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Maurice Edgar Coindreau (Traducteur)René-Noël Raimbault (Traducteur)Charles-P. Vorce (Traducteur)
EAN : 9782070425495
129 pages
Gallimard (02/10/2002)
3.55/5   165 notes
Résumé :
Au centre des plus célèbres nouvelles de William Faulkner, trois portraits de femmes denses et profonds: la tragique Miss Emily, cloîtrée dans sa maison comme dans ses souvenirs; Minnie Cooper, vieille fille tourmentée par l'indifférence des hommes jusqu'au meurtre, et Nancy, la blanchisseuse noire abandonnée par son mari, dont le jeune Quentin raconte les peurs et les superstitions.
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 165 notes
Faulkner est un des auteurs totem américains que je veux absolument découvrir mais dont je n'avais pas encore trouvé la clé d'accès; aussi, le découvrir par quelques nouvelles m'a semblé le bon rivage pour tenter de l'aborder.

C'est chose faite avec ces trois courtes histoires qui, à défaut de m'éclairer sur le sens et l'orientation globale de son oeuvre, donnent un aperçu saisissant de son écriture et de sa tonalité : ici une atmosphère lourde et poisseuse de Sud sale, là la morbidité de personnages séchés ou englués dans leurs folies, partout une pesante sensation de désespoir.

La manière dont est abordée la première, « Une rose pour Emily », renforce son caractère épouvantable, avec un narrateur extérieur qui évoque l'aride et solitaire Miss Emily, enterrée vive chez elle avec ses secrets.
Je n'ai pas compris le sens de « Chevelure », qui voit un homme s'escrimer sou à sou toute sa vie pour une femme aperçue enfant devant la devanture de son salon de coiffure, mais son happy end m'a laissé un sentiment de malaise.
« Soleil couchant » et « Septembre ardent » abordent toutes deux le racisme envers les Noirs sous des angles différent, brutal dans l'une, pernicieux dans l'autre et là encore, la folie sous-jacente laisse une empreinte de terreur désagréable sous la rétine.

Mais la précision du style est parfaite, la plongée au fond des âmes des personnages est immédiate à défaut de compréhension rationnelle de leurs actes. Est-ce là le génie du grand Faulkner ? Je ressors de ce premier rendez-vous avec l'auteur poisseuse et désorientée, avec malgré tout l'envie de poursuivre l'échange.
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Les premières nouvelles que j'ai lu de Faulkner, et en français heureusement !!! Sinon je pense que j'aurai refusé de réitérer l'expérience.

Ce recueil constitue une bonne introduction de l'oeuvre originale de cette auteur, qu'il situe dans un Sud mythique, bien qu'imaginé, où tout n'est pas rose au soleil et où les consciences des hommes sont loin d'être blanches...
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'écriture de cet écrivain n'est pas des plus abordables.
Là où se trouve l'originalité de cette oeuvre-ci, à mon sens, c'est qu'elle dépeint, avec la maestria d'un maître de la littérature et sans concession la bassesse des petits propriétaires et autres habitants de ce Sud qui avilie une partie de sa population : et le tout sous la plume d'un blanc !

Des histoires poignantes, qui marquent par leur cruauté et l'esthétique qui s'en dégage malgré tout. Alors, pourquoi s'en priver ?
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Etoiles Notabénistes : ******

A Rose For Emily
Traduction : Maurice-Edgar Coindreaub[color=#ff0000]

ISBN : 9782070425495

Si vous passiez devant la statue de Bouddha, le présenteriez-vous à votre entourage ? Non, n'est-ce pas ? Eh bien ! avec William Faulkner, c'est pareil : on ne le présente pas, on s'incline et on s'absorbe dans ses prières aux mânes de celui qui fut et demeure - en tout cas à nos yeux - le plus grand écrivain américain de la première moitié du XXème siècle.

Avant tout connu pour ses innombrables romans, dont "Sanctuaire", qui, bien que de conception somme toute classique, apporta la gloire à un auteur qui, sur le plan de l'écriture, se montra aussi novateur que James Joyce pour l'Irlande, Faulkner n'en dédaigna pas pour autant l'art de la nouvelle. Son "Intégrale" en ce genre est sortie chez Gallimard, à La Pléiade et comporte pas moins de 1800 pages ... Quel rêve pour les Faulkneriens pur-sang que nous sommes ! Un de ces jours, il faudra que nous nous le procurions... Voyons, où donc avons-nous fourré notre liste pour le Père Noël ?

