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EAN : 9782378802998
216 pages
L' Iconoclaste (18/08/2022)
3.74/5   1541 notes
Résumé :
A quinze ans, Lisa est une adolescente en vrac, à la spontanéité déroutante. Elle a eu des seins avant les autres filles. Des seins qui excitent les garçons.
Mais Lisa change et devient sombre. Elle semble en permanence au bord des larmes. Acculée par ses professeurs, elle finit par avouer. Un homme a abusé d'elle, plusieurs fois.
Les soupçons se portent sur Marco, un ouvrier venu faire des travaux chez ses parents. Marco n'a jamais été longtemps avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (330) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 1541 notes
°°° Rentrée littéraire 2022 # 35 °°°

Le titre ne laisse place à aucune ambiguïté. Lisa a menti lorsqu'elle a affirmé qu'elle avait été violée à quinze ans par Marco Lange, un ouvrier du bâtiment, lourdement condamné. le procès en appel doit avoir lieu, Lisa avoue tout à sa nouvelle avocate. Pascale Robert-Diard déplace donc les enjeux du suspense sur un autre terrain que celui de la culpabilité ou pas de Marco Lange qui a écopé d'une peine de prison de dix ans en première instance et croupit en prison  : pourquoi Lisa a-t-elle menti quatre ans auparavant ? Pourquoi a-t-elle accusé de viol un homme innocent ?

D'une plume alerte, fluide et concise, sans effet de manche ni fioriture stylistique, l'auteure, chroniqueuse judiciaire au Monde, ausculte brillamment les tréfonds de la nature humaine à travers les différents personnages : Lisa, les témoins ( amis et professeurs ), les parents, les jurés. le roman se lit comme un thriller psychologique qui tient en haleine. Même si on est effaré par le mensonge de Lisa et ses terribles conséquences, on veut comprendre. Progressivement apparaissent les faits qui ont conduit à ce fiasco judiciaire ou comment une jeune fille s'est retrouvé piégée dans un engrenage qui la dépasse.

Le récit avance sur les pas de l'avocate Alice Kéridieux, consciente que vérité et morale ne font pas toujours bon ménage. le lecteur partage son trouble et son malaise face à l'affaire. Ses interrogations, ses tâtonnements, ses vacillements sont les nôtres, ses contradictions aussi : la sourde crainte de l'épreuve qui attend Lisa qui a le courage de s'arracher à son rôle de victime ; le désir de la protéger de la tempête qui va s'abattre sur elle ; l'exaltation de réparer une erreur judiciaire qui a brisé un innocent. Mais aussi l'envie de la faire taire car Lisa dérange à l'ère post MeToo, alors que les femmes prennent de plus en plus la parole pour dénoncer les agressions sexuelles subies. Certains auraient préféré qu'elle se taise car son mensonge porte atteinte à la parole sacrée de la victime de crimes sexuels.

Au-delà de ces aspects très actuels, j'ai particulièrement apprécié l'acuité avec laquelle Pascale Robert-Diard radioscopie l'adolescence, sa laideur et sa violence telle qu'elle est vécue par certains. La déroutante Lisa a menti et avant elle a beaucoup souffert, elle la fille qui a eu des seins plus tôt que les autres, plus gros que les autres. le regard perfide des autres collégiens qui jugent et assènent, lui collant l'étiquette de la « petite salope du collège ».

Surtout, le roman initie une véritable réflexion sur la parole de la victime et son écoute. La vérité n'est jamais celle que l'on imagine et il est parfois bénéfique de remettre en question notre intime conviction.  Pascale Robert-Diard a le courage de sortir des sentiers battus en ne choisissant pas de présenter une victime « classique » qui aurait dit toute la vérité d'emblée sur l'identité de son agresseur, qui aurait été bien entendue et comprise par l'entourage familial, scolaire, policier et judiciaire. J'ai aimé cette prise de risque politiquement incorrecte qui ne plaira sans doute pas à tous les lecteurs mais permet d'apporter de la densité et de la complexité au récit, loin de tout manichéisme moralisateur. Forcément, c'est déstabilisant de voir nos certitudes et réflexes remis interrogés et c'est tant mieux.

