AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 112 notes
5
15 avis
4
18 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le parcours d'une jeune femme vers la liberté et l'indépendance
*
Mais quelle lecture saisissante et émouvante que j'ai passé durant ces derniers jours. Je m'attendais certes à un témoignage fort au vu de mon visionnage de l'adaptation en série TV (il y a quelques mois, sur Netflix, du même titre).
Alors, je précise tout de suite que cette adaptation, certes très bien réalisée, n'est pas entièrement fidèle au récit qu'en a fait l'auteure Deborah Feldman.
Même si cette série a réussi à capter l'essence même de la condition de l'héroine : le courage énorme qu'il a fallu à Deborah pour sortir de la communauté ultra-orthodoxe des Hassidim de New-York, malgré tout le conditionnement qu'elle a dû subir.
*
Encore une fois, la condition féminine est au coeur du problème : les femmes mariées n'ayant aucune liberté -de penser ni d'agir. On leur coupe l'herbe sous les pieds dès la petite enfance.
*
Le récit se déroule de manière linéaire débutant par l'enfance, l'adolescence, le mariage, la maternité puis le divorce et la fuite vers le monde extérieur (le nôtre).
Plusieurs fois ce triste état de fait m'a bouleversé, m'a indigné, révolté.
*
Cette succession de restrictions et d'interdictions n'empêchera pas Deborah de se cultiver (lire en cachette des textes laïques), de se battre pour la garde de son fils, puis écrire cet ouvrage pour faire connaitre ces aberrations et peut-être donner l'exemple à d'autres jeunes opprimés sous le joug des rabbins hassidiques.
*
D'ailleurs, hier soir j'ai visionné le reportage-documentaire "One of us" sur Netflix qui suit trois jeunes s'émancipant de cette communauté. Poignant!
Commenter  J’apprécie          480
Deborah Feldman est née en 1986 à Brooklyn aux États-Unis dans une famille ultra orthodoxe, mais a déménagé il y a 4 ans à Berlin, 2 ans après avoir publié un témoignage étonnant "Unorthodox" avec comme sous-titre : "The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots" ou "Le rejet scandaleux de mes racines hassidiques". La même année de son déménagement elle a sorti un 2ème témoignage autobiographique "Exodus : A Memoir".

Les premiers Juifs hassidiques que j'ai vus de mes propres yeux remonte à ma première année de fac à Anvers. Je savais bien sûr qu'ils existaient, mais j'étais à cause de leurs longs manteaux noirs, chapeaux, barbes hirsutes et papillotes. néanmoins étonné. Je croyais me trouver dans un roman d'Isaac Bashevis Singer. Des années plus tard, j'en ai vu plein d'autres à Jérusalem et je me souviens d'un homme en particulier d'un certain âge qui essayait d'ouvrir une porte délabrée de ce qui ressemblait vaguement à un garage. Je l'ai aidé et il a pris place derrière le volant d'une superbe Mercedes 300 S Coupé de collection.

L'univers hassidique ressemble à un monde clos avec sa propre langue, le Yiddish, ses propres règles culinaires et vestimentaires, ses fortes traditions et surtout normes morales.
C'est ainsi, comme l'explique l'auteure, qu'à Brooklyn ait pu s'installer une communauté hassidique, appelée "Satmar" en Yiddish, d'après une sainte chrétienne, puisque le nom est dérivé de l'endroit de leur origine Satu Mare ou Sainte Marie en Hongrois et situé à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie. Et c'est donc dans cette communauté qu'elle a vu la lumière du jour.

Dans un avant-prologue, Deborah Feldman explique que beaucoup de Hassidiques sont opposés au sionisme, parce qu'ils estiment que l'holocauste a été une punition divine pour l'assimilation de beaucoup de Juifs en Europe. il s'ensuit que pour eux la reproduction relève d'une importance primordiale : remplacer leurs ancêtres péris dans les camps d'extermination. En somme, l'ultime revanche sur Hitler.

