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Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782491689964
150 pages
AFNIL (09/11/2022)
5/5   2 notes
Résumé :
Pema, jeune tibétaine de 21 ans, étudiante à la Sorbonne, commet l’irréparable. Les quelques jours qui précédent, elle fait de Matthieu son dernier interlocuteur et lui adresse des lettres testamentaires. Elle présente son histoire, celle du Tibet, les raisons et le sens qu’elle entend porter à son acte. Elle exprime sa peur de la mort et offre un manifeste, dérisoire et pathétique.

Révoltée, parfois injuste …Elle a 20 ans.
Pema se glisse dans ... >Voir plus
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Et je suis là, maintenant, attablée en terrasse au café de Flore. Je ne suis plus à un symbole près. Je tiens une cigarette. Je n’ai jamais fumé, tu sais, alors j’en profite, vu que ma santé aura bientôt de satanés soucis. Je fume parce que je trouve que le geste s’harmonise et stimule l’idée du manifeste à peaufiner ici. Ce n’est pas désagréable cette sensation de fumées qui envahit déjà les poumons. Je m’habitue. Et indubitablement, tu as tout de suite l’air plus inspiré avec un stylo et un calepin. Oui, je fais tout à l’ancienne pour retrouver des sensations de productrice de mots et je les transcrirai tout à l’heure sur un ordinateur. Il s’agit aussi de remplir les vides dans tous les recoins de cette journée pour ne pas me retrouver tétanisée d’angoisses. Je pense à la voix éraillée de Jeanne Moreau, aux addictions de Catherine Deneuve, à ces magnifiques femmes heureuses d’être enfumées dans vos bistrots dans les années 70. J’aime ta France, j’aime votre Paris, j’aime vos histoires à sourire, debout.
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Un soir, maman est venue me réveiller à une heure du matin et m’a demandé de m’habiller. Elle venait de déposer sur le lit des vêtements chauds. Je comprenais ce que je vivais bien qu’aucun mot n’ait précédé ce moment. Maman se taisait et contrôlait tout son corps pour que je vive cet événement extraordinaire de la façon la plus banale, pour que je n’aie pas peur, pour que son calme soit l’assurance de la protection dont elle m’entourait toute entière. Telle une automate programmée de longue date, j’ai répondu à l’invitation maternelle et me suis bientôt revêtue de tous ces vêtements de garçon. Je savais ce départ inexorable. Je pesais une tonne et comprenais que quelque chose de terriblement glacé m’attendait au dehors, loin de ce lit chaud, et bientôt dans le sevrage douloureux et l’oubli de l’haleine chaude et un peu saccadée de maman qui seule trahissait ses émotions. Maman comptait sur l’assourdissement de la nuit pour étouffer les angoisses qui auraient pu surgir de ma surprise.
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Usurpation des joies : comment peux tu t’exposer partout, joyeux, quand tout un peuple est meurtri jusqu’à l’os de son âme ? À quel moment, si proche du Dalaï-lama, t’ai-je entendu parler de moi, exilée, et des 150 immolations qui m’ont précédée ? À quel moment ai-je pu lire sur ton visage de l’empathie et de l’amour pour moi ? Tout cela existe pourtant dans ta tête, mais je ne le vois pas, et surtout, ne le ressens pas avec mes entrailles de tibétaine. Je m’en fous complètement de vos histoires de recherche du bonheur grâce à nos entregents de tibétains. Cette dictature du développement personnel, cet égo hypostasié et monstrueux que vous avez réussi à mondialiser, a fini d’anesthésier toutes les révoltes collectives. Elle ne fait qu’entretenir les rapines lucratives des puissants qui nous anéantissent.
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Je transforme l’histoire. Rosa Luxembourg ne refuse pas de venir enseigner dans cette école. Elle débarque à Capri, elle tombe folle amoureuse du grand Gorki. Leurs fougues communiées terrassent les Lénine, les Trotski et tous les assassins. Ils embarquent pour la Russie tsariste. Ils prennent le pouvoir. Il n’y pas de milliers de morts. Et il n’y a pas de Staline. Il n’y a pas de centaines de millions de morts. Et il n’y a pas de Mao. Et il n’y a pas d’invasion du Tibet. Et je ne quitte pas maman, et Thinley soigne son asthme. Et je suis ici, avec ma famille italienne, avec mon Giovanni parce que je suis comme tout le monde. Comme toi. Je suis ivre, j’ai le tournis. Je suis folle.
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À l’instar de mes frère et sœur, j’étais tellement épuisée, que nous ne pensions à nous rebeller, ni contre les événements, ni contre nos nouveaux parents, ni contre ceux qui nous avaient obligés à errer là, ni contre ceux qui nous avaient abandonnés. Nous ne pensions plus à rire non plus : nous avions déjà redescendu l’échelle de nos humanités pour nous contenter d’espérer le respect des fondamentaux : faim, soif, dormir, ne plus avoir froid. Avec le recul et après mes belles études de philosophie dans le temple de la Sorbonne, je peux t’affirmer que cette perte d’identité culturelle se fait très rapidement, dès que tu es immergé dans une situation extrême.
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