Un roman passionnant et intelligent qui force à réfléchir, creusant avec finesse les ambivalences humaines, plongeant dans la psyché des personnages autant que dans une époque donnée. Peut-être aurais-je préféré que le personnage de Lisa conserve son opacité, comme celui de Lise dans La Jeune fille au bracelet ( excellent film de Stéphane Demoustier ) auquel j'ai pensé tout au long de ma lecture.

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Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde depuis vingt ans, a eu le courage d'écrire un livre qui va à contre-courant de tout ce qui enflamme l'actualité depuis longtemps : La petite menteuse.
Avec une écriture simple et efficace, Pascale Robert-Diard m'emmène sur les pas d'Alice Keridreux, avocate déjà expérimentée. Elle a dû se faire une place dans un métier où les hommes avaient la part belle depuis toujours.
Dans ce livre, je vais suivre cette avocate, découvrir ses sentiments, partager ses réflexions, approuver ses observations sur un monde judiciaire qui doit statuer entre deux mots terribles : victime ou coupable et, éventuellement… innocent (voir le fiasco judiciaire d'Outreau).
C'est quand elle reçoit Lisa Charvet, jeune femme de vingt ans, que s'enclenche ce roman. Cette Lisa a accusé un homme de viol et elle lui demande d'emblée de la défendre pour le procès en appel qui approche : « Je veux être défendue par une femme. »
Au début, Alice n'est pas décidée à s'impliquer car elle n'est pas spécialiste des victimes. En effet, Lisa a fait condamner Marco Lange, un plâtrier, qu'elle accuse de viol alors qu'elle avait quinze ans. Cet homme a toujours tout nié, a toujours clamé son innocence mais sans jamais être entendu.
L'histoire des deux protagonistes se déroule alors avec, pour chacun, problème familiaux, détails de personnalité et peu ou pas d'éléments positifs. Après quarante-huit heures de garde à vue, Marco Lange a été mis en détention car des témoignages orientés, un procès-verbal de gendarmerie, sans autre option que la culpabilité, ont vite réglé son sort.
On oublie vite cet homme qui tente de survivre derrière les barreaux malgré son statut terrible de « pointeur » qui met sa sécurité en jeu à chaque instant vis-à-vis des autres personnes détenues, pour détailler l'adolescence de Lisa et ses rapports avec ses parents.
À quinze ans, Lisa attire les regards des garçons et certains n'hésitent pas à aller plus loin, à profiter de son mal-être, de son désir de reconnaissance pour abuser d'elle. D'ailleurs, c'est elle qui devient « la salope du collège ». C'est là que deux jeunes professeurs l'ayant prise en pitié n'ont pas hésité à la convoquer en salle des profs pour, dépassant leur rôle, jouer aux enquêteurs. Marion, une amie de Lisa, les avait alertés car, celle-ci, pour resserrer un peu plus leurs liens, lui avait raconté son histoire de viol.
Tout bascule donc lorsque Lisa avoue son mensonge à Alice. L'avocate est profondément choquée car, si Lisa dit vrai maintenant, un homme, innocent, est en prison depuis plus de trois ans !
Alors, Pascale Robert-Diard me conduit doucement jusqu'à la plaidoirie de l'avocate. C'est un chemin difficile, avec de nombreux obstacles dus particulièrement à la complexité du parcours judiciaire. Ces femmes et ces hommes censés juger leurs semblables ont une vie, des soucis, des ennuis, un vécu et il ne faudrait jamais faire abstraction de cela. D'ailleurs, l'autrice consacre quelques pages fort instructives à propos des jurés tirés au sort et sur l'attitude de la présidente de la cour d'assises.
La conduite de chaque protagoniste du procès joue un rôle très important et Pascale Robert-Diard note avec beaucoup d'à-propos les réactions, les comportements, s'attachant surtout aux témoins qui viennent et dont certains reviennent après le coup de théâtre que le titre du roman laisse présager.
Enfin, je ne dois pas oublier le rôle important de la presse, des médias qui ont vite réglé le sort d'une personne mise en cause, que cela lui soit favorable ou non. Seul l'avocat général est un peu délaissé vu la configuration des événements mais sa volonté d'accabler un ou une accusé(e), innocent(e) ou non, est souvent révoltante.
Pour équilibrer une tendance constatée depuis une trentaine d'années, il faut lire La petite menteuse. Ce n'est pas parce qu'un nombre incalculable d'agresseurs est resté impuni depuis que l'espèce humaine existe, qu'il faut faire payer la note aujourd'hui aux innocents injustement accusés et condamnés sans la moindre preuve. Pascale Robert-Diard, courageusement, le démontre admirablement dans La petite menteuse.