Conséquence logique pour notre Deborah : sa tante Chaya l'a forcé à s'épouser, contre son gré, à l'âge de 17 ans. Voir la photo que j'ai mise sur Babelio. Il faut préciser que sa mère, issue d'une communauté juive d'origine allemande non hassidique, avait abandonné son mari, un handicapé mental, et sa fille faute de moyens de l'entretenir. Elle vivait donc auprès de ses grands-parents paternels, où l'horrible Chaya avait le dernier mot.

La petite Devoireh, comme elle est nommée en famille, a cependant une forte tête et dans la minuscule marge de manoeuvre qui lui est laissée, essaie de mener sa propre vie, en lisant par exemple en catimini des livres de la librairie municipale qui ne sont pas rédigés par des rabbins orthodoxes. Comme gamine et en secret elle dévore l'oeuvre de Charles Dickens, Jane Austen et de J.K. Rowling les aventures de Harry Potter.

Elle a été une très bonne élève et a terminé son enseignement secondaire comme première de sa classe avec des résultats quasi historiques dans les annales de son école et cela un an avant terme. Elle a également réussi aussitôt un test pour devenir professeur d'anglais avec un salaire de 128 dollars par semaine, ce qui lui garantissait surtout un tout petit peu plus de liberté et d'indépendance.

Le reste de ses 17 ans fut marqué par son mariage arrangé. La description minutieuse du choix de son futur époux, Éli, de leurs premières rencontres, de la longue préparation alambiquée de leur mariage et de la cérémonie des noces pas simple non plus, constitue certainement la partie du livre pour nous la plus révélatrice et captivante. Ce serait un péché pour moi d'en dire plus dans ce billet.

Deux ans plus tard, Devoireh ou Deborah mit au monde un fils, Yitzy. En 2012, non sans peine elle s'est débrouillée pour obtenir un divorce et la garde de son enfant. Elle s'est inscrite à l'institut Sarah Lawson pour des cours de littérature.

S'il est incontestablement intéressant de pénétrer dans l'intimité d'une famille hassidique qu'on ne risque pas de découvrir autrement qu'à travers un récit autobiographique, il n'empêche que ce récit contient une multitude de détails (entre autres culinaires et vestimentaires) qui encombrent dans une certaine mesure la clarté de l'exposé. Par ailleurs, je trouve que Deborah Feldman a fait un usage excessif de mots Yiddish qui ne sont, hélas, pas toujours clairement définis, et qui gênent la lecture.

Mais il s'agit d'un témoignage foncièrement honnête d'un monde à part que l'auteure nous fait découvrir et qui mérite, à ce titre, d'être lu. Pour Deborah Feldman cet ouvrage a été son billet de sortie de cette communauté hassidique Satmar de Brooklyn.

Commenter  J’apprécie          476
C'est le livre qui a inspiré la minisérie "Unorthodox" qui connaît un grand succès actuellement sur Netflix.
Le roman (et la série) nous font découvrir une communauté fermée et peu connue, la communauté Satmar, communauté fondée par Rabbi Joël Teitelbaum, décédé en 1979. Il était rabbin de la ville de Satu Mare ("Sainte Marie" en hongrois) ce qui a donné le nom de Satmar.

L'héroïne du roman, Deborah, vit à Williamsburg (New York) dans cette communauté.
Déborah se sent vite à l'étroit. Elle reçoit une éducation très stricte chez ses grands-parents, et même si sa grand-mère Bubby l'entoure d'affection, Deborah regrette l'absence de ses parents, son père souffrant de maladie mentale et sa mère dont elle découvrira plus tard les causes de son éloignement.

Dans la vie de Deborah tout est contrôlé. Bien peu de liberté. Pas de fréquentations, quasiment pas de lectures autorisées.
La langue pratiquée dans cette communauté est le yiddish et Deborah devra plus tard s'investir beaucoup pour manier parfaitement la langue anglaise.

Très vite on la fiance et elle se marie à 19 ans, avec un mari qu'on a choisi pour elle et qu'elle n'aura quasiment pas vu avant le mariage.
Souffrant beaucoup de la pression sociale et familiale autour de son mariage, Deborah ne pourra avoir des relations intimes avec son mari qu'au bout de un an.

