Susannah, qui n’avait point entendu le pas de Brian de Lancester, se complaisait en la poésie de son chant. Pauvre païenne, elle jetait vers le ciel la mélodie catholique, et sa voix allait à Dieu comme un suave encens. Les mots sonores du beau langage d’Italie coulaient de sa bouche mêlés aux notes cristallines du piano dont les touches, sollicitées par ses doigts habiles, rendaient à flots l’harmonie et couvraient le chant à demi, comme ces dentelles brillantes au travers desquelles un gracieux visage paraît plus gracieux encore.
Brian écoutait et tâchait de retenir son souffle, mais il n’y pouvait point réussir, parce qu’il venait de fournir une course violente. Sa poitrine se soulevait malgré lui et l’effort qu’il faisait amenait à son front de grosses gouttes de sueur.
Mais il ne se sentait pas lui-même. Susannah était si belle en ce moment ! Il regardait ; il écoutait : cette voix magnifique, ce chant divin, cette beauté splendide et inspirée, tout cela le plongeait en une admiration pleine d’extase.
Les dernières vibrations de la voix de Susannah s’éteignirent sous une gerbe d’accords. Puis le piano se tut à son tour. La belle fille releva ses yeux émus et rencontra, dans la glace, les regards ardents de Lancester.
Elle tressaillit et devint pourpre, non pas de honte, mais de plaisir. Brian lui mit un baiser sur la main.
Ils s’assirent l’un près de l’autre sur le sofa et demeurèrent quelques secondes sans parler. Susannah était heureuse parce qu’elle voyait Brian. Brian subissait encore l’impression récente : il admirait silencieusement et du fond de l’âme.
— Je vous attendais, milord, dit enfin Susannah ; — voici la première fois que vous venez si tard !
"Il y a quelques années, « on » murmurait que Claude Mesplède pourrait bien recevoir la médaille des arts et des lettres. Et puisque qu' « on » m'avait demandé mon avis sur la question avant d'entamer les démarches afférentes à ce genre de circonstances, j'avais indiqué que Claude ne voulait de médaille d'aucune sorte. Il avait déjà refusé celle du travail malgré ses 40 années de labeur à Air France !
Ce que Claude aurait aimé, c'est le prix Paul Féval de littérature populaire. Mais ce prix n'est attribué qu'à des auteurs qui écrivent des romans populaires. Lui, écrivait À PROPOS des romans populaires et donc, n'entrait pas dans cette catégorie.
Aussi voir naître, grâce à Quais du Polar que je remercie très sincèrement, un prix portant le nom de Claude Mesplède qui récompensera au choix : essai, ouvrage historique, correspondance, document, enquête, traduction, édition originale d'oeuvres complètes ou inédites, traductions nouvelles ou encore travaux académiques et universitaires… c'est énorme !
Et c'est finalement, en honorant sa mémoire, un joli retournement du sort. Claude aurait très fier qu'un prix porte son nom et sûrement un peu ébahi devant tant d'honneur.
Et que celles ou ceux qui comptent écrire sur l'oeuvre de Paul Féval se mettent au travail très vite. On ne sait jamais..." - Ida Mesplède
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