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EAN : 9782847421958
119 pages
Le Passage (23/08/2012)
3.46/5   116 notes
Résumé :
Certains pensent que le divorce, ça ne sépare que les adultes.
Années 80. Déferlante rose sur la France. Première grosse vague de divorces aussi.
A la télé, Gainsbourg, Benny Hill et le Top 50.
Un frère et une sœur sont éloignés. Vacances, calendriers, zone A, zone B. La séparation est vécue différemment par chacun. Chacun son film, sa version, le père, la mère, la sœur. Chacun sa chanson.
Un seul se tait, le cadet. Lui, ne parle pas, ... >Voir plus
Que lire après Que nos vies aient l'air d'un film parfaitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Une bien triste histoire que nous offre ici Carole Fives.
Quand le divorce déchire toute une famille et la plonge dans l'angoisse la plus totale. La mère est psychologiquement atteinte, folle diraient certains, dépressive diraient d'autres. le père quitte le bateau.
Deux enfants, Tom 8 ans et sa soeur.
Trois voix sont données, la mère, le père et la soeur au nom de Tom.
On va lire les souffrances de chacun, la nouvelle place dans cette famille désunie qui est difficile à trouver, la frontière entre l'amour et la folie est infime. Les enfants sont pris en otage, parfois rejetés, d'autres fois abandonnés et puis repris.
C'est un roman très triste où l'espoir ne perce pas, où la sagesse semble oubliée.
Un fait bien d'actualité malheureusement avec bon nombre d'enfants qui triment quand les parents ne s'aiment plus.

Un chouïa déçue par ce roman qui m'a moins convaincue que les précédents de Carole Fives. On y retrouve pas mal de rappels musicaux qui veulent donner un ton plus léger au sujet grave mais les faits restent dérangeants avec nulle éclaircie pour sauver l'enfance. Malgré tout, la plume parvient tout de même à percer, la sensibilité étant un point fort de Carole Fives.
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Tom est un enfant du divorce, dans les années 80 - un précurseur :
« Notre famille n'est qu'une des premières sur la longue liste des divorces à venir, qui les toucheront eux aussi bien sûr, qui les toucheront tôt ou tard, qui n'épargneront personne. »
Pas facile d'essuyer les plâtres : les autres jugent, et on se sent coupable - c'est forcément de notre faute si nos parents ne s'aiment plus, ne se supportent plus.
Et quoi qu'il en soit, quel que soit le regard des autres, ça fait mal : « Après, il y a encore eu des moments bien sûr, des petits bouts d'enfance ça et là, mais rien n'a plus été pareil. Après, tout a pris un goût de perte et d'abandon. »

Récit en polyphonie : le père, la mère, et une troisième personne qui s'adresse à ce « toi, petit frère », le plus touché par la séparation chaotique, violente.

Je viens de 'découvrir' cette auteur, et c'est le troisième livre d'elle que je lis en dix jours.
Carole Fives me chamboule, et comme je suis maso, j'ai envie de me plonger dans tous ses textes, sans attendre.
Elle me fait penser à Delphine de Vigan. Les sujets qui leur tiennent à coeur sont proches : mères malades ('folles' ou épuisées), pères dépassés ou absents, crises familiales, enfants en souffrance, frères et soeurs solidaires et/ou rivaux...
Mais la part autobiographique est moins revendiquée.
Ses textes sont courts, son écriture est sensible et percutante, ça frappe où ça fait mal, en pleine face, en plein coeur et au fond des tripes.

Et si Carole Fives ouvre cet ouvrage sur ces mots de Nathalie Sarraute :
« Ce que nous ressentons n'est inscrit nulle part ».
Je proteste : grâce à elle, je trouve noir sur blanc et finement observés/formulés beaucoup de mes sentiments...