Certains prétendent d'ailleurs que la nouvelle, comique ou tragique, demeure la meilleure façon, pour un néophyte motivé, d'aborder au monde de l'écrivain sudiste. Mieux vaut, c'est sûr, commencer par "Une Rose Pour Emily" que par "Le Bruit et la Fureur". Mais enfin, en ce qui nous concerne, nous avons fait tout le contraire et nous ne en portons pas plus mal pour autant.

Aujourd'hui, cependant, c'est d'une nouvelle quasi emblématique de Faulkner que nous allons parler, celle dont le titre est si poétique et qui évoque les petites filles bien élevées et les parcs profonds des plantations du Sud : "Une Rose Pour Emily." Seulement voilà, nous sommes chez Faulkner. Alors, si nous restons dans le Sud, et le Sud huppé, s'il y a bien des Noirs qui traînent parmi les Blancs et vice versa et si l'auteur ressuscite, comme lui seul était capable de le faire, l'atmosphère de sa région natale, en liant en outre la nouvelle à son oeuvre-phare, qui débute par "Sartoris", ce n'est ni sous l'ombre torride et les ombrelles faites pour protéger les dames de qualité que nous allons nous promener. Pas plus qu'il n'y aura de Noires se traînant sous la chaleur avec des éventails en feuilles de palmier ou "croulant sous la lourde charge" que les esclaves célébraient si bien dans leurs chansons d'où devait naître le blues. Ne comptez pas non plus sur les crinolines à la Scarlett O'Hara car "Une Rose Pour Emily" se situe après la Première guerre mondiale. Bref, ne vous attendez pas au côté "pièce montée" que Noirs comme Blancs, pourvu qu'ils fussent nés dans le Sud, ont contribué, dans leurs relations amour-haine, à conférer à la réputation de leur pays.

A la place, attendez-vous à du bien tordu, à du bien noir, à du "fin de race" mais le tout saupoudré d'une distinction jamais égalée et ponctué de rituels, blancs ou noirs, ici, cela n'a pas d'importance, que tous respectent parce que, tous tant qu'ils sont, ceux qui les pratiquent appartiennent à jamais au Sud. L'héroïne qui a la grâce de prêter son prénom distingué au titre de la nouvelle, Miss Emily Grierson, descend d'une illustre famille de notables à qui le Colonel Sartoris en personne - l'illustre Colonel Sartoris, ni plus ni moins - du temps qu'il était maire, a exemptée à vie du paiement de tout impôt. C'est vous dire tout ce que représente, dans l'imaginaire de la ville de Jefferson, le nom des Grierson. Quand elle était jeune, on voyait toujours la petite Miss Emily, planète observatrice et sage dans l'orbite paternelle. Après la mort de son père, comme elle était majeure et comme l'époque le permettait, elle vécut seule dans la vaste maison reçue en héritage, avec, à son service, un Noir qui passait, selon les circonstance, du rôle de cuisinier à celui de jardinier. A l'exemple de sa maîtresse, l'homme, même au temps de sa jeunesse, était plutôt du genre taciturne et, malgré les efforts des commères (de toutes les couleurs) du coin, il ne s'exprimait jamais sur l'existence menée par Miss Emily.

Elevée dans la parfaite tradition des jeunes filles sudistes de bonne famille, Miss Emily semblait figée dans l'époque où elle était née. Et, comme tant d'autres, qui avaient connu la Guerre de Sécession ou la vivaient encore dans leur coeur par l'intermédiaire des récits que leur en avaient rapportés les vétérans qui y avaient participé, tout, pour elle, s'était arrêté le jour où Robert E. Lee se vit contraint de capituler devant l'Union. Ainsi, l'exonération d'impôts accordée par le Colonel Sartoris aux Grierson datait de 1894 mais quand, les années ayant amené au pouvoir une génération nouvelle, celle-ci mit toutes les formes possibles et imaginables pour faire comprendre à Miss Emily qu'il serait peut-être temps pour elle de se montrer bonne et civile contribuable, elle renvoya leur ambassadeur en lui ordonnant sèchement de voir avec le Colonel Sartoris - lequel avait rejoint ses ancêtres depuis près de dix ans.

