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Citations sur Le docteur Martino et treize autres histoires (23)

Et maintenant cette paix était une paix de femmes.
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« C’est donc une fuite, dit Weddel. Quand je serai chez moi, je n’en serai pas fameusement fier. Mais si. Cela signifie que je suis encore en vie. Toujours en vie, puisque je sais encore ce que c’est que la peur et le désir. Puisque la vie est une affirmation du passé et une promesse d’avenir. Oui, je suis encore en vie… »

("Victoire dans la montagne", p. 400)
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Il resta étendu, tout raide, sur le dos, dans l’obscurité glacée, à penser à sa demeure. « Contalmaison. Il y a des mots qui résument nos existences et leur donnent un sens. Victoire. Défaite. Paix. Foyer. C’est pourquoi il est si difficile d’inventer un sens pour les mots, si diablement difficile. Surtout si l’on a l’infortune d’être victorieux : si diablement difficile. C’est charmant d’être vaincu ; c’est reposant d’être vaincu. D’être vaincu et de rester étendu sous un toit démoli à penser à son chez-soi. » Le nègre ronflait. « Si diablement difficile. » Il avait l’impression de regarder les paroles prendre forme silencieusement dans les ténèbres en sortant de ses lèvres.

("Victoire dans la montagne", p. 391)
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— Ma mère est morte il y a deux ans, en 63, d’une pneumonie compliquée contractée alors qu’elle faisait enterrer son argenterie, un soir de pluie, au moment où l’armée fédérale pénétra dans le comté, et aussi faute d’une nourriture à sa convenance ; mais mon domestique se refuse à croire qu’elle est morte. Il refuse de croire que le pays ait permis aux gens du Nord de la priver de café importé de la Martinique et des petits pains qu’elle mangeait chaque dimanche à midi et chaque mercredi soir. Il croit que le pays aurait pris les armes plutôt que de permettre cela. Mais après tout, ce n’est qu’un nègre, fils d’une race opprimée, maintenant accablée sous le fardeau de la liberté. Il tient une liste quotidienne de mes méfaits qu’il se propose de raconter à ma mère quand nous serons de retour chez nous. (…) Il y a quinze jours, j’étais encore major d’un régiment d’infanterie du Mississippi, dans la division d’un nommé Longstreet, dont vous avez peut-être entendu parler.
— Ainsi vous étiez major, dit Vatch.
— C’est évidemment une charge contre moi ; oui.

("Victoire dans la montagne", p. 382-383)
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« — Êtes-vous nègre ? demanda le père.
— Non », dit Weddel. (…)
— Qui êtes-vous ? » demanda le père. (…)
« Je crois vous l’avoir déjà dit, fit-il. Je m’appelle Saucier Weddel. Je suis du Mississippi. J’habite une propriété nommée Contalmaison. C’est mon père qui l’a bâtie et nommée. C’était un chef Choctaw du nom de François Weddel, dont vous n’avez probablement jamais entendu parler. Il était le fils d’une femme Choctaw et d’un émigré français de la Nouvelle-Orléans, général de Napoléon et chevalier de la Légion d’honneur, nommé François Vidal. Mon père est allé une fois dans sa voiture jusqu’à Washington, pour protester auprès du président Jackson, contre la façon dont le gouvernement traitait les gens de sa race. Il envoyait devant lui une charrette chargée de fourrage et de cadeaux, ainsi que des chevaux de relais pour la voiture, sous la responsabilité de l’Homme, le surveillant indigène, Choctaw pur sang et cousin de mon père. Dans l’ancien temps, l’Homme était le titre héréditaire du chef de notre tribu ; mais, lorsque nous avons été européanisés comme les Blancs, nous avons perdu le titre de cette branche, qui a refusé de se laisser contaminer, toutefois nous avons gardé les esclaves et la terre. »

