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4,22

sur 5053 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lila-Lenù, deuxième manche! A ma droite Lila, la casse-couilles flamboyante; à ma gauche, Lenù, l'intellectuelle cauteleuse... arbitrage difficile et combat acharné..

Je ne vous parlerai plus de balançoire, comme dans le tome 1..mais d'une lutte âpre pour vivre- ou survivre- pour arriver- ou pour exister.

Ni sans toi, ni avec toi semble être la devise des deux lutteuses...

J'ai dévoré d'une traite le tome 2 de l'Amie prodigieuse!, fraîchement paru en français.

Pas déçue du match, et même un peu sonnée..
.
Voici nos deux amies aux prises avec la vie d'adulte: le mariage, l'amour, les enfants, la réussite sociale, l'accomplissement personnel...

Dit comme cela , cela paraît d'un convenu accablant et le pire des romans à l'eau de rose pourrait entrer dans ce schéma...

Ce serait mal connaître Elena Ferrante: elle déchaîne une tornade de sentiments, d'injures, de cris, de coups qui se mêle incongrûment à une analyse raffinée, distanciée- parfois complètement tordue- des êtres et de leurs motivations secrètes. Elle braque un regard de plus en plus décapant sur la société italienne des années soixante qui paraissaient si prometteuses de lendemains qui chantent..-et spécifiquement sur les femmes des classes populaires napolitaines, pauvres et débordantes d'énergie, prises entre les mirages du mariage et ceux de l'émancipation culturelle.

Tout démarre en fanfare!

Argent, confort, commerce florissant :le mariage de Lila avec Stefano l'épicier semble la couronner reine du quartier tandis que Lenù, pauvre, besogneuse, appliquée à ses études, trime dans l'ombre. Mais ne dit-on pas: la mariée est trop belle?

Une parenthèse enchantée- des vacances "de luxe" à Ischia, au bord de la mer- jette soudain la lumière crue du soleil d'été sur cette mascarade.

Tout vole en éclats. Tout se détériore: la vie de l'une, celle de l'autre et même celle de tous les très jeunes couples qui les entourent..

Lila la belle, l'insolente fait l'épreuve de la passion, de l'abandon, de l'humiliation, de la chute mais sans jamais se départir de sa morgue flamboyante.
Lenù, la moche, la boutonneuse, la miséreuse, réussit à sortir de l'ombre, à séduire,à conquérir la reconnaissance sociale mais sans jamais se départir d'un sentiment d'illégitimité qui mine même ses plus grandes réussites.

Lenù c'est Pinocchio: elle n'est que la marionnette de la Fée Bleue - c'est , étonnamment , le nom du petit conte que Lila, enfant, avait écrit et illustré avec l'imagination et le talent de la petite fille surdouée qu'elle était.

Comme Pinocchio essaie de devenir un vrai petit garçon de chair et d'os, Lenù essaie de devenir une vraie petite intellectuelle à la culture solide. Elle s'évertue louablement, toute tendue vers son idéal: intégrer cette bourgeoisie cultivée des grandes villes, cette classe dominante biberonnée à la culture et qui n'a pas à faire le moindre effort pour être crédible.

Mais tous ses efforts, c'est à un sort magique jeté par la Fée Bleue, dans sa petite enfance, qu'elle les doit. C'est Lila , même déchue, même avilie, même malheureuse qui a jeté en elle cette énergie, c'est d'elle qu'elle la détient, c'est elle qui à tout moment de sa vie, elle le sait pour l'avoir vécu plus d'une fois, peut tout lui reprendre...d'un coup de dés ou d'un coup de gueule..

Le génie de Ferrante, c'est de lier indissolublement le destin de ces deux jeunes femmes que tout oppose pourtant.

Même l'écriture du roman semble tirer sa substance de leur lutte fratricide et de leur amitié indéfectible: quand elles sont trop éloignées l'une de l'autre, les péripéties romanesques deviennent mécaniques, répétitives ou sans grand intérêt.

Même phénomène pour les personnages: si les hommes ont plus de relief, d'individualité, bizarrement, les autres figures féminines -Carmen, Pinuccia, Ada,Marisa, Gigliola... - perdent leurs contours et paraissent un peu interchangeables , devant ces deux dévoreuses d'identité, Lila et Lenù.

