La révolte de Mme Montjean. L'histoire d'un couple d'artisans au siècle des Lumières

Arlette Farge a exhumé de la section des affaires judiciaires des Archives Nationales de Paris un manuscrit dont l'auteur, Monsieur Montjean détaille -sur neuf mois- les terribles frasques de sa femme qui, du jour au lendemain, décide de vivre au dessus de sa condition.
Ce document est original car les journaux manuscrits sont assez rares à cette époque (18 ème siècle) peu d'artisans maîtrisant l'écriture. de plus, ils nous informent sur la micro-histoire, c'est à dire sur ce qu'il se passe dans l'intimité des foyers.
De part ses revendications assez avant-gardistes, cette femme refuse de continuer à travailler au côté de son époux et décide de mener une vie uniquement faite de plaisirs et de distractions réservés à la classe supérieure. le souci est qu'elle s'y prend mal et en attirant les regards réprobateurs de son entourage, contribue à mettre en péril la réputation et la respectabilité de son commerçant de mari. C'est la raison pour laquelle la police a dû intervenir à multiples reprises et que ce document se retrouve dans la section des affaires judiciaires...
C'est une sorte de huis-clos car nous sommes au coeur de la vie ce couple qui se déchire, on y comprend l'influence et le rôle joués par les domestiques, les pratiques culturelles de l'époques telles que le duel.
Toutefois, ce récit a quelque chose de frustrant car le journal s'arrête brutalement et l'auteure, historienne, bien connue pour maîtriser le 18 ème siècle, ne peut alors que donner des pistes, des orientations sur la tournure qu'a pu prendre les événements à ce stade de l'affaire.
Une histoire assez déconcertante -même pour l'époque- très intéressante à découvrir.

On se demande ce qui a pu pousser Arlette Farge - qui est une historienne de qualité et très sensible à l'Archive - à publier ce petit livre bâclé sur un dossier dont elle avait pourtant eu la finesse de découvrir l'intérêt.
Elle se contente de paraphraser longuement le journal des plaintes de cet artisan, ruiné et ridiculisé par l'inconduite de sa femme, en plaquant une interprétation "féministe" dont elle ne semble pas elle-même très convaincue. Avant de nous convaincre que cette femme d'artisan souhaitait "vivre au dessus de sa condition", il aurait fallu nous expliquer de quel milieu elle venait, quel était son statut antérieur, quels biens elle possédait en propre, quel était son contrat de mariage, quel était le milieu d'origine de son mari etc. Aucune enquête n'accompagne ce long commentaire psychologique, plus bavard que démonstratif, d'une infortune familiale. C'est dommage.

Un commerçant déboussolé raconte dans son journal intime ses déboires conjugaux : sa femme abandonne ses responsabilités d'épouse et de mère pour sortir tard le soir en galante compagnie, faire la fête, et boire à outrance. L'action se déroule en 1775, en plein siècle des Lumières. Mme Montjean vient de découvrir les plaisirs que la société libertine peut lui offrir, et se révolte contre sa modeste condition d'épouse de petit artisan. Magistralement mis en scène par l'historienne Arlette Farge, ce journal expose le profond désir d'ascension sociale et de liberté d'une femme à l'aube de la Révolution Française.

J'ai été très déçue par ce livre qui ne tient à mon sens pas ses promesses. Suite à la découverte d'une archive intéressante, l'auteur nous en fait le commentaire, paraphrasant le document ou nous en donnant de larges extraits. Résultat: un ouvrage qui manque de synthèse et qui a un sérieux goût d'inachevé.