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Citations sur Le sermon sur la chute de Rome (216)

Le démiurge n'est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu'il construit un monde, il fait une oeuvre d'homme, pierre après pierre, et bientôt, sa création lui échappe et le dépasse et s'il ne la détruit pas, c'est elle qui le détruit.
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... il ne pouvait pas s'avancer dans le grand hall de la Sorbonne sans se sentir empli de la fierté craintive qui signale la présence des dieux. Il emmenait avec lui sa mère illettrée, ses frères cultivateurs ou bergers, tous ses ancêtres prisonniers de la nuit païenne de la Barbaggia (*) qui tressaillaient de joie au fond de leurs tombeaux. Il croyait à l'éternité des choses éternelles, à leur noblesse inaltérable, inscrite au ciel haut et pur. Et il cessa d'y croire ...

(*) Région de la Sardaigne
(p.60 : un berger à la Sorbonne)

... il était absolument manifeste que l'Université n'était pour lui qu'une étape nécessaire mais insignifiante sur un chemin qui devait le mener vers la consécration des plateaux de télévision ou il avilirait publiquement , en compagnie de ses semblables, le nom de la philosophie, sous l'oeil attendri de journalistes incultes et ravis, car le journalisme et le commerce tenaient maintenant lieu de pensée...

(p.61 : le jeune normalien prof.d'éthique, Protagoras cynique et ambitieux, scandalisant l'étudiant idéaliste)

Un livre comme une malle emplie de perles et de diamants ...
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A table, près de Jeanne-Marie, Marcel mangeait en fermant les yeux pour rejoindre Jean-Baptiste sur des océans fabuleux, là où glissaient les jonques des pirates, dans des villes païennes pleines de chants, de fumée et de cris, et dans des forêts parfumées peuplées d'animaux sauvages et d'indigènes redoutables qui regarderaient son frère avec respect et terreur comme s'il était l'Archange invincible, le destructeur des fléaux, à nouveau dévoué au salut des hommes, et, au catéchisme, il écoutait sans rien dire les mensonges de l'évangéliste car il savait ce qu'était une apocalypse et il savait qu'à la fin du monde le ciel ne s'ouvrait pas, qu'il n'y avait ni cavaliers ni trompettes ni nombre de la bête, aucun monstre, mais seulement le silence, si bien qu'on pouvait croire qu'il ne s'était rien passé.
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Ce monde là ne perdurait qu'ainsi, à mi-chemin de l'existence et du néant, et Matthieu l'y maintenait soigneusement , dans un réseau complexe d'actes inaccomplis, de désir, de répulsion et de chair impalpable, sans savoir que, des années plus tard, la chute du monde qu'il allait bientôt choisir de faire exister le ramènerait vers Judith comme vers un foyer perdu, et qu'il se reprocherait alors de s'être si cruellement trompé de destin.

(p.53)
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Il faut vivre et se hâter d'oublier, il faut laisser la lumière estomper le contour des tombeaux.
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Aurélie rappela Matthieu qui fut soulagé et lui reprocha presque d'avoir dressé un tableau apocalyptique d'une situation parfaitement maîtrisée. Elle ne se donna pas la peine de répondre.
- Alors, tu arrives quand ?
Matthieu lui fit remarquer qu'il n'y avait plus d'urgence et qu'il était très occupé par les préparatifs de la saison et puis s'il débarquait comme ca, brutalement, ca risquait d'inquiéter son père, pour rien, il croirait peut-être à une visite d'adieux, il fallait ménager son moral et Aurélie fut incapable de se contrôler plus longtemps, elle lui dit qu'il n'était qu'un petit con répugnant d'égoïsme, un petit con aveugle qui espérait au fond de lui que son aveuglement finirait par lui valoir l'absolution, mais que jamais il ne serait absous de ce qu'il était en train de faire, et s'il devait l'être, ce ne serait pas par elle, elle n'était pas leur mère qui persistait à voir en lui un chérubin qu'il fallait préserver coûte que coûte d'une douloureuse confrontation avec les horreurs de l'existence, comme si c'était lui qui était au fond le plus à plaindre, comme si sa sensibilité à fleur de peau, l'exquise sensibilité qui était apparemment son privilège exclusif, le dispensait d'accomplir ses devoirs les plus fondamentaux, les plus sacrés, elle ne voulait même pas lui parler d'amour et de compassion, c'étaient des mots qu'il était incapable de comprendre ...

(pp.119-120)
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Ils eurent la surprise de constater dès le lendemain qu'Annie, dont l'efficacité était par ailleurs irréprochable, semblait avoir conservé de ses anciennes fonctions la curieuse habitude d'acceuillir chaque représentant du sexe masculin qui poussait la porte du bar d'une caresse, furtive mais appuyée, sur les couilles. Nul n'échappait à la palpation... Matthieu et Libero avaient d'abord pensé à demander à Annie d'essayer de se montrer moins immédiatement amicale mais personne ne se plaignait, bien au contraire, les hommes du village faisaient plusieures apparitions quotidiennes au bar, ils y venaient même pendant les heures habituellement creuses... si bien que Matthieu et Libero gardèrent le silence, non sans louer intérieurement la clairvoyante Annie dont l'immense sagesse avait percé à jour la simplicité de l'âme masculine.

(pp.98-99)
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Libero avait cessé de rêver depuis longtemps déjà. Il reconnaissait sa défaite et donnait son assentiment, un assentiment douloureux, total, désesperé, à la stupidité du monde.

(p.66)
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A présent qu'il a porté les siens en terre, l'un après l'autre, la mission harassante qu'il a accomplie doit échoir à un autre, et il attend que sa santé toujours chancelante et inaltérable soit finalement vaincue car, dans l'ordre fixé par l'état civil, son tour est maintenant venu de marcher seul au tombeau.
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Marcel rentra au village pour enterrer son père, puis sa mère, et il ne les pleura pas parce que la mort avait toujours été leur vocation et il était presque heureux qu'ils aient enfin pu répondre à un appel qu'ils avaient dû feindre si longtemps de ne pas entendre.
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