La fougue d'Elena Ferrante passe aussi dans son art des ruptures: comme le tome 1, qui s'arrêtait sur l'entrée provocante, au mariage de Lila, des deux frères Solara, les maffieux du quartier, le tome 2 lui aussi s'achève sur une rencontre inattendue et éprouvante...de quoi mettre nos nerfs à rude épreuve car les tomes 3 et 4 ne sont pas encore traduits en français!

Je crois que je vais risquer la VO, ce sera trop long d'attendre la suite de ce thriller féministe et trop frustrant de quitter des yeux cette chronique haute en couleurs!
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Acquis et entamé sans délais après avoir été séduite par l'excellent récit de l'enfance de ces deux petite napolitaines, unies par une amitié sulfureuse, faite d'admiration et de cruauté, de bienveillance et de rancoeur, dans un milieu brut de décoffrage, à Naples dans les années 50.

Le chemin des deux jeunes filles bifurque, Lila travaille dans l'échoppe de son père, tandis qu'Eléna poursuit ses études. L'enjeu est important pour la collégienne, qui avance sur une corde de funambule toujours plus à distance de ses racines (il y a d'ailleurs clairement une Annie Ernaux qui sommeille en Elena, qui ne trouve plus sa place, ni parmi ses compagnons de bachotage ni dans sa famille).
Les histoires de coeur s'intriquent avec les conflits où l'honneur bafoue la raison : la camorra règne sur le quartier, et les provocations et lutte de pouvoir aboutissent à des unions où l'amour est accessoire. C'est ainsi qu'à seize ans, Lila se marie avec Stéfano, qui fricote avec les mafieux de quartier. Il ne faudra pas plus d'un soir de noce pour que l'union soit vouée à l'échec. La jeune femme semble particulèrement instable, perdue. son intelligence et ses capacités d'écriture sont de vagues souvenirs. Et seule Eléna se rend compte du gâchis.
Elena qui brille par ses aptitudes et qui met un point d'honneur à être la meilleure. Elena qui ne trouve moche, moins intelligente que son amie, mais qui avec obstination franchit les obstacles qui se dressent sur son chemin. L'amour n'est pas au rendez-vous : les flirts se succèdent plus pas convention et désir de conformité que par passion.

La violence est encore là, bien présente au coeur des mots : violence des sentiments, coups faciles (c'est la norme pour les femmes d'être corrigées au gré de l'humeur et de l'alcoolémie de leur conjoint).

Le récit est superbement construit, les événements qui font progresser la narration se succèdent tout en intégrant une fine analyse des sentiments et émotions de la jeune étudiante, lancée dans un courant dont elle ne peut apprécier les fluctuances et les dangers. Les cinq cents et quelques pages défilent sans effort.


Le chemin est encore long pour arriver à la scène qui inaugure la saga, mais augure encore de nombreuses surprises et de longues heures de bonheur à découvrir le parcours des deux femmes


Challenge Pavés 2015-2016

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Tandis que Lila convole en justes noces avec Stefano, Elena, l'intellectuelle, continue ses études. L'amitié entre ces deux jeunes femmes est mise à rude épreuve d'autant plus que les études d'Elena l'emmènent vers Pise. Lila, quant à elle, trahie par son mari Stefano, déchante bien vite le lendemain des noces. Obligée de se donner à cet homme qu'elle méprise dorénavant. Subissant les coups et la violence. Qu'importe, en épousant ce riche épicier, associé aux mafieux Solara, elle compte plus que jamais profiter de son nouveau statut...

L'on retrouve avec plaisir Elena et Lila, ces deux amies d'enfance à la fois attachantes et agaçantes. Deux amies nées au même moment dans ce quartier pauvre de Naples. Lila, la fonceuse, la brune ténébreuse, arrogante et insolente. Elena, la blonde, calme, angoissée et réfléchie. Une amitié fragile, faite d'amour et de désamour, d'illusions, de rancoeurs, de jalousies mais aussi d'admiration. Elena Ferrante nous offre un deuxième volet tout aussi passionnant que le premier, un roman en forme de parenthèse enchantée. L'auteur décrit avec précision, d'une part, cette Italie des années 60 qui nous plonge immédiatement dans une ambiance retro délectable, d'autre part, les sentiments, les sensations et les pensées des deux jeunes femmes, désireuses de vivre comme bon leur semble, d'échapper à leur milieu social. Une saga passionnante, habilement menée, riche et âpre.

