J'ai donc cédé à la tentation du dernier Astérix, et le griffon, de
Jean-Yves Ferri et Didier Conrad. 39ème album de la série, il est le premier à paraître après le décès de son deuxième créateur,
Albert Uderzo, en mars 2020. 5 millions d'albums imprimés en 17 langues, comme les deux précédents, on peut donc difficilement passer à côté. Dans ces cas-là je pense à mes amis dessinateurs et scénaristes de BD qui n'ont pas cette visibilité alors qu'ils sont bourrés de talent... bref...
Alors, ce nouvel album, que vaut-il finalement ? L'équipe Ferri/Conrad est seule à la manoeuvre depuis 2013, soit 5 BD en 8 ans. A la différence de certaines reprises, Lucky Luke, Blake et Mortimer, où plusieurs scénaristes et dessinateurs se succèdent, la continuité voulue et choisie par
Uderzo lui-même n'est peut-être pas plus mal. le dessin de Conrad est toujours aussi fidèle à celui d'
Uderzo qu'il est difficile de faire la différence. On le sent à l'aise devant la tribu de Gaulois. Cette fois, Astérix est envoyé dans le barbaricum, une région située à l'est de ce qui ne s'appelait pas encore l'Europe. Là-bas vivent les Sarmates, un peuple dont les femmes partent à la guerre et les hommes tiennent le village. En pleine culture woke... le chaman de la tribu, Kanteskondine, envoie un message subliminal à son ami Panoramix pour lui demander de l'aide contre les romains décidés à trouver le griffon, animal mythique et totem des sarmates. Nos amis arrivent sur place, et tout ne se passe pas comme prévu : Panoramix est enrhumé, Astérix ne peut pas utiliser la potion magique qui a gelé, Idéfix copine avec le loup de la tribu, et Obélix retient l'attention d'une farouche guerrière... Côté romain, le clin d'oeil est mis sur le géographe de César, Terinconnus, sous les traits d'
Houellebecq, mais aussi Dansonjus qui ressemble à Dupont-Moretti et Jolicursus inspiré par Christophe Castaner (même si Ferri dans une interview s'en défend en évoquant Paulie dans Rocky pour Dansonjus)
Comme tout album d'Astérix qui se respecte, on a forcément droit à quelques jeux de mots bien lourds, le running gag est ici lié aux guides scythes, avec une analogie avec le mot "site", ce qui nous vaut un scythe de rencontre, un scythe bloqué... je vous laisse découvrir la suite.
On notera le côté un peu plus fantastique de l'histoire, une fois n'est pas coutume, si l'on fait abstraction de l'album incongru le ciel lui tombe sur la tête d'
Uderzo qui est une véritable catastrophe. le côté un peu plus machiste d'Astérix également, devant une tribu matriarcale, et son obligation à se débrouiller sans sa précieuse potion.
Au final, Astérix et le griffon est un album plutôt réussi, pour ma part je l'aurai trouvé au-dessus de la fille de Vercingétorix et surtout de la Transitalique. Un bon album, inspiré et drôle, et en même temps presque plus sérieux par moment, même s'il ne parvient pas à faire oublier Goscinny...