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3,79

sur 318 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sur les pas d'une famille, autour d'une mère, Édith, frappée par une maladie incurable, Carole Fives (Tenir jusqu'à l'aube, Térébenthine) mène un roman choral riche d'enseignements et plein d'une humanité éloquente.
Avec Simon, leur père, et Édith, se retrouvent Audrey, Anna, Jeanne et Théo, leurs enfants. L'autrice leur donne la parole et ce sont leurs interventions, leurs pensées qui se succèdent tout au long du livre, permettant de comprendre leur histoire et de suivre leur parcours.
Juste avant de perdre le contrôle de ses pensées et de sa vie, Édith a choisi de mourir. Comme cela est encore interdit en France, elle pense à la Belgique mais choisit la Suisse pour éviter un trop long déplacement.
Si Édith, après avoir été infirmière, est devenue avocate, se dévouant souvent bénévolement pour défendre les plus démunis. Son mari, Simon, comme Audrey, Anna et Théo, est médecin. Seule Jeanne, l'artiste de la famille, a fait les Beaux Arts. Simon et Théo sont généralistes, Audrey obstétricienne et Anna bosse en soins palliatifs et soigne les plus malades en prison ainsi que les sans-papiers. Une pareille famille de médecins, cela doit être plutôt rare…
Peut-être que Carole Fives a choisi ce même métier pour bien nous faire comprendre toute la profondeur du choix d'Édith, un choix qui va être débattu, contesté et finalement accepté devant la détermination de la principale concernée.
Alors, sur un rythme non linéaire, chacune et chacun s'exprime, fait remonter des souvenirs, parfois des rancoeurs, des jalousies et me fait partager le voyage en Peugeot sept places, comme avant, depuis la gare de Lyon Part-Dieu, jusqu'à Bâle, en Suisse.
Pourtant, chacun sait que, partis à six, ils ne seront que cinq au retour. Édith, bien comprise enfin, prouve que, pour elle, il ne s'agit pas d'une pulsion de mort mais, d'une leçon de liberté. En effet, quand le moment décisif arrive, toutes les précautions sont prises, les mêmes questions sont posées, la scène est filmée.
Impossible de ne pas être ému par cette séquence familiale, cette fin décidée et assumée, cette mort qui fait partie de la vie et qui nous attend tous. Simon continuera sa vie seul. Audrey, Anna, Jeanne et Théo retrouveront leur vie familiale, les petits-enfants d'Édith, une mère qu'ils auront accompagnée jusqu'au bout, en pleine conscience avant que la maladie ne détruise ses facultés cognitives. Il serait temps qu'en France, des décisions soient prises pour éviter de laisser aux seules familles ayant les moyens la possibilité de se payer cette fin de vie, cette mort assumée.
Le jour et l'heure fait partie des huit livres sélectionnés pour le Prix de Lecteurs des 2 Rives 2024.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Un roman qui traite du suicide assisté mais vu par ceux qui restent.
Sa résonnance émotionnelle n'a rien à voir avec « La dernière leçon » de Noëlle Châtelet, mais il donne à réfléchir malgré tout.
J'ai trouvé intéressant que l'auteure mette en scène une famille de professionnels médicaux, comme un pied-de-nez à leurs fréquents réquisitoires contre ces pratiques.
Il y a aussi une mise en perspective particulière de la mort : paradoxalement les enfants ont beau être vraiment touchés et concernés par ce suicide programmé, ils sont aussi envahis par les choses du quotidien, par leurs préoccupations personnelles, par la vie qui avance et qu'on ne peut pas « mettre sur pause »…
J'ai d'abord trouvé étrange et agaçant de les voir parasités par leurs petites existences dans un moment si critique, mais finalement c'était plutôt simple et rassurant de voir la mort ainsi replacée dans le flux des jours.
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Atteinte d'une maladie incurable, Edith a décidé de choisir le jour et l'heure de sa mort. Elle a demandé à son époux et ses quatre enfants de l'accompagner pour ce dernier voyage pour la Suisse.

D'elle, nous ne connaîtrons que par bribes ce que les cinq autres en disent, de quelle manière elle a influencé qui ils sont devenus. Son époux et trois de ses enfants ont choisi une carrière médicale, apprenant à défendre la vie coûte que coûte. Tous sont désormais témoins impuissants d'une mort volontaire assistée.

C'est ce pas de côté, le vécu des événements par les proches sur lesquels Carole Fives a choisi de s'attarder. Un texte plein d'humanité qui nous renvoie à nos propres choix.

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C'est un récit qui aborde avec sensibilité, humanité et délicatesse le sujet difficile de l'euthanasie. J'ai apprécié que l'autrice parvienne à évoquer ce sujet tabou sans sombrer dans le pathos.

La narration alternée entre les membres de la famille d'Édith offre une perspective intime et authentique. On plonge dans leurs souvenirs, leurs joies, leurs peines, mais surtout, on explore leur relation avec la mort imminente de leur mère et femme.