Merci pour le prêt, Cécile...
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Je ne ferai pas un trop long commentaire, car tout a été dit mais tant pis……… ;
C'est la suite romanesque, addictive, passionnante, percutante, qui incite à une réflexion intense sur cette période du parcours de Lila Cerullo et Elena Greco, des adolescentes inséparables dont les destins vont bifurquer.
Nous traversons avec elles les années 60 à Naples : mafieuse, miséreuse, gangrénée par la Camorra, où le déterminisme social n'est pas un vain mot.
Les deux jeunes filles choisissent un destin bien différent pour tenter d'échapper à la pauvreté des bas quartiers et à la soumission patriarcale.
Lila, provocante, brillante, abandonne l'école pour se marier à un homme riche……
Elena poursuit ses études et rompt avec le passé en quittant Naples.
L'auteur décrit un monde où les filles n'ont guère le choix : soit ressembler à leur mère et subir la violence des hommes, s'épuiser entre l'usine et la cuisine, soit s'échapper et sans cesse craindre de retomber pour toujours dans cet univers familial oppressant, restrictif, appauvrissant qui leur colle à la peau…
Lila se bat, royale, violente parfois, souffre et fonce sans trop réfléchir ….
Elena, traine, sans le vouloir sa culpabilité de classe, cherche à se défaire de son accent et de ses vêtements pour le moins modestes…
A travers des descriptions précises, un style vivant, charnel, à la fois simple et épuré, l'auteur révèle avec une acuité remarquable les jalousies déchirantes, les colères, les non- dits, les violences insensées, les délires sexuels qui confinent au dégoût, les affections et revirements, les abandons et les retrouvailles dans une ville gangrénée, souillée, infiltrée de façon insidieuse par la Camorra !
Cette fiction politique intime, d'une sensibilité époustouflante, ce travail intense sur les sentiments et les tensions au coeur de cette Italie du sud, cette écriture lumineuse ne nous lâchent pas un instant.
Un plaisir infini, pétri d'émotions riches et diverses, une réflexion rare sur une société napolitaine cloisonnée par l'éducation et l'origine sociale oppressantes !
Lila et Elena n'ont pas fini de payer leur dû à une liberté qui vaut de l'or !
Vivement les deux autres tomes !
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Le soir même de ses noces, Lila découvre que son mari l'a trahie en s'associant aux camorristes Marcello et Michele Solara. Désormais elle n'éprouve que mépris pour Stefano mais le jeune homme compte bien profiter de ses prérogatives d'époux. le cauchemar commence pour l'adolescente de 16 ans à peine, prisonnière d'un mariage sans amour et d'une vie sans saveur. de son côté, Elena poursuit ses études au lycée et son amourette avec Antonio. Studieuse et persévérante, elle s'accroche malgré les difficultés et le sentiment oppressant de ne pas être à sa place. Les deux amies voient leurs chemins se séparer. Elles se retrouvent pourtant le temps d'un été, sur l'île d'Ischia, Lila pour prendre des forces et enfin tomber enceinte et Elena pour se rapprocher de Nino dont elle est secrètement amoureuse depuis l'enfance. Les choses vont prendre un tour différent et, les vacances terminées, Lila retourne à sa vie de femme mariée tandis qu'Elena quitte Naples pour Pise et l'Ecole normale. Toujours amies, toujours rivales, les deux jeunes femmes ne cessent de se quitter, se retrouver, se jalouser, s'aimer, se détester, unies par leur soif de reconnaissance et leur besoin de s'accomplir.

Quel plaisir de retrouver l'Italie, Naples, Lila et Elena ! C'est cette dernière qui continue de raconter cette amitié hors du commun, ce lien indéfectible qui se tend et se distend mais reste solide malgré la rivalité, la jalousie et les séparations. Car l'entrée dans l'âge adulte les éloigne l'une de l'autre. Lila, privée de lycée par un père traditionaliste, a choisi le confort du mariage pour sortir de la misère. Mais si l'argent semble couler à flots pour son épicier de mari, le bonheur conjugal n'est pas au rendez-vous. Lila, toujours rebelle, rejette un mari qu'elle méprise et encaisse les coups dont il n'est pas avare pour soumettre cette épouse qu'il ne comprend pas. Loin de ces soucis domestiques, Elena se débat avec sa difficile intégration dans un monde qui n'est pas le sien. Elle travaille sans relâche pour améliorer son italien, perdre son accent napolitain, faire semblant de maîtriser des sujets auxquels elle n'entend rien. Ce faisant elle s'éloigne de son quartier, de ses amis, de sa famille, de ses racines.
Dans ce deuxième tome, Lila semble perdre pied. Elle reste obstinée et combative mais se flétrit dans un mariage fait de haine et de violence. Son chemin de vie est chaotique, scandaleux, dangereux. A l'inverse, la trajectoire d'Elena suit une ligne droite et semble tracé vers le succès. Pourtant, toutes deux ont en commun les doutes, la peur de l'échec, la certitude qu'elles sont capables de beaucoup mêlée au sentiment qu'elles resteront toujours les filles misérables de leur quartier d'origine. En cela, le roman d'Elena Ferrante est terriblement moderne. On pourrait sans problème le transposer de nos jours dans une banlieue quelconque et aborder les mêmes thématiques : milieu violent et machiste, pauvreté, désir de s'en échapper, peur de trahir ses origines, etc.
Le coup de coeur se confirme et on brûle maintenant de connaître la suite du parcours des deux jeunes femmes et de leur amitié si particulière.
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Ce nouveau nom ne serait-il pas encore plus prodigieux que son amical tome précédent ? Il me semble bien que si !

