AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le sermon sur la chute de Rome (216)

il fallait se détourner des questions morales et politiques, gangrenées par le poison de l'actualité, et se réfugier dans les déserts arides de la métaphysique, en compagnie d'auteurs dont il est exclu qu'ils s'attirent un jour la souillure de l'intérêt journalistique.
Commenter  J’apprécie          140
Mais nous savons ceci : pour qu'un monde nouveau surgisse, il faut d'abord que meure un monde ancien. Et nous savons aussi que l'intervalle qui les sépare peut être infiniment court ou au contraire si long que les hommes doivent apprendre pendant des dizaines d'années à vivre dans la désolation pour découvrir immanquablement qu'ils en sont incapables et qu'au bout du compte ils n'ont pas vécu.
Commenter  J’apprécie          140
Ange-Marie Ordioni descendit de la bergerie surplombant la forêt de Vaddi Mali dans laquelle il menait avec sa femme une vie sauvage de chasseur néolithique. Il était chaussé de brodequins italiens et portait une veste militaire dont il avait décousu les insignes et les galons. En plein hiver, son unique paire de chaussures s'était mise à partir en lambeaux, il lui avait été impossible de les raccommoder et il n'avait pas d'argent pour s'en acheter de nouveaux. Il lui avait semblé tout naturel de se servir sur l'occupant mais il lui avait fallu du temps pour trouver une paire à sa taille car, en dépit de sa stature d'homme des cavernes, il avait des pieds ridiculement petits. Un responsable du Front national hurla qu'il était un imbécile et un inconscient et qu'il devrait le faire fusiller sur- le -champ mais Ange-Marie le regarda froidement et lui répondit qu'il ferait mieux de se taire. En montagne, il fallait de bonnes chaussures.

(p.80)
Commenter  J’apprécie          131
Ce que l'homme fait, l'homme le détruit.
Commenter  J’apprécie          120
Et Marie-Angèle, en servant une autre tournée de pastis dans des verres si pleins qu’il n’y restait plus de place pour l’eau…
Commenter  J’apprécie          120
... car il ne s'agissait ici que d'exercer avec une délectation répugnante un pouvoir qui ne se manifestait que dans les caprices de son arbitraire, le pouvoir des minables et des faibles, dont le type en chemisette était le représentant parfait, avec le sourire idiot et suffisant qu'il lui adressait du haut de la citadelle imprenable de sa bêtise.
Commenter  J’apprécie          120
_ Je le sais bien que tu es triste. Mais ça ne sert à rien, tu comprends. Ta tristesse ne sert à rien, ni à personne. C'est trop tard.
Commenter  J’apprécie          120
Il allait se rendre compte qu'il lui était impossible, absolument impossible, d'une impossibilité radicale et définitive, de laisser mourir son père sans lui faire l'aumône d'une seule visite, même si cette visite devait être infiniment moins agréable que ce qui faisait le quotidien de sa vie de con, la bringue, et le cul, et la bêtise crasse dans laquelle il se vautrait comme un porc dans son fumier,
Commenter  J’apprécie          120
Un démon rôdait sans cesse autour de lui, dont ses parents redoutaient la victoire,mais Marcel savait qu'il ne vaincrait pas... Marcel finirait toujours par se relever, même s'il sentait toujours dans son estomac la présence d'une main à l'affût qui attendait d'en déchirer les parois délicates du bout de ses doigts trancheants, car telle devait être la vie qui lui avait été donnée, constamment menacée et constamment triomphante. Il ménageait ses forces, ses affections, ses émerveillements.

(p.18)
Commenter  J’apprécie          110
- Et surtout, faut pas niquer les serveuses, hein ? Les gens, ils viennent pas pour claquer leur fric chez vous pour vous voir niquer les serveuses ! Vous, vous pouvez niquer les clientes, mais pas les serveuses.
Annie était bien d'accord, dans la vie, on pouvait se permettre des tas de choses mais, quand on tenait un bar, jamais, au grand jamais, il ne fallait niquer les serveuses. Matthieu et Libero assurèrent qu'une telle horreur ne leur avait jamais traversé l'esprit.
Ils eurent la surprise de constater dès le lendemain qu'Annie, dont l'efficacité était par ailleurs irréprochable, semblait avoir conservé de ses anciennes fonctions la curieuse habitude d'accueillir chaque représentant du sexe masculin qui poussait la porte du bar d'une caresse, furtive mais appuyée, sur les couilles. Nul n'échappait à la palpation. Elle s'approchait du nouvel arrivant, tout sourire, et lui faisait deux grosses bises claquantes sur les joues tandis que de la main gauche, comme si de rien n'était, elle explorait son entrejambe en repliant légèrement les doigts. Le premier à faire les frais de cette manie fut Virgile Ordioni, qui arrivait les bras chargés de charcuterie. Il devint cramoisi, eut un rire bref, et resta debout dans la salle sans trop savoir quoi faire. Matthieu et Libero avaient d'abord pensé demander à Annie d'essayer de se montrer moins immédiatement amicale mais personne ne se plaignait, bien au contraire, les hommes du village faisaient plusieurs apparitions quotidiennes au bar, ils y venaient même pendant les heures habituellement creuses, les chasseurs abrégeaient leurs battues et Virgile mettait un point d'honneur à descendre tous les jours de la montagne, ne serait-ce que pour boire un café, si bien que Matthieu et Libero gardèrent le silence, non sans louer intérieurement la clairvoyante Annie dont l'immense sagesse avait percé à jour la simplicité de l'âme masculine.
Commenter  J’apprécie          111






    Lecteurs (3681) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3671 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}