La plume fluide de l'autrice est sobre et délicate, Carole Fives réussit à créer une atmosphère où l'humour et l'humanité cohabitent avec la gravité de la situation. Les chapitres courts donnent du rythme, reflétant peut-être la course contre le temps à laquelle la famille se confronte.

Ce beau roman empreint de tendresse offre une réflexion sur la vie, sur notre rapport à la mort et à la liberté de choisir notre départ. Je l'ai beaucoup aimé.
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Le Livre du Mois de mars 2024
Grave sujet abordé dans ce roman choral, chaque accompagnateur du dernier voyage d'Édith s'exprime tour à tour.
Atteinte d'une maladie incurable, elle a choisi une fin de vie assistée. Toute la famille se rend en Suisse.
C'est un voyage tendre, plein de vie et de complicité, d'attention et d'amour.
Une belle leçon de liberté !
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Le jour et l'heure... D'une mort volontaire assistée. Voici le thème grave de ce roman.

Nous suivons une famille qui se retrouve pour le trajet ultime vers la « liberté». Ainsi, nous trouvons une famille qui se compose de Simon, le père, Édith la mère, Anna, Théo, Audrey et Jeanne leur progéniture. Nous voyageons avec eux et leurs pensées. Chacun doit faire face à la mort, dans 48h exactement, d'Édith. Souffrant d'une maladie dégénérative, elle ne veut pas la subir et ni l'affliger à sa famille. Elle prend le choix de partir pour la Suisse où son rendez-vous l'attend, le 13 Mars à 9h00.
Les chapitres sont courts, intenses, nous partageons ces dernières 48 heures non pas sous tension mais plutôt sous forme d'apaisement, de compréhension, de l'instant de la vie, de partage,de souvenirs... Nous apprenons de brève partie de vie sur chacun des protagonistes. Nous pouvons comprendre leurs pensées face à ce choix ultime. Aucun ne s'oppose, la famille est soudée.
Ce roman porte réellement à réfléchir sur le choix de la mort volontaire assistée car face à la maladie, la vieillesse, aux accidents divers entraînant de graves traumatismes, etc... Qu'aimerions nous?
Nous avons ce choix envers nos propres animaux domestiques afin d'éviter souffrance et agonie alors qu'ils n'ont pas de prise de parole. Mais en France nous ne pouvons avoir ce recours pour nous-même!
Je pense que bientôt nous y parviendrons et ce sera une très belle avancée. Car mourir avec dignité et au moment où on le souhaite, apporte sa propre liberté d'écoute mais également une liberté envers la famille ou le mot« subir» n'a plus lieu.
Juste avoir le choix...
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J'adore les romans chorals ! Et j'ai une admiration pour les auteurs qui parviennent à en écrire de bons. C'est bien le cas dans ce roman sur l'euthanasie. Edith se sait mourante et demande à ses quatres enfants de l'accompagner en Belgique pour l'assister dans ses derniers moments. Voilà, le décor est planté, on sent qu'on ne va pas rigoler. Et pourtant...tour à tour, les enfants prennent la parole, le mari aussi. Chacun racontera Edith, ses derniers instants oui, mais aussi sa vie, les souvenirs avec elle. C'est émouvant, drôle aussi parfois.

Les personnages sont très travaillés, criant de vérité avec leurs espoirs, leurs doutes, leurs failles, leur égoïsme et leur culpabilité.
Personnage intéressant, Edith. Elle a pensé à tout, tout préparé, s'est souciée du moindre détail. On peut se demander si ce n'est pas un peu trop...si tout cela ne fait pas peser un poids incroyable sur les épaules de sa famille. Et qu'est ce que je ferai, moi, dans sa situation ? Qu'est ce que je ferai si j'étais un de ses enfants ? La mort est, à mon sens, un sujet encore bien trop tabou, et ce livre aborde avec émotion et sincérité le deuil annoncé, la liberté d'avoir le choix.

Une bien jolie lecture.
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C'est un secret pour personne : je suis très sensible à la plume de Carole Fives. Je l'assume, j'aime l'univers et la réflexion de cette autrice. Il y a une quête à la fois narrative de rester authentique au plus près des questions de société et de faire réfléchir son lectorat.
Le jour et l'heure présente une famille de six adultes (un couple parental et leurs quatre enfants), leurs derniers moments ensemble. le jour et l'heure montre l'itinéraire de cette famille vers le lieu ultime : celui de la fin de vie de la mère (Édith), elle qui a décidé de sa mort, de vivre ses derniers instants, entourée des siens. 


