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Vincent Raynaud (Traducteur)
EAN : 9782755700954
370 pages
Panama (15/09/2006)
3.89/5   9 notes
Résumé :

Désormais adulte, Harry (son nom dans la clandestinité, emprunté au magicien Houdini) se souvient du coup d'Etat de la dictature des généraux en Argentine.

Il avait dix ans et son frère, le Lutin, cinq, quand leurs parents les ont retirés de l'école pour fuir Buenos Aires, et vivre clandestinement à la campagne. Leur père était avocat et défenseur de prisonniers politiques, leur mère universitaire et chercheuse, tous deux menacés par le r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un matin d'Avril 1976, le monde bascule pour Harry, 10 ans, et son petit frère, dit le Lutin, 5 ans, tous deux fils d'un avocat et d'une universitaire. Raison : parents dans le collimateur de la junte de Videla qui, le 24 Mars, vient de renverser le gouvernement d'Isabel Peron, la troisième épouse du celèbre président Peron.

Sortis de classe en plein cours sans repasser par la case maison, la famille s'installe à la campagne, non loin de Buenos Aires, dans une planque. Une nouvelle vie de quelques semaines commence alors, nouvelle identité pour tous, nouvelle école pour les enfants, répétitions de stratégie "branle-bas de combat" en cas d'urgence, questions réponses, correctes incorrectes....

Mais autour de quoi tourne le monde quand on a 10 et 5 ans ? Ses séries télé, ses copains, ses magazines, ses jeux pour l'un, son doudou Dingo, son pyjama, son Nesquik, sa tasse à bec verseur pour l'autre... Ouf, presque tout cela peut se racheter, sauf les copains évidemment. Même la vieille 2 CV tient le coup, ce qui permet quelques escapades, loin de là, chez les grands-parents. La vie reprend son cours même si la situation ne fait qu'empirer pour la liberté des adultes jusqu'au jour où la planque n'est plus sûre et où les parents doivent se résoudre à mettre les enfants à l'abri.

Ne vous fiez pas aux premières lignes qui pourraient vous faire croire qu'on va tomber dans le pathos. Il n'en est rien. Grâce aux ressources dont savent faire preuve les enfants, Harry, le Lutin toujours dans son sillage, va traverser ces quelques semaines en s'appuyant sur ce qui a toujours fait son univers, les superhéros, le jeu Risk, le feuilleton Les Envahisseurs, dont père et fils sont fans, et Harry Houdini, le célèbre magicien évasionniste, dont il découvre les exploits dans un livre abandonné sur une armoire sans doute par les précédents occupants de la maison, et dont il se met en tête d'égaler les exploits.

Beaucoup d'humour vous attend malgré la gravité du sujet. J'ai adoré le choix de la nouvelle identité de la famille, le père devient David Vicente, hommage aux Envahisseurs, le Lutin choisit Simon, comme Simon Templar, faut dire que le petit fait une fixette sur les saints, et Harry, comme Harry Houdini. La mère deviendra Flavia mais ne veut pas donner la raison de son choix....

De l'originalité dans la présentation du roman dont les parties se décomposent comme les heures d'un emploi du temps d'écolier en écho aux changements que tous vont rencontrer.

Des références à la mythologie et ses héros, au cinéma, aux grandes questions de l'univers, des portraits drôles et touchants comme seuls les enfants peuvent en faire (la grand-mère Mathilde est hilarante et la relation qu'Harry noue avec Lucas Tout Court, jeune clandestin qui rejoint la famille à la campagne, très émouvante). Bref une délicieuse parenthèse avant la tourmente, se dire l'essentiel, se dévoiler, oser, Risker imaginer un ailleurs et un avenir, loin là-bas comme au Kamchatka sur le plateau d'un jeu.