Lila et Lenu ont grandi, l'une s'est mariée, l'autre a étudié. Elles sont restées amies, mais aussi et surtout rivales, chacune réalisant dans sa vie les rêves secrets de l'autre... Troublante, leur histoire n'en est pas moins passionnante, tant elles vivent d'aventures, réelles ou intérieures : l'amour, la violence, les complexes et la peur de ne jamais trouver sa place, la folie d'oser, la création littéraire ou cordonnière, le renoncement, la découverte du monde, la richesse et la pauvreté, l'euphorie et le désespoir.

Qu'on soit besogneuse ou fantasque, prudente ou brillante, heureuse ou en plein doute, on ne peut que se reconnaître dans leurs parcours et leurs émotions. Car elles sont comme nous, la dolce vita ou la dure vita napolitaines des Années Soixante en plus ! Vivement le tome 3...
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Le nouveau nom, c'est celui de Lila, désormais Mme Carraci, que l'on avait quittée à la fin du premier tome au soir de ses noces. Un jour de fête ruiné lorsque Lila comprit que son mari l'avait trahie en s'associant avec les frères Solara, mafieux ayant la mainmise sur tout le quartier. Malgré sa haine, Lila garde la tête haute. Après tout, elle a voulu ce mariage un peu par affection, beaucoup parce qu'il est censé l'extirper enfin de la pauvreté de son enfance. Son amie Elena rêve aussi d'ascenseur social mais utilise d'autres moyens : elle continue ses études, au lycée puis à l'université à Pise.
Un été, Lila et Elena se retrouvent en vacances ensemble à Ischia. Sous le soleil brûlant, Lila découvre l'amour et la passion, au grand dam d'Elena. Une passion dévorante, qui ne fera qu'aggraver la tendance de Lila à l'auto-destruction.
Pendant ces quelques années de leur entrée dans l'âge adulte, les deux jeunes femmes ne se voient pas souvent. Elena évite même Lila et son côté toxique, égoïste et injuste. Elle veut à tout prix atteindre son but : être la meilleure, la plus cultivée, pouvoir briller en société. Mais le parcours d'Elena est laborieux. Non seulement elle souffre depuis toujours d'un complexe d'infériorité vis-à-vis de Lila, qu'elle croit plus intelligente, plus brillante, plus belle qu'elle, mais elle ne se trouve nulle part à sa place. Dans les milieux bourgeois, aisés et cultivés qu'elle fréquente à Pise, elle est persuadée d'être un imposteur, un rat de bibliothèque qui bûche ses livres et en régurgite le contenu sans réellement en avoir saisi le sens et sans savoir comment valoriser ses connaissances. Et au quartier, on est fier d'elle mais elle se sent désormais étrangère à cette vie. Une Annie Ernaux napolitaine atteinte de névrose de classe... Quant à l'amour et à la passion, ils lui échappent toujours...
L'époque n'est donc pas vraiment à la joie. Les tentatives d'émancipation par le mariage ou les études ne sont pas une évidence dans une société machiste où la femme devrait être confinée au foyer. Mais Lila et Elena sont obstinées. Lila, flamboyante, incohérente, instable mais impériale jusque dans la déchéance, et Elena, effacée, travailleuse acharnée et complexée, qui réussit pourtant au-delà de toutes ses propres espérances.
Ce deuxième tome se dévore ; il est difficile de s'arrêter au milieu de ce torrent de mots qui parlent d'amitié, d'amour, de haine, de jalousie et de violence. Les tourments des deux amies et leurs relations avec les autres personnages sont décortiquées avec une grande finesse. Une plongée passionnante, dense et mouvementée dans l'Italie des années 60 et dans les esprits de deux jeunes femmes en quête de liberté.
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Avez-vous déjà expérimenté une amitié toxique ? Une amitié qui vous bouffe, qui vous fait perdre le nord, qui vous enchaine et vous tyrannise ?
C'est le sentiment que j'ai ressenti ici, dans ce 2e tome d'Elena Ferrante.
En effet, les deux amies dont Elena est la narratrice entretiennent une relation toxique, du moins c'est mon sentiment.
Lila est une jeune fille qui se marie à 16 ans, qui abandonne donc ses études, qui est battue par son mari. Difficile à vivre, cela !
Mais elle-même est difficile à vivre, insupportable même. Pour rien au monde je ne voudrais l'avoir comme amie. Elle se regarde le nombril, elle manipule, et elle le fait très bien, car elle est très intelligente. Très belle aussi, et dangereuse.
Elena ne sait plus sur quel pied danser, et se sent même inférieure à Lila, Elena qui entame des études et les réussit. Elena qui est réputée comme l'intellectuelle de ce quartier de Naples où se débat une population pauvre parmi les mauvais garçons (nous sommes dans les années 50) et la Camorra, cette pieuvre qui enlace et étouffe par le pouvoir de l'argent.

