***Acquis au Salon du Livre Paris, sur le stand de l'éditeur- Mars 2006- Relecture mai 2020
« Vivre seul signifie-t-il que l'on est seul ? Vivre seul ne permettait-il pas d'approfondir des liens que parfois celui qui vit en couple, en famille ou en petite communauté risque d'oublier ou de négliger ? (p. 120)” Solitude positive, créatrice ou solitude subie, stérile…
Une relecture très riche …entre solitude choisie ou subie… et parfois les deux, comme Kafka en est l'exemple le plus saisissant, comme il l'exprime fort bien. Pour lui, la littérature et l'Ecriture demandent des sacrifices… et pour lui, il décide de mettre de côté sa vie amoureuse pour se consacrer à sa « maîtresse la plus exigeante » : La Littérature !!
“Chaque fois qu'il [Kafka ] tente un projet de mariage, il recule, affolé- qu'il s'agisse de Milena ou, plus tard, de Felice. Il est convaincu que seule la solitude lui convient : "Il me faut beaucoup de solitude; ce que j'ai accompli n'est qu'un succès de la solitude. je hais tout ce qui ne concerne pas la littérature. " (p. 117)
Nicole Favre consacre aussi beaucoup, de son ouvrage au parcours et à l'oeuvre littéraire de
Paul Auster…qu'elle admire, décortique pour nous…comme un accompagnement exemplaire à toutes les facettes de la solitude : du plus sombre au plus lumineux !
Elle analyse toutes les sortes et situations de solitudes : du plus jeune âge au vieillissement ; Solitude, sentiment complexe, paradoxal , touchant chacun de nous ainsi que nos proches! La mort, les séparations, accidents de vie, mais aussi moments nécessaires pour des renaissances, pour y voir clair… l'écriture, la correspondance avec les autres, …la création artistique.
Nicole Fabre nous parle de ses admirations, estimes envers tel ou tel écrivain, ou musicien [ Glen Gould… ayant abandonné assez rapidement sa carrière de concertiste qui ne s'est plus jamais produit en public …]
L'auteure nous fait également partager ses rencontres à travers des vies croisées au fil de sa carrière de psychothérapeute...
De même, elle décrit fort bien le besoin, la nécessité de l'écriture lorsqu'on ressent trop vivement la solitude, du « pacte autobiographique » [comme le nomme
Philippe Lejeune, grand spécialiste, en la matière ] :
« Celui qui vit seul, ou celui qui se sent seul ou se veut seul même au milieu des autres, bien souvent ,écrit son journal, entretient une correspondance avec ses amis. Il écrit pour s'écrire à lui-même, pour s'exprimer et se lire ou s'entendre penser et ressentir, puisqu'il ne peut pas toujours le faire au fil des jours pour un proche qui n'est pas là ou qui n'existe pas. « (…)
Un ouvrage que l'on peut reprendre au hasard, lire et relire tel passage, s'arrêter, réfléchir… à nos « bonnes et mauvaises solitudes »…dans nos vies et celles de nos proches !!
« La solitude telle que je l'aborde depuis les premières pages de ce livre apparaît comme un paradoxe. En effet, tout en affirmant la nécessité de savoir être seul, je reconnais à certains vécus de solitude un caractère destructeur et mortifère, tant l'angoisse qui les accompagne est insupportable. En même temps que j'accepte de plonger avec mes patients ou avec certains héros de romans dans l'inacceptable du sentiment de solitude, je perçois que certains vécus extrêmes peuvent ouvrir à une vie renouvelée et susciter en nous une aspiration à la solitude. (…) Après quoi je pourrai peut-être mieux atteindre le sens, la valeur et la fécondité de la bonne solitude » (p. 71)