Carole Fives est une écrivaine subtile : elle ne choisit pas au hasard ce clan de professionnels de la médecine qui pourtant se montrent démunis face à leurs sentiments, leur douleur de l'abandon, face à ce deuil programmé de longue date et qui tarde à arriver. Parce qu'au-delà du choix d'Édith, tous aussi cheminent (les souvenirs d'enfance jaillissent, la mémoire familiale qui a construit leur unité, leurs chemins de traverse, leurs réflexions).
Le jour et l'heure pose la question de la mort assistée, non pas d'un point de vue éthique (ce qui est un choix opérant de la part de Carole Fives qui allège ainsi son écrit d'un côté moralisateur), mais d'un point de vue familial, des liens familiaux que cette mort annoncée opère, des conséquences qu'elle induit dans la vie des autres.
Et le questionnement est intéressant : 
* d'un point de vue de la personne qui décide cette mort assistée : elle vide elle-même ses placards, elle est dans le contrôle du déroulement de sa fin de vie,  d'une certaine façon elle se libère et vit plus légèrement cette étape qui n'aurait été que cumul de douleurs atroces liées à sa maladie (cancer incurable) et aux traitements pour prolonger sa survie. Mais la volonté affichée par Édith devient quelque chose qu'elle impose à ses proches et jusqu'au bout, ils n'auront pas le choix. Et c'est là que la volonté d'Édith d'imposer la présence des siens à son dernier souffle montre aussi une forme d'égoïsme, parce que c'est aussi leur imposer ses tout derniers moments, cette dernière image de pompage,... c'est aussi un risque de les traumatiser. Parce que tout le monde n'a pas la même distanciation ni le même cheminement face à cette mort voulue.
* du point de vue de ses proches, mis au courant de cette date : leur vie pour certains se cristallise à cette date, c'est alors une forme de compte-à-rebours qui s'opère entre le moment où ils connaissent la date choisie et la mort réelle, ce compte-à-rebours qui les empêche de profiter de l'instant présent parce qu'ils se projettent déjà dans un avenir plus ou moins proche où le monde sera sans Édith, et ces moments d'intimité peuvent alors devenir douleur (celle qui renvoie au manque déjà) alors que la personne est bien présente. 
J'ai beaucoup aimé le jour et l'heure qui diffuse aussi le quotidien professionnel et personnel de cette fratrie (une presque sororité avec un singleton masculin entouré de trois frangines), les divers parcours de vie. Mine de rien, Carole Fives aborde aussi la violence psychique au sein du couple, les cadences infernales du monde hospitalier, le travail en prison...  
Le jour et l'heure nous propose une polyphonie de témoignages, une réflexion sur la vie et la mort. Cet écrit n'est pas gai mais il n'est pas non plus plombant et surtout il permet de réfléchir sur sa propre vie et sur la façon de l'achever en cas de maladie incurable. J'ai énormément aimé ce récit parce qu'il m'a confronté à la réflexion de la mort, à ce que j'ai vécu ces six dernières années : la mort de trois très proches suite à un cancer incurable ou un affaiblissement inélectuable du corps. Dans deux situations, deux proches ont vécu les pires souffrances pour "prolonger la survie et préparer son fils et sa famille à sa mort" pour l'une, "pour s'autoflageller" pour l'autre (très très pieuse et un brin masochiste) ; et clairement leur déchéance physique a surtout aidé leurs survivants à se préparer intellectuellement au futur décès (mais que de souffrance, que de souffrance pour cela !). Dans le troisième cas, le combat de la maladie a été vain, la mort a surpris tout le monde (sauf peut-être le corps médical) mais il est clair que le combat qui aura duré 10 ans et pendant lequel il y a eu des hauts et des bas aura permis de préparer la famille à accepter le décès en temps voulu. En fait, je crois que si je me savais malade incurable, je choisirais comme Édith la mort assistée mais je n'imposerais pas tout à ma famille, sauf si elle le souhaite. 
Sur le même thème : l'écrivaine Noëlle Châtelet a écrit le très beau La dernière leçon.
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Une histoire de famille, une histoire de fin de vie, un suicide assisté. Voilà encore un livre fort de carole Fives où elle excelle à nous raconter les gens, les drames petits ou plus mordants.
Dans ces pages ce sont plusieurs voix qui s'entremêlent pour dire l'accompagnement de la mère pour ses derniers moments de vie. Un long voyage en voiture pour cette femme qui est arrivée au seuil de la déchéance et n'accepte pas d'aller plus avant.
Un livre d'amour, le père et mari, les enfants. Chacun raconte sa vision de leur vie commune, les souvenirs heureux, les ressentiments.
C'est juste doux, sans pathos mais avec de l'émotion que l'auteure nous entraine dans ce voyage sans retour. Un livre fort comme sait les écrire Carole Fives, elle nous parle sans fioriture du quotidien. Des liens qui unissent et de la vie qui blesse.
"C'est une simple formalité" Etonnant de justesse et de sensibilité. Un livre fort qui m'a fait penser au film Quelques heures de printemps où Hélène Vincent, en mère courage et discrète, prenait la même route que l'héroïne du roman.
J'aime beaucoup l'écriture et le thème des romans de Carole Fives. Il m'en reste encore quelques un à découvrir ou à relire.
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Roman choral : Edith a choisi le jour et l'heure de sa mort pour partir dignement. Ses proches racontent.

J'aime vraiment l'idée de ce livre.
J'aime l'idée que la mort fait partie de la vie.
J'aime lever les tabous, petit à petit.

112 pages de roman c'est trop court. Comme la vie, non ? La fin arrive trop vite, on en voudrait plus, mais on en a bien profité quand même.

Pas de mélo, de tristesse, de voyeurisme.
Juste la vie.
Super roman.
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