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Roman saisissant sur les rouages de la justice et les dommages collatéraux d'une adolescente en berne.

Alice Keridreux, avocate est contactée par Lisa Charvet, vingt ans qui souhaite changer d'avocat - une femme la comprendrait certainement bien mieux suite au procès en appel de Marco Lange, ouvrier accusé de viol par Lisa.

Le titre, peut-être trop implicite, donne le ton d'entrée de jeu. Lisa est la petite menteuse. Mais pourquoi à quinze ans avoir menti et envoyé en taule un innocent ?

Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire connaît bien son sujet, son écriture est précise et parvient à maintenir le lecteur en haleine.

A travers cette histoire, l'auteure dissèque toute une problématique, celle d'adolescentes qui grandissent trop vite. Elles ne sont encore que des gamines que leur corps se développe et réveille les hormones mâles. Avec ses seins proéminents, la petite menteuse sera avant toute cette sordide affaire, la petite salope. Celle qui ne sait pas dire non par peur de ne pas être aimée. On sait combien l'adolescence est une étape charnière et combien difficile où critiques et rejet sont monnaie courante.

Toutes les questions que suscite ce roman rendent la lecture prenante et interpellante. le travail de la défense est tout à fait pertinent. Ce n'est pas un livre gorgé d'émotions mais un livre qui crisse sous toutes les bassesses de notre bas monde.
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Une chose qui ne m'arrive pas souvent, quand tu finis un livre, en ne sachant pas si tu l'aimes ou pas. Un livre qui me laisse dans le questionnement , est ce le but de l'auteure. Ce roman est hors norme, inclassable pour moi. La couverture est magnifique, ces yeux tristes, ces yeux de repentis. Pourquoi ce mensonge, le titre est vraiment le reflet de l'histoire. L'auteure se lance dans un sujet difficile, celui du viol. Une jeune fille témoigne, et son violeur est de suite incarcéré, condamné à une peine de 10ans,il a toujours revendiquer son innocence. le dossier est réouvert, nouvelle audience, la peur de Lisa de se retrouver face à lui. Elle décide de changer d'avocat et choisit Alice pour la défendre. Cette dernière veut comprendre, connaitre l'histoire de la jeune fille. Les masques tombent, et la réalité est dévoilée, et nous laisse, totalement béa. A partir de ce moment , j'ai ressenti de la haine de la colère, et de la pitié pour Lisa.

Une jeune fille qui n'a pas eu une enfance facile, le divorce de ses parents, la fille facile du collège, des formes physiques développées, une vidéo est diffusée,et tout part en vrille.

Jusqu'où est elle capable d'agir pour se décréditer, pour assouvir sa soif de vengeance? Une jeune fille qui se remet en question, elle a besoin d'évacuer tout ce qu'elle a coeur?

Nous ressentons que l'auteure use d'un langage puissant , une maitrise du sujet, nous sommes plus dans une réalité que dans une fiction. L'auteure met le côté lugubre et malsain de l'histoire.

La psychologie des personnages est travaillée en profondeur, nous permettant de mieux cerner les personnages, principalement celui de Lisa. le rythme va crescendo au fur et à mesure de la lecture.

L'auteure tient en haleine ses lecteurs, le final me laisse perplexe. L'écriture est fluide, et envoutante. la lecture est percutante ,addictive. Un livre court dévoilant une intrigue surprenante et un suspens haletant.

A vous de découvrir la vie de Lisa, entre mensonge, manipulation, regret, thèmes qui reflètent le contenu du livre.