Et plus jamais on ne parla, à Jefferson ou ailleurs, des "impôts" que devait, conformément à la Loi, payer à l'Etat Miss Emily Grierson.

A l'époque où les nouvelles autorités locales se risquèrent à déposer leur supplique aux pieds de Miss Emily, leurs représentants se trouvèrent face à une demoiselle d'un âge certain, obèse et toute vêtue de noir, portant pour seul bijou une longue chaîne d'or qui retombait jusque sur le haut de sa jupe. Dans son visage, désormais bouffi, ses yeux noirs et hautains ressemblaient à deux petits morceaux de charbon. Mais elle conservait cette dignité qui était l'apanage de la famille à laquelle elle appartenait autant que de l'éducation à l'ancienne qu'elle y avait reçue.

Miss Emily, bien sûr, n'avait pas toujours ressemblé à cette personne aux cheveux relativement courts et d'un gris d'acier. Quoique toujours de petite taille, elle avait été mince dans sa jeunesse et assez accorte. Suffisamment, surtout avec sa dot, pour avoir quelques prétendants. Mais elle les refusait, un à un. Les jugeait-elle indignes d'elle ? Ou, comme certains plaisantins de très mauvais goût n'hésitaient pas à l'affirmer, n'étaient-ce pas plutôt ces messieurs qui préféraient la fuir dès qu'ils avaient eu le temps de l'approcher en suffisance pour réaliser son caractère et ses goûts ? Toujours est-il que les années s'écoulaient et que Miss Emily, toujours mince il est vrai, toujours aussi hautaine, demeurait célibataire.

Un jour, la municipalité décida d'entreprendre la rénovation intégrale des rues et des trottoirs de Jefferson. Débarquèrent alors plusieurs équipes de Noirs que menait, en sacrant horriblement (car les Yankees, contrairement aux Sudistes de naissance, avaient le plus grand mal à se faire à la nonchalance des gens de couleur), un certain Homer Barron. Né dans l'Est, du côté de New-York, Barron appartenait donc à la race des Oppresseurs honnis mais enfin, répétons-le, les années s'étant égrenées et encore égrenées au cadran de la Grande Horloge depuis la gloire et l'affreuse défaite de Dixie, tout cela commençait à remonter assez loin. Barron - comme il aimait à le proclamer après quelques verres à l'Elk's Club - n'était peut-être pas homme à se marier mais, de toute évidence, il appréciait les promenades aux côtés de Miss Emily, l'élégance et le charme du Sud incarnés. Tant et si bien que les femmes honorables s'inquiétèrent, s'en allèrent faire scandale chez le pasteur baptiste pour qu'il agît comme il le fallait envers sa brebis égarée et, l'entretien dudit pasteur avec Miss Emily ayant plutôt mal tourné et l'homme de Dieu se refusant formellement à tenter une nouvelle expérience, sa femme s'arma d'une bonne plume et de tout son courage pour appeler au secours les cousines de Miss Emily, qui vivaient en Alabama.

Les deux cousines arrivèrent immédiatement. Ouf ! Miss Emily avaient enfin des chaperons : c'était un premier point d'acquis. Tout Jefferson se remit donc à espérer - et à observer derrière les jalousies baissées des fenêtres de ses maisons. Combien de temps Homer Barron tiendrait-il face à une paire de Grierson qui étaient, de l'avis général, encore plus Grierson que Miss Emily elle-même ? Si Faulkner reste assez vague à ce sujet, il nous apprend par contre assez vite que, les travaux de réfection étant terminés, Barron et ses ouvriers quittèrent la ville. Mais comme, entretemps, Miss Emily avait commandé un nécessaire de toilette gravé aux initiales "H. B." et, en outre, un trousseau entier pour homme (dont une chemise de nuit, mais oui, ma chère ! ), la conclusion s'imposa d'elle-même : le mariage était proche, si ce n'est accompli. D'ailleurs, les deux cousines avaient réintégré leurs pénates en Alabama et un soir, au crépuscule, trois jours après leur départ, on vit Homer Barron introduit dans la maison des Griersons par le domestique noir de Miss Emily.

