Thérapie

B: Comment vous sentiez-vous juste après la tragédie?
L: J'étais mort. Je respirais certes, encore, je buvais et mangeais de temps à autre. Il m'arrivait même de dormir une ou deux heures par nuit. Mais je n'existais plus. Je suis mort le jour où Joséphine a disparu.

Viktor frissonna et remonta vite l'escalier en se frottant les mains.Un courant d'air avait presque entierement refermé la porte de chene, qu'il dut rouvrir à grand-peine.Il y était à peine parvenu qu'il s'immobilisa.
Le bruit.Il l'entendait à nouveau.Et cette fois, cela ne venait pas de l'extérieur, mais du salon.
Qu'elle que fut son identité, la personne qui cherchait à attirer son attention n'était plus devant la porte.Elle se trouvait déjà dans la maison...

Quels seront les prochains personnages à venir peupler vos cauchemars ?

Jim Beam et son compère Jack Daniels avaient été ces dernières années les seuls patients avec lesquels il avait eu de longues conversations. Tellement longues que, certains jours, il ne pensait plus qu'à une seule chose : le moment où il boirait la gorgée suivante.
Dans un premier temps, Isabel avait essayé de le détourner de l'alcool. Elle le raisonnait et l'encourageait, pleine de compassion. Puis elle s'était mise à le supplier.
Plus tard, après de nombreuses scènes de ménage, elle avait fait ce que toutes les associations d'entraide conseillent aux proches des personnes alcooliques : elle l'avait laissé tomber.
Elle était partie à l'hôtel sans crier gare et n'avait plus donné signe de vie. Il ne s'était rendu compte de son départ qu'après avoir terminé sa dernière bouteille, alors qu'il n'avait plus la force de parcourir tout seul le chemin qui le séparait de la station-service.

Chapitre 11

Plus tard après

La vérité est comme un puzzle, à ceci près que le nombre d'éléments qui la constituent n'est pas connu à l'avance. Or elle ne peut apparaître qu'une fois que tous les morceaux de la mosaïque ont été assemblés.

— Tu sais quoi, Viktor ? L'espoir, c'est comme un éclat de verre planté dans ton pied. Tant qu'il reste planté dans ta chair, il te fait souffrir à chaque pas. Tandis que si on te l'enlèves, ça saignera pendant un moment, prendra un bout de temps avant que la plaie soit guérie, mais, au bout du compte, tu pourras réapprendre à marcher normalement. C'est ce qu'on appelle le deuil. (...)

- Juste pour vérifier que je te suis bien...
Viktor pouvait aisément imaginer la tête du corpulent détective privé qui lui parlait à l'autre bout de la ligne. Il l'avait appelé aussitôt après le départ d'Anna.
- Tu dis qu'une malade mentale est venue te voir à Parkum sans prévenir ?
- Oui.
- Et cette femme prétend être poursuivie par des personnages de romans qu'elle a elle-même inventés ?
- C'est à peu près ça.
- Et je suis censé vérifier si les hallucinations de cette mademoiselle... euh...
- Désolé, Kai, mais je ne te révélerai son nom que si c'est absolument nécessaire.

Mon espoir aussi est maintenant enfermé sous une cloche emplie de brouillard. C'est comme si j'étais assailli à mon tour par les mêmes symptômes que mon père. Une maladie.contagieuse. Sauf que le.cancer ne s'attaque pas à mes.ganglions, mais à ma raison, et que ses métastases prolifèrent dans mon âme.

Et, d'un coup, tout devint clair. Durant un bref instant, il comprit ce qui s'était passé. L'horrible vérité lui apparut de manière fugitive, comme dans un rêve.Et elle lui échappa tout aussi vite.

« L'espoir, c'est comme un éclat de verre planté dans ton pied. Tant qu'il reste enfoncé dans ta chair, il te fait souffrir à chaque pas.
Tandis que si on te l'enlève, ça saignera pendant un moment, ça prendra un bout de temps avant que la plaie soit guérie, mais, au bout du compte, tu pourras réapprendre à marcher normalement. C'est ce qu'on appelle le deuil. »