Très vite, une grande incompréhension règne entre eux. Deborah n'a qu'un désir, s'émanciper, et offrir à son fils une vie de liberté, loin de la communauté.

C'est un livre très dur, qui nous montre le "conditionnement" que peuvent subir les jeunes filles et jeunes hommes, à qui on donne peu de choix.
Plus tard Deborah se réjouira que son fils s'épanouisse dans la religion juive tout en ayant pu marquer ses distances avec la communauté satmar.

Un livre dur car il montre le cheminement d'une jeune femme à la conquête de sa liberté et qui doit lutter contre des interdits sociaux et religieux.
L'auteure, à la sortie de ce livre, a reçu beaucoup de lettres d'injures, étant parfois même comparée à Goebbels!
Ce roman représente aussi un travail de reconstruction.
On s'attache à ces personnages de la communauté qui mènent une vie toute tracée mais très dure car tout est codifié, même les moindres détails de la vie privée.
La grand-mère de Déborah représente une femme forte, qui a connu les horreurs de la guerre et des camps, et qui a une autre manière de vivre cette vie de communauté.
Un très beau livre, en complément de la remarquable série.
Le livre est disponible en anglais et ne sera disponible qu'en juillet dans sa traduction en français.
Néanmoins cela se lit très bien en anglais....
Commenter  J’apprécie          354
Mise en ligne le 26 mars dernier, Unorthodox, la mini-série de Netflix, qui a très vite figuré parmi les 10 programmes les plus vus de la plateforme prouve - après Unbelievable que les séries avec "un " dans le titre fonctionne bien sur la plateforme de streaming

Plus sérieusement, ce succès ô combien mérité prouve que Netflix peut aussi proposer du contenu de qualité, ce dont on pouvait parfois douter en passant des heures sur l'interface à chercher quelque chose qui ne ressemble pas à une série B, voire Z.

Une fiction en quatre épisodes qui relate le chemin vers l'émancipation d'une jeune femme issue d'une communauté juive ultra orthodoxe, la communauté hassidique de Satmar, dans le quartier new-yorkais de Williamsburg.

Unorthodox est largement inspiré, du moins concernant une bonne partie de son intrigue, du livre autobiographique de Deborah Feldman (Unorthodox: The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots (2012).

La série raconte, parfaitement, comme dans le livre dont il est tiré, l'univers hassidique qui se déroule à Williamsburg, l'un des berceaux post-Seconde Guerre Mondiale de cette frange radicale de la religion juive, situé à Brooklyn, dans l'Est de New York.
Plus encore que le livre qui restait un témoignage authentique et réaliste mais doté de qualités littéraires peu évidentes, cette excellentissime série, à la mise en scène et à la construction narrative particulièrement soignée, est vraiment un top des séries proposées actuellement toutes plateformes confondues!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          292
Unorthodox , c'est l'autobiographie de Deborah Feldman , jeune femme qui raconte sa vie dans la très fermée communauté hassidique de Satmar , à New- York jusqu'à son divorce , son départ pour Berlin en emmenant son petit garçon .
La communauté est tellement fermée que ses membres ne parlent pas anglais mais le yiddish , ce qui les coupe encore plus du monde .
J'ai été très étonnée d'apprendre que les juifs hassidiques ne sont pas favorables à l'état d'Israël , pour eux je cite ' les juifs fidèles attendent le Messie , ils ne prennent pas des fusils et des épées pour faire le travail eux - mêmes ' .
Je trouve que leur explication très pertinente et en accord avec leurs croyances .
Par contre , ayant déjà lu les romans d'Eliette Abecassis , je connaissais la coutume concernant les femmes mariées de se raser les cheveux et de porter une perruque .
J'ai beaucoup aimé la détermination de la jeune femme , enfant déjà , elle veut vivre autre chose , elle lit des livres en cachette , les livres écrits en anglais sont bien entendu interdits .
La rencontre , avec son amie qui était douée pour les études , va être un choc pour la jeune Deborah , son amie est mère au foyer et va suivre le chemin tracé , être une mère de famille nombreuse, laissant derrière elle ses rêves de travailler .
Deborah Feldman va se battre pour prendre son destin en mains , on ne peut que lui souhaiter le plus grand bonheur possible .
Commenter  J’apprécie          280
Qui mieux qu'une ancienne Hassidique peut conter ses racines, sa vies, ses espoirs , sa consternation et sa détresse.
elle est différentes et donc va choisir sa voie plutôt que de se laisser imposer sa vie.
fort, puissant, historique
Commenter  J’apprécie          160
De plus en plus d'éditeur publie ou republie des textes après l'apparition de série sur Netflix faisant même parfois des préquels à celles-ci.