On ne peut pas dire que le jeune couple mena une vie mondaine endiablée. A vrai dire, les gens heureux n'ayant pas d'histoire, ils semblaient avoir opté pour un bonheur discret et ne sortaient plus - en tout cas pas à Jefferson. Il y eut bien, à un certain moment, une histoire de plainte que voulait déposer une voisine, probablement jalouse de ce bonheur tout neuf, à propos d'une certaine odeur très désagréable qui semblait planer sur la propriété des Grierson. Mais, après une visite diurne - et ô combien embarrassée - des élus locaux à celle qui restait quand même pour eux "Miss Emily" puisqu'elle ne faisait pas mine de prendre le nom auquel elle aurait eu droit devant la loi, et durant laquelle ils tentèrent de lui expliquer les griefs de la voisine ; après également une visite nocturne, et beaucoup plus silencieuse, des mêmes élus par toute la propriété où ils ne découvrirent aucun foyer d'odeur suspecte mais jetèrent de la chaux et de la mort-aux-rats un peu partout, tout revint à la normale.

Et les années passèrent ... et la vie continua ... et celle qui devait rester à jamais "Miss Emily" mourut à son tour. Et alors ...

Tout est dit et pourtant, rien n'est affirmé sur l'affaire. Des motivations de Miss Emily Grierson, nous entendons par là, de l'intégralité de ce qui la poussait dans l'existence, et ce depuis l'âge de raison, nous ne savons que deux choses : c'était une jeune fille bien élevée du Sud, qui avait grandi dans la certitude que rien ni personne n'égalait le nom qu'elle portait ainsi que dans l'idée que, à quiconque portait ce nom si grand, tout était permis.

Voici tout ce que nous en dit Faulkner, nous laissant à la fin sur une énigme qui n'en est pas une : un cheveu gris acier et court, découvert là où l'on n'aurait jamais cru capable Miss Emily d'oublier ne fût-ce qu'un seul grain de poussière ...

C'est grand, c'est simple, c'est amusé, c'est nostalgique, c'est tendre et en même tant terriblement inquiétant et ça vous laisse rêveur. Une infinie et inquiétante douceur, voilà ce qui définit le mieux - en tout cas selon notre nous - cette unique "Rose pour Emily." Penserez-vous de même ? ... ;o)
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Il me reste encore beaucoup de grands auteurs à découvrir. Faulkner en faisait partie. Pour découvrir un auteur, je choisis souvent de commencer par des nouvelles plutôt que par des pavés. C'est pourquoi je n'ai pas opté, pour ma 1ère rencontre avec Faulkner, par ses grands romans « le bruit et la fureur » ou « sanctuaire ». J'ai donc choisi ce petit recueil réunissant 4 nouvelles.

Ce qui frappe d'emblée à la lecture de chacune de ces nouvelles, c'est le lien intrinsèque entre l'auteur et sa région. Faulkner est incontestablement un écrivain du Sud. Ces récits ne pourraient pas se dérouler ailleurs, ils se définissent par leur cadre. Cette absence d'universalité ne m'a pas dérangée. C'est d'un voyage qu'il s'agit dans cette lecture avec tout ce que ça a de dépaysant et d'inconnu.
J'ai été séduite par la plume de Faulkner, aride et sèche mais pas dénuée d'une certaine beauté. L'auteur sait parfaitement transcrire l'atmosphère de sa région, lourde et plutôt désespérée même si on ressent tout de même un profond attachement. Les personnages sont très finement ciselés et très vivants, très réels.

Cette découverte de Faulkner est très convaincante et je compte bien, un jour, m'attaquer à ses romans les plus fameux.
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Euh.
Première lecture Faulkner.
Autant dire que c'est pas une réussite. D'ailleurs à lire les autres avis, pourtant bien notés, je me demande s'ils ont compris ce qu'ils ont lu. Certains parlent de 3 nouvelles alors qu'il y en a 4, certains d'écriture "pas facile à lire".

D'une, les généralités sur "les femmes" sont insupportables.

De deux, je n'ai pas aimé du tout sa façon d'écrire les dialogues. Décousus, on dirait que les personnages ne se répondent pas et tournent en boucle sur leur propre réflexion. Alors certes c'est très réaliste, mais bon, je suis pas des plus accro au réalisme dans les bouquins, mes amis le savent.

