J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre à cause du style que j'ai trouvé assez froid. Mais j'ai lu ce livre jusqu'au bout car l'écriture est fluide et on ne s'ennuie pas. Cependant, il s'agit d'un livre très violent, certaines scènes sont très dérangeantes voire difficilement supportables. Roman honnête. Auteur Corse à découvrir.
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J'ai été séduite par l'écriture de ce roman aux allures de Western moderne.
Chacun des protagonistes rencontrés au cours de l'histoire mène sa propre quête existentielle et une bataille sans merci, souvent contre lui même parfois contre les autres, mais également contre une certaine morale et des règles établies.
Il s'agit bel et bien, à mon sens, d'un roman visant à remettre en question notre société actuelle et pointant du doigt certaines de ses failles.
Une fois commencer le roman est particulièrement prenant et l'écriture fluide que nous offre l'auteur aurait pu facilement me faire dévorer l'ouvrage d'une seule traite.
Cependant certains passages étant particulièrement crus et difficiles à digérer, j''ai été plusieurs fois dans l'obligation de suspendre ma lecture.
En d'autres termes, un roman sombre mais intéressant, malgré une fin peu convaincante à mon goût.
Je m'abstiendrais toutefois de le conseiller aux âmes sensibles.
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Dwayne Mitchell était accoudé tout seul à l'extrémité du comptoir. Il entendait ce qui se disait à côté mais il ne s'était pas mêlé à la conversation.
"C'est pas un doigt qu'il aurait fallu lui couper, dit un gars qui commençait à s'enhardir, mais la main, et comme ça, ça lui aurait passé l'envie de continuer à s'attaquer au bien d'autrui."
Il sentait qu'il avait trouvé son public et, encouragé qu'il était, se lança dans une implacable apologie ordinaire de la violence et de la haine raciale, contre tous ceux, nègres en particulier, qui remettaient en cause les valeurs fondamentales sur lesquelles reposaient la loi et la constitution. Le prêcheur était régulièrement applaudi par des types qui approuvaient son discours patriotique et qui regrettaient seulement que les élus, toutes tendances politiques confondues, ne prennent pas davantage de mesures radicales pour protéger les honnêtes citoyens.
Le capot du camion Ford F8 de 1956 était ouvert et Dwayne Mitchell jetait un oeil dans le moteur. Il n'y comprenait pas grand-chose Dwayne dans les moteurs. Les deux pieds posés sur l'aile droite du tracteur, il faisait de légers mouvements de tête. La journée qui s'annonçait semblait ne rien augurer de nouveau mais voilà que, pour la première fois depuis vingt ans, il avait eu envie de voir ce que cette machine avait encore dans le ventre.
Lorsqu'ils ont quitté la maison, mon idiot de cousin et sa poupée, ma mère m'est tombée dessus en me disant que je devais faire attention à ne pas suivre les errements funestes parce que Dieu s'était déjà occupé une fois de moi et que ce genre d'images et de pensées impures, c'était sacrilège et déviances blasphématoires. Toutes ces questions que je n'ai pas pu leur poser sur ma sexualité sont demeurées sans réponses. Elle, elle m'a parlé de culpabilité et de péché. Et mon père qui riait de toutes ses dents blanches d'Arapaho ignorant quand ma mère lui disait que son neveu était un débauché lubrique gagné par la fièvre. Lui, il disait que toutes les cocottes couraient après le coq le plus vigoureux du poulailler. Je crois que s'ils s'étaient servis d'une espèce de sécateur ou de cisailles ou d'une injection de substance hormonale chimique utilisée contre la récidive des délinquants sexuels ou contre les pédés autrefois, ils auraient pas mieux réussi leur coup. Je me suis fait châtrer tout net.
Par ici, le blizzard est appelé le grizzly des plaines. Ses rafales déchiquettent les visages à coups de griffes tranchantes. Les chairs se déchirent et les écorchures des premiers assauts du froid se changent en lacérations insupportables lorsque son souffle glacial s'abat sur la région.
Quand il reprit connaissance, il vit hagard les enfants se précipiter en pleurs vers lui. Quand il voulut toucher leur visage dans un geste dérisoire de consolation pour essuyer leurs larmes, il découvrit sa main mutilée, recouverte de sang. Le pouce de sa main droite avait été tranchée. Par terre, à ses pieds, dans la poussière de la plaine désertique, il regarda le morceau de doigt et la paire de tenailles maculée.