Brutalités, femmes maltraitées mais soumises, déformées par les maternités, pauvreté extrême, folie, dépression, disputes et rixes, rumeurs malveillantes, mise au pilori des femmes qui osent s'opposer à la domination masculine, comme Lila : tout ceci vous donne un petit aperçu de l'ambiance de ce roman.
Mais il y a l'amour ! Ah là là, que de ravages fait-il déferler sur tout ce petit monde, particulièrement sur Lila et Elena !
Les études sauvent, mais qui peut s'y consacrer ? Elena l'ose, quoiqu'elle reste marquée par son origine, par son accent, par sa famille.

Comment ce climat délétère évoluera-t-il ? Il me faudra lire le tome 3 pour faire connaissance avec l'âge adulte de ces deux amies. Oui, je suis déterminée à me le procurer.

Merci, Magali, pour ce cadeau. Après la lecture du premier opus, j'avais décidé d'attendre et peut-être même de ne pas entamer la suite. Mais cette suite m'a électrisée et m'a fait réagir de bien des manières, car il y a un tel imbroglio dans les relations humaines, que ce soit familiales, amoureuses, ou amicales, que j'ai eu l'impression d'être plongée jusqu'au cou dans une mare de boue sous un ciel lumineux.
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Elena m'accueille à nouveau au mariage de Lila, furieuse contre son mari. Après ses chaussures offertes à Marcello, Lila s'interroge sur le caractère d'un mari qu'elle ne connaît pas vraiment. Lenù épie les réactions de son amie.
Ce second tome, qui couvre les années soixante, débute alors que les deux amies sont âgées de 16 ans, Lila est mariée, les amours de Lenù sont chaotiques. Alors que Lila part en voyage de noce, Lenù prépare sa rentrée au Lycée. Elena raconte les existences, très différentes, des deux amies qui, parfois restent de longues périodes sans aucun contact. Elena a terminé, avec succès, ses études à l'École Normale. Lors d'un dîner, elle offre à Pietro, son fiancé, le cahier dans lequel elle a écrit son premier roman. Au final, son livre est édité, sur la couverture, son nom : Elena Greco. Lors de la première présentation de son roman, parmi les journalistes et les critiques, elle reconnaît Nino, l'ami aimé en secret.
Que nous réserve Elena dans le troisième opus ?
Elena Ferrante excelle dans l'art de susciter l'envie de connaître la suite des aventures de ses protagonistes.

Challenge Pavés 2017 Edition spéciale contre l'illettrisme – L'amie prodigieuse II – Le nouveau nom ~ Elena Ferrante – 623 pages
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La saga de l'Amie prodigieuse est à la croisée de deux de mes "marronniers" de critique littéraire : le best-seller et la saga.

Je m'interroge régulièrement sur le niveau réel de ces livres au succès de vente impressionnant. Pour le coup ici, je valide vraiment le choix du public, car il y a une vrai qualité littéraire, une recherche dans la construction de l'histoire, un parti pris tenu de bout en bout, au-delà d'un simple page-turner, que le best-seller est quasiment forcé d'être pour le devenir. On vient flatter certains instincts du lecteur grégaire, mais on le fait avec classe et panache.