"La petite menteuse". Un roman que je recommande
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Quand l'avocate Alice Keridreux, la cinquantaine, reçoit à son cabinet Lisa Charvet et lui demande « Dites-moi ce qui vous amène », Lisa répond « je voudrais être défendue par une femme ».
La jeune femme âgée d'à peine 20 ans a été victime d'un viol cinq ans plus tôt. Au procès, l'accusé avait pris dix ans et avait fait appel. le nouveau procès doit se tenir dans quatre mois.
Devenue étudiante en horticulture, Lisa souhaite donc que ce soit Alice qui la représente cette fois.
L'avocate va alors récupérer et prendre connaissance du dossier.
Un face-à-face commence et Lisa va finir par avouer à Alice qu'elle a menti « pour se sortir de toute la merde dans laquelle elle était », piégée un peu aussi par les adultes. Si elle est venue voir l'avocate, c'est pour être entendue et aidée, aidée à déposer cet immense fardeau qu'elle a endossé en mentant.
L'avocate va au fil des entrevues avec Lisa comprendre les raisons qui ont été à l'origine de ce mensonge qui a conduit un innocent en prison et comment prise dans un engrenage, Lisa, cette enfant de quinze ans au moment des faits s'est enlisée dans ses déclarations, et n'a pas su s'en dégager.
Avec ce roman La petite menteuse, Pascale Robert-Diard, romancière et chroniqueuse judiciaire au Monde depuis vingt ans, touche à un problème quasiment tabou à l'ère de MeToo, celui du doute de la parole féminine en posant cette question : Doit-on croire sur parole une femme plaignante sans faire un véritable travail d'enquête ?
Elle évoque également la difficulté à défendre une personne qui a menti, tout en mettant en exergue ce que peut être la fragilité de l'adolescence.
L'auteure nous offre des portraits psychologiques absolument saisissants : en tout premier lieu celui de cette avocate dont on suit pas à pas les atermoiements, mais aussi celui de Lisa, cette adolescente de 15 ans dépassée par ce qui lui arrive, puis porteuse d'un secret jusqu'à ce procès en appel. Les personnages secondaires sont brossés avec tout autant de talent, que ce soient les garçons du collège, les professeurs, le principal ou encore celui qui, malgré toutes ses dénégations a été jugé coupable, sans preuves, sur de seules affirmations.
Pascale Robert-Diard mentionne d'ailleurs les erreurs judiciaires qui ont déjà eu lieu, comme celle d'Outreau, sans cependant la nommer, faisant dire à l'un des accusés l'impuissance à prouver son innocence quand on est accusé de viol par un mineur. Elle montre combien il est important de ne pas se fier seulement à ses convictions et à ses certitudes et qu'il faut avant tout écouter, vérifier, ne pas se fier qu'aux apparences, qu'un travail d'enquête sérieusement mené et non basé sur une intime conviction est une absolue nécessité.
À lire ce roman basé sur la grande expérience de cette chroniqueuse judiciaire qu'est Pascale Robert-Diard, on peut aisément en déduire que certains n'ont pas eu la chance de Marco et ont pu faire les frais de décisions hâtives, incapables de faire admettre leur innocence. Il faut reconnaître également dans cette fiction le courage étonnant et la grande force dont a dû faire preuve Lisa pour revenir sur ses affirmations, s'exposant à être attaquée, jugée et condamnée et bien entendu la grande valeur de cette avocate qui a osé mettre en péril sa carrière en défendant une victime qui a menti.
Tenue en haleine du début à la fin, j'ai lu La petite menteuse quasiment en apnée tant ce roman est poignant et captivant par toutes les questions qu'il soulève. La sobriété, la justesse de ton, la sensibilité et l'humanité restent les points forts de ce livre qui est pour moi un vrai coup de coeur.

