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Citations sur Une rose pour Emily et autres nouvelles (23)

(...) seule la maison de Miss Emily était restée, élevant sa décrépitude entêtée et coquette au-dessus des chars à coton et des pompes à essence. Elle n'était plus la seule à outrager la vue.
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De son vivant, Miss Emily avait été un tradition, un devoir et un souci ;
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...comme font les vieillards pour qui le passé n'est pas une route qui diminue mais, bien plutôt, une vaste prairie que l'hiver n'atteint jamais, séparé d'eux maintenant par l'étroit goulot de bouteille des dix dernières années.
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...confondant le temps et sa progression mathématique, comme font les vieillards pour qui le temps n'est pas une route qui diminue mais, bien plutôt,une vaste prairie que l'hiver n'atteint jamais,séparé d'eux maintenant par l'étroit goulot de bouteille des dix dernières années.
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Le geôlier coupa la corde et ranima Nancy, puis il la battit, la fouetta. Elle s'était pendue avec sa robe. Elle avait bien pu l'assujettir, mais, au moment de son arrestation, elle n'avait que sa robe sur elle, elle n'avait donc pas pu leur faire lâcher l'appui de la fenêtre. C'est pourquoi le geôlier avait entendu du bruit et était monté. Et il avait trouvé Nancy pendue à la fenêtre, nue comme un ver, le ventre un peu gonflé déjà, comme un petit ballon.
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Sans doute un homme qui parle beaucoup ne trouve-t-il pas le temps d'apprendre grand-chose sur n'importe quel sujet, si ce n'est des mots, rien que des mots.
(Dans "Chevelure")
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[...]... Aussi le lendemain, tout le monde disait : "Elle va se tuer," et nous trouvions que c'était ce qu'elle avait de mieux à faire. Au début de ses relations avec Homer Barron, nous avions dit : "Elle va l'épouser." Plus tard, nous dîmes : "Elle finira bien par le décider" ; parce que Homer lui-même avait remarqué - il aimait la compagnie des hommes et on savait qu'il buvait avec les plus jeunes membres du Elk's Club - qu'il n'était pas un type à se marier. Plus tard nous dîmes " Pauvre Emily" derrière les jalousies, quand ils passaient, le dimanche après-midi, dans le cabriolet étincelant, Miss Emily, la tête haute, et Homer Barron le chapeau sur l'oreille, le cigare aux dents, les rênes et le fouet dans un gant jaune.

Alors quelques dames commencèrent à dire que c'était là une honte pour la ville et un mauvais exemple pour la jeunesse. Les hommes n'osèrent point intervenir, mais à la fin les dames obligèrent le pasteur baptiste - la famille d'Emily était épiscopale - à aller la voir. Il ne voulut jamais révéler ce qui s'était passé au cours de cette entrevue, mais il refusa d'y retourner. Le dimanche suivant, ils sortirent encore en voiture et, le lendemain, la femme du pasteur écrivit aux parents d'Emily, en Alabama.

Elle eut donc à nouveau de la famille sous son toit, et tout le monde s'apprêta à suivre les événements. Tout d'abord il ne se passa rien. Ensuite, nous fûmes convaincus qu'ils allaient se marier. Nous apprîmes que Miss Emily était allée chez le bijoutier et avait commandé un nécessaire de toilette pour homme avec les initiales H.B. sur chaque pièce. Deux jours après, nous apprîmes qu'elle avait acheté un trousseau d'homme complet, y compris une chemise de nuit, et nous dîmes : "Ils sont mariés." Nous étions vraiment contents. Nous étions contents parce que les deux cousines étaient encore plus Grierson que Miss Emily ne l'avait jamais été.

Nous ne fûmes donc pas surpris lorsque, quelque temps après que les rues furent terminées, Homer Barron disparut. On fut un peu déçu qu'il n'y ait pas eu de réjouissances publiques, mais on crut qu'il était parti pour préparer l'arrivée de Miss Emily ou pour lui permettre de se débarrasser des cousines. (Nous formions alors une véritable cabale et nous étions tous les alliés de Miss Emily pour l'aider à circonvenir les cousines.) Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au bout d'une semaine elles s'en allèrent et, comme nous nous y attendions, trois jours ne s'étaient pas écoulés que Homer Barron était de retour dans notre ville. Un voisin vit le Noir le faire entrer par la porte de la cuisine, un soir, au crépuscule. ... [...]
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[...] ... Elle portait la tête assez haut, même alors que nous pensions qu'elle était déchue. On eût dit qu'elle exigeait plus que jamais qu'on reconnût la dignité attachée à la dernière des Grierson. Il semblait que ce rien de vulgarité terrestre ne faisait qu'affirmer davantage son impénétrabilité. C'est comme le jour où elle acheta la mort au rat, l'arsenic. C'était plus d'un an après qu'on avait commencé à dire : "Pauvre Emily", et pendant que ses deux cousines habitaient avec elle.

- "Je voudrais du poison," dit-elle au droguiste. Elle avait plus de trente ans alors. Elle était encore mince, quoique plus maigre que d'habitude, avec des yeux noirs, froids et hautains, dans un visage dont la peau se tirait vers les tempes et autour des yeux comme il semblerait que dût être le visage d'un gardien de phare. "Je voudrais du poison," dit-elle.

- "Bien, Miss Emily. Quelle espèce de poison ? Pour des rats ou quelque chose de ce genre ? Je vous recomman ...

- Je veux le meilleur que vous ayez. Peu m'importe lequel."

Le droguiste en énuméra quelques uns. "Ils tueraient un éléphant. Mais ce que vous voulez, c'est ...

- De l'arsenic," dit Miss Emily. "Est-ce que c'est bon ?

- Est-ce ... l'arsenic ? Mais oui, madame. Seulement ce que vous voulez ...

- Je veux de l'arsenic."

Le droguiste la regarda. Elle le dévisagea, droite, le visage comme un drapeau déployé. "Mais, naturellement," dit le droguiste, "si c'est ce que vous voulez. Seulement, voilà, la loi exige que vous disiez à quoi vous voulez l'employer."

Miss Emily se contenta de le fixer, la tête renversée afin de pouvoir le regarder les yeux dans les yeux, si bien qu'il détourna ses regards et alla chercher l'arsenic qu'il enveloppa. Le petit livreur noir lui apporta le paquet ; le droguiste ne reparut pas. Quand, arrivée chez elle, elle ouvrit le paquet, il y avait écrit sur la boîte, sous le crâne et les os en croix : "Pour les rats." ... [...]
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On ne peut pas dire d'une femme qu'elle naît vicieuse, car elles le sont toutes de naissance, c'est chez elles quelque chose d'inné. Le tout est qu'elle se marient avant que l'abcès de leur vice ne crève naturellement.
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Dans sa jeunesse elle avait eu un corps souple et nerveux joint à une sorte d'entrain vigoureux qui lui permis, pendant un temps, de trôner au sommet de la vie mondaine représentée par les fêtes d'école et de paroisse, alors qu'elle et ses contemporains étaient encore trop jeunes pour avoir l'esprit de classe.
Elle fut la dernière à s'apercevoir qu'elle perdait du terrain, que ceux parmi lesquels elle avait été une flamme un peu plus brillante, un peu plus lumineuse, commençaient à savourer le plaisir du snobisme - côté hommes - et celui des représailles - côté femmes. C'est alors que son visage prit cette expression vive et hagarde.
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