Un joli roman d'initiation qu'il ne faut pas laisser passer. le narrateur sait nous faire partager avec justesse et pudeur les ressentis des enfants, tout en sous-entendus, mêlant habilement au passé son regard d'adulte. Je souhaiterais que l'imaginaire soit encore ce qu'on ne peut ôter aux hommes.

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Argentine, 1976 : le narrateur, Harry dans la clandestinité, retrace l'hiver qu'il a vécu, âgé de dix ans, à la campagne, près de Buenos Aires, peu après le coup d'état militaire : ses parents engagés dans la défense des prisonniers politiques et menacés par le nouveau régime, doivent arracher leur deux fils de 5 et 10 ans à leur vie d'enfants heureux et gâtés pour les installer dans la clandestinité, mais en sauvegardant l‘humour, l'optimisme et la tendresse, malgré des conditions matérielles plus difficiles.
Ecrit en de très courts chapitres, ce roman à la première personne, évoque cet hiver, le dernier qu'Harry passera avec ses parents, avec à la fois le regard d'un enfant, et celui de l'adulte qu'il est devenu, plein de fraîcheur et d'une sagesse malicieuse, profonde sous son apparente simplicité. Voulant rendre hommage à ses parents et à leur amour, l'auteur nous offre un chef d'oeuvre d'humour, de tendresse et de pudeur.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le fait que [les enseignants de San Roque] continuent à travailler jour après jour est un affront pour les puissants de ce monde, qui encouragent l'ignorance des masses parce qu'il savent que c'est la condition de leur survie: ils nous veulent mous, léthargiques et dociles. Quoi qu'il en soit, je pense que la raison principale pour laquelle on inflige à des enseignants de maigres salaires et des buts chimériques est ailleurs, plus misérable et donc inavouée. Un enseignant est quelqu'un qui a choisit de passer sa vie à allumer chez les autres l'étincelle qu'on a allumée chez lui dans son enfance: transmettre ce qu'il a reçu, en le multipliant. Pour les puissants de ce monde, qui ont tout reçu dans leur enfance et à présent volent tout, la logique de ce choix est obscène, c'est un miroir dans lequel ils ne veulent pas se regarder et qu'ils brisent donc pour fuir le scandale.
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Tu ne peux pas continuer à te replier sur toi-même. Je sais que souffrir c'est moche, à qui ça plaît ? On voudrait tous avoir une armure qui nous protège contre la douleur. Mais quand on construit un mur pour se protéger de ce qui vient du dehors, on finit par se retrouver enfermé. Ne t'enferme pas, trésor. Il vaut mieux souffrir que ne plus rien ressentir. Si tu vis avec une armure, tu manqueras toutes les belles choses !... Promets-moi une chose, promets-moi de ne pas les manquer. De ne pas les laisser passer. Pas une seule. Promis ?
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En règle générale, la réalité et ses détails sont plus invraisemblables que n'importe quelle fiction. Quel écrivain pourrait inventer le varan de Komodo, les amygdales ou la manière étrange dont nous nous reproduisons? Quelle imagination pourrait concevoir les récifs de corail à partir de petits animaux qui produisent des crottes calcaires? Qui aurait le courage d'accepter un monde comme le nôtre, dominé par les descendants des crapauds, grenouilles, salamandres et tritons?
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Papa faisait partie de ces gens qui s'asseyent pour regarder le journal télévisé et admonestent l'écran comme s'il pouvait les entendre. Puis disent que les soliloques shakespeariens sont artificiels. Quelle différence y a-t-il entre Hamlet parlant à un crâne et papa parlant à la télé?
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Pour la première fois, je comprenais qu'être du côté du bien ne garantissait pas une fin heureuse. C'était comme si quelque chose avait éliminé d'un coup la force de gravitation : j'ai cessé d'être attaché à la Terre, le haut s'est converti en un bas infini. Tomber était une phrase sans point final. […] Ma tardive éducation religieuse a fait l'impossible pour me fournir une consolation. Nos bonnes oeuvres nous vaudraient une fin heureuse... après la fin.
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