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critiques presse (4)
LeJournaldeQuebec
19 décembre 2022
Un roman qu’on a beaucoup aimé. Parce qu’il est servi par une écriture limpide et, surtout, parce qu’il va là où on n’a pas l’habitude d’aller : dans le cœur de quelqu’un qui refuse de continuer à mentir plus longtemps.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Marianne_
29 septembre 2022
Pascale Robert-Diard, romancière et chroniqueuse judiciaire au Monde, réussit avec brio à nous plonger dans les tergiversations mentales d’Alice, cette justicière, qui, pesant le pour et le contre, décide de soutenir Lisa, la petite menteuse.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LaCroix
08 septembre 2022
La Petite Menteuse est le premier roman d’une chroniqueuse judiciaire réputée, qui nous amène à une interrogation subtile sur la parole des victimes.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LePoint
29 août 2022
Dans « La Petite Menteuse », Pascale Robert-Diard reprend une enquête où réalité, justice et vérité jouent les funambules. Un roman vertigineux.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
J'ai arrêté de manger. On a même dû m'envoyer à l'hôpital. On me nourrissait avec une sonde que j'essayais d'arracher. Je ne pensais plus qu'à cette confrontation. Elle me hantait. Je rêvais qu'on venait me chercher dans ma chambre, qu'on m'emmenait de force face à lui et je me mettais à hurler. Les cauchemars ont continué quand je suis rentrée chez moi, je réveillais mes parents toutes les nuits. Je ne sais pas si vous pouvez comprendre. Cette confrontation, je la redoutais et je crois qu'en même temps je l'espérais. Elle faisait comme un mur à l'horizon. Un gros mur qui allait tout arrêter. Je me disais qu'après, je m'enfuirais. Ou que je me suiciderais. Je pensais à ça, dans le bureau de la juge, quand elle a parlé de la confrontation avec mon avocat. Ils m'ont demandé mon avis, j'ai dit que je préférais mourir.
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Alice se souvenait de cette affaire qui avait fait trembler l’institution judiciaire. Une quinzaine d’adultes que des enfants accusaient de les avoir violés. Certains avaient été poursuivis, d’autres pas. À l’audience, le dossier s’était effondré. Alice assistait au procès quand l’un de ceux que le juge d’instruction avait laissés tranquilles avait été cité à la barre des témoins. L’avocat d’un des accusés lui avait demandé :
- Comment fait-on pour prouver son innocence quand on est accusé de viol par un mineur ?
Le témoin avait écarté les bras en signe d’impuissance.
- C’est tout ?
- C’est tout.
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Il avait fallu si peu de choses pour que deux vies basculent. L’ennui et le mal-être d’une adolescente, la grossièreté des garçons, la volonté de bien faire de deux enseignants, la célérité d’un gendarme, le bovarysme d’une juge d’instruction, les rumeurs malfaisantes d’une petite ville, la conviction établie d’une mère, la mauvaise conscience d’un père. Alice leur dirait, à ces hommes et à ces femmes, qu’elle leur faisait confiance pour comprendre tout cela et ne pas accabler Lisa. Elle leur dirait qu’on n’est pas coupable quand on ment à quinze ans. Que le plus dérangeant, dans toute cette affaire, n’est pas tant de savoir pour quelles raisons Lisa a menti, mais pourquoi tant de gens ont eu envie de la croire.
Au fond, dans cette affaire, il n’y a pas de coupable, il n’y a que de bonnes intentions.
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Reviens au mot de « victime », se dit-elle.
Le mot qui a stoppé net les railleries des garçons. Qui a fait effacer à Ryan la vidéo qu’il conservait dans son téléphone. A bouleversé sa mère. A adouci sa sœur. A ramené son père à la maison. Comment ne pas l’aimer, ce mot, et le statut qu’il confère ? Alors oui, Lisa Charvet l’a aimé. Elle l’a tellement aimé que chaque fois qu’il menaçait de lui échapper, elle l’a conforté.
(page 206)
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Alice guettait toujours avec gourmandise cet instant où un nouveau témoin apparaissait. Quelques secondes à peine, qui devaient l’éternité à celui qui approchait de la barre, dans ce silence d’attente et de curiosité mêlées. Le parquet qui craquait sous leurs pieds, la lumière vive de la salle d’audience qui les cueillait au sortir de la pièce aveugle dans laquelle ils avaient patienté, parfois pendant des heures. À leur façon de marcher, de regarder autour d’eux, de déposer leur manteau ou leur sac, à l’intonation de leur voix, ils en disaient déjà beaucoup.
(pages 150-151)
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Videos de Pascale Robert-Diard (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascale Robert-Diard
Depuis 20 ans, ses chroniques judiciaires dans les colonnes du Monde sont lues avec beaucoup d'intérêt. Pascale Robert-Diard a elle aussi suivi le procès des attentats du 13 novembre 2015, mais c'est pour son premier roman "La petite menteuse" aux éditions de l'Iconoclaste, qu'elle est présente aujourd'hui. Ce livre fait à la fois réfléchir sur la vérité judiciaire, le mensonge adolescent et le conflit de génération face aux accusations de violences sexuelles. 
Alice Keridreux défend Lisa, une adolescente de 15 ans qui accuse un homme d'un viol qui sera condamné à 10 ans de prison. Lors du procès en appel, la jeune fille dit vouloir "rétablir la vérité". 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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