Ne vous attendez pas ici à trouver la retranscription écrite de la série du même nom, même si j'imagine que comme moi, c'est ce que vous cherchiez en vous procurant cette autobiographie.
La série de Netflix, commence au moment où l'héroïne prend le large et s'enfuit de la communauté hassidique de New York où elle a grandi, où elle s'est mariée, par mariage arrangé et ultra codifié, pour se retrouver en Allemagne grâce à l'aide d'une goy(e/a?) qui enseigne le piano. Bref, je ne vais pas résumer la série ici, ça n'est pas le but, juste, l'ambiance est lourde, mélange de passé et de présent, d'arts impies et de religion étrange, scénario lent et haletant, mélange de polar et de parcours initiatique.
J'ai aimé la série mais il me manquait de nombreux codes pour comprendre certains rites, certaines mentalités et modes de vie, c'est pour cette raison que je voulais me pencher sur la question.
Le livre n'est pas aussi tape à l'oeil, pas de poursuites armée dans les rues allemandes, pas de groupe de jeunes de toutes origines, pas d'Europe.
Nous grandissons avec l'auteure, nous découvrons sa famille, ses racines, les us et coutumes qui régissent chaque instant de la vie hassidique.
La prise de conscience et la fuite de
Deborah Feldman par rapport à sa communauté, son statut de femme, de mère, d'épouse, de (petite)-fille ne tombe pas du ciel en un claquement de doigts, c'est une initiation lente, une ouverture progressive qui la meneront au rejet définitif en 2012.
On y découvre une enfant rebelle qui progressivement prend conscience des "anormalités" de sa vie, de la dureté de l'éducation, des luttes intestines au sein des diverses branches de la secte, de sa soif de connaissances, de découvertes, d'égalité entre les sexes, de ses lectures cachées car non cachers.
On y découvre aussi avec stupeur qu'elle rêve d'un mariage arrangé, d'un bon parti, d'avoir des enfants, espérant pouvoir concilier vie d'épouse, de mère et de jeune femme plus émancipée que ses pairs.
Le livre explique beaucoup de choses, mais en laisse d'autres en suspens, on lit de nombreux mots yiddish, et surtout ne tombe pas dans le larmoyant comme dans la série. Elle est forte, perdue, écartelée, tâtonnante aussi, mais son but ultime est de vivre ses désirs, donc une indépendance bien loin des moeurs hassidiques.
Je suis étonnée d'un tel fossé entre le roman et l'adaptation sérielle qui pour moi n'en est pas une, malgré le fait que l'auteure a écrit ou du moins participé au scénario.
L'auteure a exactement mon âge à un mois et demi près, c'est donc étrange pour moi de faire le parallèle entre nos expériences de vie que tout sépare.