus dans le présent tome : le premier donnera lieu à un développement dans le futur, le second correspond à un affrontement se déroulant dans une autre série. Caselli gère correctement le placement des personnages qui deviennent vite nombreux pendant les affrontements. Il reproduit leur apparence avec fidélité, permettant une identification aisée. Il ne s'investit pas trop dans la représentation des décors : de vagues roches pour Mars, quelques bâtiments et plus souvent leur ombre chinoise sur la planète des Kree. L'épisode se lit facilement, avec une belle mise en avant du caractère de Storm qui fait mieux que tenir tête à Doom.
Le lecteur passe ensuite à l'épisode consacré à Nathan Summers, Cable, sous sa forme âgée, c'est-à-dire un quadragénaire aux cheveux blancs, la version adolescente ayant rencontré son destin. C'est donc le retour de ce héros sous sa forme canonique. Ewing le maîtrise bien et il lui a concocté une histoire sur mesure : une mission d'infiltration sur une planète à la population des plus hostiles, avec l'aide d'une bande de mutants jeunes adultes, comme au bon vieux de temps des débuts de X-Force, par
Louise Simonson et
Rob Liefeld. le scénariste s'amuse d'ailleurs bien en mentionnant les pochettes qui ornent le costume originel de Cable. Il restitue les composants essentiels du personnage : l'identité de ses parents, le fait qu'il ait grandi dans le futur, Graymalkin, et son infection par le Technovirus. La mission se déroule sur Breakworld et la dernière page est un hommage parfait à la mouture
Astonishing X-Men (2004-2008) de
Joss Whedon &
John Cassaday. Les planches de
Bob Quinn sont dans la droite lignée de celle de Caselli : dynamique, avec des traits de puissance réguliers, des personnages qui sourient un peu plus, et le même intérêt tout relatif pour les décors. le lecteur suit cette mission divertissante avec plaisir, avec une narration visuelle claire, sans être mémorable, sauf pour la page finale.
D'une certaine manière, le récit rentre dans le vif du sujet après un épilogue au gala, et un interlude pour remettre en selle un personnage essentiel puisque Cable devient le chef de la sécurité de SWORD, choisi par Abigail Brand. À partir de là, le scénariste développe trois fils narratifs qui s'entremêlent avec des points de jonction, des scènes communes. Tout n'est pas facile pour Ororo Munroe qui assume les responsabilités d'un des neuf sièges du Grand Anneau, la forme de gouvernement d'Arakko, et par voie de conséquence de Mars. Elle occupe le poste correspondant au siège de Tout-ce-qui-nous-entoure, et par voie de conséquence, elle est de fait la régente d'Arakko et de ses mutants. À ce titre elle est défiée par tous les citoyens estimant pouvoir la battre en combat singulier dans une arène, et assumer ses responsabilités. Elle affronte plusieurs prétendants dont Tarn qui déforme le corps de Storm, évoquant de lointains souvenirs d'un mutant disposant d'un pouvoir similaire au sein des morlocks dont elle fut également la régente.
Guiu Vilanova parvient parfaitement à rendre tactile ces chairs déformées, avec une touche horrifique réussie. Par la suite,
Jacopo Camagni réalise des dessins au détourage plus sec, et aux fonds de cases plus vides que le coloriste ne parvient pas à habiller de manière assez consistante.
Également au titre de sa responsabilité de régente, Ororo doit accueillir une délégation diplomatique Shi'ar, incluant l'impératrice Xandra Neramani. Bien évidemment, tout ne se passe pas comme prévu car la Légion Létale en profite pour attaquer. D'un côté, les dessins comprennent un bon niveau de détails pour les personnages, ce qui permet d'aisément identifier les membres de la Garde Impériale, et de donner une apparence mémorable aux membres de la Légion Létale Mr. Eloquent (OS017-002), The Electric Head (OS017-003), Half-Bot (OS017-001), Orbis Extremis (OS017-004) et Death Grip (OS017-005). D'un autre côté; dans cette séquence, les fonds de case restent vides, et même les effets spéciaux des superpouvoirs sont assez chiches. le deuxième fil narratif permet de suivre les manigances de Henry Peter Gyrich, maintenant responsable de la division Alpha Flight. Il mène ses affaires en présence de Guardian (Mac Hudson) pour lui montrer comment il gère la menace mutante. le dessinateur et le coloriste font plus d'effort pour représenter les parois de la station spatiale en fond de case, et les écrans holographiques utilisés par Gyrich, ce qui donne tout de suite des images plus intéressantes. Fort heureusement, Abigail Brand n'est pas oubliée, ni son chef de la sécurité, ni son technicien Takeshi Matsuya. le lecteur va ainsi de découverte en découverte dans un récit de type espionnage, avec les conventions associées. le scénariste se montre très bon dans ce registre, et le lecteur a vite fait de se prendre au jeu de savoir qui joue double-jeu, et quels peuvent être les objectifs réels d'Abigail Brand, et comment fonctionnent ses stratégies à long terme.
Ce deuxième tome s'avère fort savoureux. La narration visuelle se situe dans un registre professionnel, mais assez industriel. En revanche,
Al Ewing met à profit le bouleversement survenu lors du gala du club Hellfire, au travers d'une intrigue prenante et bien ficelée qui pallie la fadeur des dessins.