Pour les sagas, je mesure parfois l'intérêt au temps que je mets entre chaque tome (ici très court pour moi car moins d'un an, mais tenant à tellement de hasards que je ne sais pas si je dois chercher à l'interpréter.... quoi que nous cherchons tellement souvent à interpréter le hasard que pourquoi pas !) et je m'interroge sur la construction, le découpage, le travail de l'auteur pour faciliter la lecture du deuxième tome. Ici, c'est assez intelligent puisque le livre reprend exactement où le premier avait fini, pas d'ellipse, pas de saut dans le temps.... puisqu'on est même au jour près, une certaine soirée de mariage. Et comme il s'agit d'un mariage, on est aussi à un moment charnière de basculement, celui du fameux nouveau nom qui donne son titre à l'ouvrage. Et pour ce qui est d'aider le lecteur, le récapitulatif des différentes familles du quartier en début de tome (comme pour le tome 1) est une aide indispensable pour guider dans le foisonnement des personnage.

J'ai vraiment été bluffé par la construction narrative et comment elle est utilisée par l'auteur (ou les auteurs, le mystère sur ce pseudonyme et ce qu'il recouvre perdure... en tout cas il me semble... oui après vérification, pas de nouveaux scoops). Les deux personnages principaux , les deux amies, incarnent à la fois deux personnalités bien distinctes : l'exubérante, la colérique, l'instable, la flamboyante d'un côté ; la studieuse, la timide, l'effacée, la bien sage de l'autre.... mais aussi des choix cruciaux aux carrefours que la vie mets sur notre chemin. Si le premier tome explorait particulièrement l'enfance-adolescence et le choix de poursuivre ou non les études, ce deuxième tome s'ouvre et déroule les conséquences de ce choix particulier du basculement dans l'âge adulte, le mariage ou pas. Mais alors que les frontières semblent bien tracées et délimitées, tout le jeu est ensuite de brouiller les pistes, de montrer que rien n'est évidemment jamais aussi simple. L'effet est paradoxalement double: j'avoue à la fois détester régulièrement les deux héroïnes... et m'attacher en même temps fortement à elles.

Ce petit jeu du chat et de la souris entre auteur et lecteur est renforcé par le choix qui fait d'une des deux la narratrice, et de l'autre du même coup un personnage qui réapparait au gré des tempêtes de cette amitié instable. Alors qu'on accompagne Elena, narratrice et sans doute auteure (par la force du prénom commun), qu'on en devient presque elle par son omniprésence, on perd régulièrement Lila de vue, elle n'apparaît parfois qu'au coin de la rue, avant qu'on la retrouve de plein fouet, comme si on lui rentrait dedans, jamais tout en douceur, à l'image du personnage. Et le jeu est même renforcé ici par ces cahiers écrits par Lila, dont on nous annonce l'existence dès le début du tome alors qu'Elena ne les découvre que plusieurs années après, et dont on ne nous dévoile les informations qu'ils contiennent qu'au compte-goutte, quand la narratrice décide qu'il est intéressant de les évoquer, parfois en plus pour contredire totalement tout ce qu'elle pensait elle-même de son amie juste avant. On enrage parfois joyeusement de cette faon de nous mener par le bout du nez, comme dans un jeu de colin-maillard ou l'arbitre nous relèverait de temps en temps le bandeau en se moquant en plus de notre maladresse.

Au delà de ces diverses astuces, les thèmes abordées sont également très intéressants: la société italienne des années 1960, et plus particulièrement celle de Naples, encore plus dans la tradition familiale, comme elle le reste encore aujourd'hui il me semble ; les rapports hommes-femmes dans ce contexte, empreints évidemment d'emprise, de machisme, de violence, d'amour aussi mais souvent bancal, inégal, intermittent, fragile... ; les engouements politiques, les enjeux de pouvoir économiques, le monde adulte qui bouleverse les équilibres précaires construits dans l'enfance, une bande d'enfants emportés par la vie.

Tout ce tableau est servi par un style fluide qui convient bien au projet, un style qui ne sacrifie pas à la facilité une certaine richesse de construction, et c'est tant mieux. Je ne garantis pas que j'enchainerais rapidement sur la suite, j'ai souvent trop peur de me lasser et préfère prendre risque de me perdre quand je reprendrais le fil.
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