Ensuite, je n'ai pas compris la construction de la seconde "Chevelure". Je l'ai lue deux fois, parce qu'à la première lecture je suis arrivée à la fin et je me suis dit "mais c'est quoi l'histoire ?". Et j'ai toujours pas compris de quoi ça parlait. Vraiment. de plus, elle est bourrée de réflexions désagréables et généralistes sur les femmes.
Je cite : ""d'autres répandaient sur la moralité de Burchett et même de Mme Bruchett les habituelles médisances. Vous savez ce que c'est. C'étaient surtout les femmes."
"Ce n'était pas qu'elle fût vicieuse. On ne peut pas dire d'une femme qu'elle naît vicieuse, car elles le sont toutes de naissance, c'est chez elles quelque chose d'inné. le tout est qu'elles se marient avant que l'abcès de leur vice crève naturellement."
"Susan avait grandi trop vite, voilà tout. Elle atteignit le point critique où crève l'abcès des mauvais penchants avant le terme fixé par les principes. Je ne pense pas que les femmes puissent s'en empêcher. J'ai une fille et je n'hésite pas à le dire."
Autant vous dire que je ne suis pas dans la meilleure disposition envers l'auteur. Il semble aussi dénoncer la stupidité des hommes (notamment des blancs envers les noirs) mais à aucun moment il ne fait de réflexion générale sur "les hommes" comme celle sur les femmes. Donc la dénonciation à double vitesse, moi, ça me dérange.

La 3ème nouvelle, pareil que la seconde, quoi que plus linéaire et donc plus compréhensible. Il n'y a pas d'histoire. Il nous raconte un bout de vie de blancs et de noirs sans queue ni tête, sans vraiment de début ni de fin, juste une tranche de vie bourrée de ces dialogues que je n'aime pas. Inintéressant.

La dernière est plus intéressante, mais encore une fois la femme, Minnie, vieille fille hystérique, est dépeinte comme une sale vicieuse menteuse, qui se réjouit d'avoir fait lyncher un noir par les types blancs de sa ville.

Ma préférée, en fait, c'est la première, celle où il y a le plus de descriptions, pas trop de dialogues, celle où les personnages sont un peu plus fins que les caricatures des autres nouvelles.
Bref, Faulkner, pour moi, c'est terminé.J'ai essayé, déjà bien.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
[...]... Aussi le lendemain, tout le monde disait : "Elle va se tuer," et nous trouvions que c'était ce qu'elle avait de mieux à faire. Au début de ses relations avec Homer Barron, nous avions dit : "Elle va l'épouser." Plus tard, nous dîmes : "Elle finira bien par le décider" ; parce que Homer lui-même avait remarqué - il aimait la compagnie des hommes et on savait qu'il buvait avec les plus jeunes membres du Elk's Club - qu'il n'était pas un type à se marier. Plus tard nous dîmes " Pauvre Emily" derrière les jalousies, quand ils passaient, le dimanche après-midi, dans le cabriolet étincelant, Miss Emily, la tête haute, et Homer Barron le chapeau sur l'oreille, le cigare aux dents, les rênes et le fouet dans un gant jaune.

Alors quelques dames commencèrent à dire que c'était là une honte pour la ville et un mauvais exemple pour la jeunesse. Les hommes n'osèrent point intervenir, mais à la fin les dames obligèrent le pasteur baptiste - la famille d'Emily était épiscopale - à aller la voir. Il ne voulut jamais révéler ce qui s'était passé au cours de cette entrevue, mais il refusa d'y retourner. Le dimanche suivant, ils sortirent encore en voiture et, le lendemain, la femme du pasteur écrivit aux parents d'Emily, en Alabama.

Elle eut donc à nouveau de la famille sous son toit, et tout le monde s'apprêta à suivre les événements. Tout d'abord il ne se passa rien. Ensuite, nous fûmes convaincus qu'ils allaient se marier. Nous apprîmes que Miss Emily était allée chez le bijoutier et avait commandé un nécessaire de toilette pour homme avec les initiales H.B. sur chaque pièce. Deux jours après, nous apprîmes qu'elle avait acheté un trousseau d'homme complet, y compris une chemise de nuit, et nous dîmes : "Ils sont mariés." Nous étions vraiment contents. Nous étions contents parce que les deux cousines étaient encore plus Grierson que Miss Emily ne l'avait jamais été.