("Victoire dans la montagne", p. 380-382)
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Il observa ma figure. « À un moment de ma vie, j’ai été un faon.
— Un faon ?
— Oui, un faon. Vous ne vous rappelez pas, dans les livres anciens : ils buvaient le jus des raisins rouges, et, de temps en temps, ces riches sénateurs romains ou grecs décidaient tout à coup d’arracher un vieux clos de vignes ou un bois écarté que fréquentaient les dieux, et d’y bâtir une maison d’été pour s’y livrer à leurs fredaines, loin des oreilles de la police ; mais les dieux ne voulaient rien savoir, et ça ne leur plaisait pas de voir des femmes mariées se balader toutes nues, alors le dieu des forêts qu’on appelait… qu’on appelait…
— Pan, dis-je.
— C’est ça. Pan. Il leur envoyait des petits bonshommes à moitié boucs pour les chasser de là.
— Ah ! fis-je. Un faune ?
— C’est ça. Un faon. C’est ce que j’ai été une fois. »

("Musique noire", p. 313-314)
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« Vous ne comprenez pas. Moi non plus, je n’ai pas compris tout d’abord, quand il m’a dit pour la première fois ce que c’est que de vivre jour après jour avec une boîte à allumettes pleine de capsules de dynamite dans la poche de son gilet. Puis, un jour, quand j’ai été assez grande pour le comprendre, il m’a expliqué que tout ce qui compte au monde c’est de vivre, d’être en vie, de savoir qu’on est vivant. Avoir peur c’est savoir que vous vivez, mais faire ce dont vous avez peur, alors cela c’est vivre. Il dit qu’il vaut mieux avoir peur que d’être mort. »

("Le docteur Martino", p. 25)
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Il a fallu des millions d'années pour faire le monde tel qu'il est, dit-on, ajoutait-je. Et, en soixante-dix ans un homme est fait, usé et enterré. Alors, comment peut-on s'attendre à en connaître même assez pour douter ?

« It has taken a million years to make what is, they tell us, » I said. « And a man can be made and worn out and buried in threescore and ten. So how can a man be expected to know even nough to doubt ? »

BLACK MUSIC / MUSIQUE NOIRE.
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L'endroit était une station estivale appartenant à une vieille petite demoiselle, coquette et grisonnante, qui l'avait héritée de son père, avec quelques-uns de ses hôtes, trente ans auparavant : un hôtel en planches, de construction irrégulière, avec une source dans un pavillon, où se réunissait de vieux messieurs avec des poches sous les yeux et des peaux parcheminées, et de vieilles dames hydropiques d'avoir trop bien vécu, venus des villes avoisinantes de l'Alabama et du Mississippi pour boire des eaux ferrugineuses.

The place was a resort owned by a neat, small, gray spinster who had inherited it, and some of the guests as well, from her father thirty years ago a rambling frame hotel and a housed spring where old men with pouched eyes and parchment skin and old women dropsical with good living gathered from the neighboring Alabama and Mississippi towns to drink the iron-impregnated waters.

DR. MARTINO / LE DOCTEUR MARTINO.
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— Je ne puis croire qu'un Blanc vienne ici, pour y vivre et pour y mourir, sans aucune raison.
— Et vous considérez que la seule raison c'est qu'il a volé de l'argent ?
Il me regarda avec une nuance de mépris.
— Avez-vous amené une bonne d'enfant avec vous ? Vous auriez dû en amener une jusqu'à ce que vous en ayez suffisamment appris sur l'humaine nature pour voyager seul. Car un être humain, quel qu'il soit et si fort qu'il braille à l'église, vole chaque fois qu'il croit pourvoir le faire impunément. Si vous ne le savez pas encore, vous feriez mieux de rentrer chez vous et de rester dans un endroit où votre famille pourrait vous surveiller.

(— You can't tell me a white man would come down here to live and die without no reason.
— And you consider that stealing money is the only reason ?
He looked at me, with disgust and a little contempt.
— Did you bring a nurse with you ? Because you ought to have, until you learn enough about human nature to travel alone. Because human nature, I don't care who he is nor how loud he sings in church, will steal whenever he thinks he can get away with it. If you ain't learned that yet, you better go back home and stay there where your folks can take care of you.)

BLACK MUSIC / MUSIQUE NOIRE.
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