N'ayant pas encore vu de mon côté Unorthodox je me suis lancée dans cette lecture ou l'on suit une jeune femme Deborah Feldman dans des étape de son enfance, adolescence, mariage et un peu plus tard également.

Avec des chapitres plutôt courts mais parfaitement narrés avec lexique pour certains terme, l'auteur nous permet de la suivre au sein de sa communauté hassidique dont beaucoup de règles semblent tiré d'un autre âge.

Comme par exemple la rencontre entre deux jeunes qui est vraiment à effectuer d'une façon très particulière, des explications sur la sexualité donné de manière plus qu'abstraite pour moi cette scène est un des moments clés du roman.

Et puis le courage de Deborah qui se rend compte qu'elle n'est pas faite pour ce milieu et qui se questionne sur son avenir, sa famille ayant également une histoire différente de celle des autres familles.

Un témoignage nécessaire et qui n'a pas été facile à faire par l'auteur, une lecture qui nous permet d'en connaitre plus sur ce milieu.

J'ai en finissant ma lecture commencé la série sur Netflix qui diffère sur certains points de celle-ci mais s'en inspire tout de même grandement.
Commenter  J’apprécie          120
J'ai été marquée par l'intuition précoce de l'auteur qui dès l'enfance, arrive à prendre de la hauteur, du recul sur sa propre vie et son entourage familial dans une communauté religieuse où les rites pèsent sur toute vie, sur toute éducation et sur ses membres. Une capacité à voir les choses telles qu'elles sont dans leur pesante et opprimante présence jusqu'à faire le choix ultime de la rupture pour devenir enfin soi et d'être le libre arbitre de sa vie. Voilà une vraie leçon de courage et de conviction.
Commenter  J’apprécie          120
Ce livre est un récit très touchant et captivant qui montre la force de caractère impressionnante de l'autrice. Elle a un style direct et sans fard pour parler de la communauté religieuse où elle a grandi mais, malgré tout ce qu'elle a vécu, on ne sent pas de rancoeur ou d'amertume contre sa famille et ce milieu. Je n'aime pas juger les croyances religieuses mais, dans ce cas, j'ai trouvé que la communauté Hassidique Orthodoxe est un milieu particulièrement malsain et glaçant, où l'autrice s'est sentie enfermée et réprimée, malgré quelques bons moments.
Le récit s'attarde aussi sur l'histoire de cette communauté et, moins en profondeur, les différents courants du Judaïsme et j'ai trouvé ces passages plus historiques particulièrement intéressants, notamment les mécanismes de reconstruction de l'identité d'un peuple après la Shoah.
Commenter  J’apprécie          70
vous avez tous dit que cette histoire est saisissante, qu elle retrace le parcours d une juive hassidique dont le désir d une vie libre est vissé au corps depuis toute petite
nous louons tous ce parcours d exception , cette volonté, cette force et regrettons ces souffrances éprouvées
je partage à mille pour cent et loue ce parcours de vie
je signale que je n ai pas vu la série sur Netflix
j arrive à ma critique personnelle.... pourquoi la traduction est elle si approximative ? il manque des mots, les concordances de temps sont défaillantes
pourtant il me semble que le dernier chapitre est plus littéraire...
volonté ou faillite de l édition
une petite relecture aurait été nécessaire...
par respect pour l autrice et les lecteurs
Commenter  J’apprécie          61



Autres livres de Deborah Feldman (2) Voir plus

Lecteurs (321) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}