Nous ne fûmes donc pas surpris lorsque, quelque temps après que les rues furent terminées, Homer Barron disparut. On fut un peu déçu qu'il n'y ait pas eu de réjouissances publiques, mais on crut qu'il était parti pour préparer l'arrivée de Miss Emily ou pour lui permettre de se débarrasser des cousines. (Nous formions alors une véritable cabale et nous étions tous les alliés de Miss Emily pour l'aider à circonvenir les cousines.) Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au bout d'une semaine elles s'en allèrent et, comme nous nous y attendions, trois jours ne s'étaient pas écoulés que Homer Barron était de retour dans notre ville. Un voisin vit le Noir le faire entrer par la porte de la cuisine, un soir, au crépuscule. ... [...]
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(...), les dames chuchotaient, macabres, et, sur la galerie et sur la pelouse, les très vieux messieurs - quelques-uns dans leurs uniformes bien brossés de confédérés - parlaient de Miss Emily comme si elle avait été leur contemporaine, se figurant qu'ils avaient dansé avec elle, qu'ils l'avaient courtisée peut-être, confondant le temps et sa progression mathématique, comme font les vieillards pour qui le passé n'est pas une route qui diminue mais, bien plutôt, une vaste prairie que l'hiver n'atteind jamais, séparé d'eux maintenant par l'étroit goulot de bouteille des dix dernières années.
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Ils se levérent quand elle entra. Elle était petite, grosse, vêtue de noir, avec une chaîne d'or qui lui descendait jusqu'à la taille et disparaissait dans sa ceinture, et elle s'appuyait sur une canne d'ébène à pomme d'or ternie. Son ossature était mince et frêle. C'est peut-être pour cela que ce qui chez une autre n'aurait été que de l'embonpoint, était chez elle de l'obésité. Elle avait l'air enflé, comme un cadavre qui serait resté trop longtemps dans une eau stagnante, elle en avait même la teinte blafarde
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Sans doute un homme qui parle beaucoup ne trouve-t-il pas le temps d'apprendre grand-chose sur n'importe quel sujet, si ce n'est des mots, rien que des mots.
(Dans "Chevelure")
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[...] ... Elle portait la tête assez haut, même alors que nous pensions qu'elle était déchue. On eût dit qu'elle exigeait plus que jamais qu'on reconnût la dignité attachée à la dernière des Grierson. Il semblait que ce rien de vulgarité terrestre ne faisait qu'affirmer davantage son impénétrabilité. C'est comme le jour où elle acheta la mort au rat, l'arsenic. C'était plus d'un an après qu'on avait commencé à dire : "Pauvre Emily", et pendant que ses deux cousines habitaient avec elle.

- "Je voudrais du poison," dit-elle au droguiste. Elle avait plus de trente ans alors. Elle était encore mince, quoique plus maigre que d'habitude, avec des yeux noirs, froids et hautains, dans un visage dont la peau se tirait vers les tempes et autour des yeux comme il semblerait que dût être le visage d'un gardien de phare. "Je voudrais du poison," dit-elle.

- "Bien, Miss Emily. Quelle espèce de poison ? Pour des rats ou quelque chose de ce genre ? Je vous recomman ...

- Je veux le meilleur que vous ayez. Peu m'importe lequel."

Le droguiste en énuméra quelques uns. "Ils tueraient un éléphant. Mais ce que vous voulez, c'est ...

- De l'arsenic," dit Miss Emily. "Est-ce que c'est bon ?

- Est-ce ... l'arsenic ? Mais oui, madame. Seulement ce que vous voulez ...

- Je veux de l'arsenic."

Le droguiste la regarda. Elle le dévisagea, droite, le visage comme un drapeau déployé. "Mais, naturellement," dit le droguiste, "si c'est ce que vous voulez. Seulement, voilà, la loi exige que vous disiez à quoi vous voulez l'employer."

Miss Emily se contenta de le fixer, la tête renversée afin de pouvoir le regarder les yeux dans les yeux, si bien qu'il détourna ses regards et alla chercher l'arsenic qu'il enveloppa. Le petit livreur noir lui apporta le paquet ; le droguiste ne reparut pas. Quand, arrivée chez elle, elle ouvrit le paquet, il y avait écrit sur la boîte, sous le crâne et les os en croix : "Pour les rats." ... [...]
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