Beau texte douloureux, et jolie fin qui donne un autre sens à la voix de la troisième personne - peut-être encore plus bouleversant ?
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"Nous avons quelque chose à vous annoncer" avertit le père avant que, la mère et lui, n'assènent à leurs enfants leur éminente séparation.
Et là, ce sera la dégringolade, car la mère déjà fragile perd les pédales, manigance, monte la tête aux enfants,fait du chantage au mari,est internée,perd la garde,vit dans des squatts,use de stratagèmes sournois,récupère son fils,déménage dans le sud,devient hippie, fréquente une secte...
Que nos vies aient l'air d'un film parfait évoque le douloureux déchirement parental vu à travers les yeux d'une fille ainée, porteuse d'un secret culpabilisant, qui écrit une longue lettre (je vois ce récit ainsi bien qu'il soit fragmenté selon le point de vue des narrateurs) à son "petit frère" Tom devenu grand et perdu de vue. Elle lui rend les souvenirs qu'il a effacé de sa mémoire et prend tour à tour le rôle du père qui a fait ce qu'il a pu face à une femme malade, déséquilibrée,en manque de béquilles,vengeresse...folle. Et de la mère mal aimée dans son enfance,inconsciente,affichant ses préférences délibérément et rejetant la "fille à papa".
Carole Fives analyse de façon implacable la culpabilité,les ressentiments et la haine engendrés par un divorce non accepté. Après le déchirement parental, c'est le déchirement des enfants et le déchirement intérieur.
Que nos vies aient l'air d'un film parfait montre que l'enfant enjeu,l'enfant objet,l'enfant comblant le vide parental et l'enfant rejeté ne sont que des rôles imposés à un enfant sans défense pour donner le change. Il essaye de s'en sortir comme il peut avec les armes qu'il a ou en claquant la porte.Mais la majorité est parfois loin à atteindre.Que d'années de froideur et de silences faut-il alors endurer!
Ce roman est vraiment bouleversant! Il est d'actualité puisque les sondages annoncent un divorce sur trois mariages! Mieux vaut donc le réussir? Mais peut-on réussir ce qui est déjà un échec en soi? On pense bien sûr, bien que traitée différemment, à la violence de Kramer contre Kramer (où une mère veut récupérer la garde de son fils) de Avery Corman. J'ai pensé surtout (car c'est fort bien écrit, loin du best-seller américain basique) à la petite Natacha d'Enfances de Nathalie Sarraute. Jalouse et rejetée dans le passé, empreinte de culpabilité et demandeuse d'amour dans le présent, la narratrice serait-elle de même une diseuse de maux?
Carole Fives (plasticienne et écrivaine) est également l'auteur d'un recueil de nouvelles: Quand nous serons heureux qui a obtenu le prix Technikart en 2010 et de textes pour la jeunesse.
Que nos vies aient l'air d'un film parfait est son premier roman.
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Histoire triste d'un divorce et de sa suite,années 80. Un récit polyphonique, où tour à tour, le pére , la mère et la soeur donnent leur version des faits. le seul à ne pas s'exprimer, est le cadet,Tom,trop petit.
La mère, déjà fragile psychologiquement dû à une malheureuse enfance, s'enfonce progressivement avec le temps. le pére essait de refaire sa vie, pas facile. Entretemps, ce seront les deux enfants finalement,séparés,qui paieront le plus lourd tribu...
Terrible, quand on écoute chaque partie, tout ce qui est mal compris, mal exprimé, non exprimé, et ses conséquences désastreuses. Terrible, cette quête d'amour de tout ces êtres , alors qu'ils n'arrivent ni à en donner, ni à en montrer.
Beaucoup de livres ont été écrits sur ce sujet, mais la particularité de ce livre extrêmement émouvant est sa construction et son style d'écriture simple, au ton juste.
Trés belle lecture!
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Ce livre décrit les dommages collatéraux du divorce sur les enfants.
Le portrait des adultes qui n'arrivent pas à faire la part entre leurs déchirements personnels et leur rôle de parents défaillants, de même que les ballottements liés aux vacances scolaires, n'ont peut être rien d'original.
En revanche, la place et la parole données aux enfants, et la façon dont ils vivent respectivement la séparation, est beaucoup plus singulière.
Tout d'abord, l'aînée, dont le prénom n'est jamais dévoilé, s'exprime abondamment. Manipulée par une mère psychologiquement fragile, elle conduit son frère à vivre avec leur mère, alors qu'elle reste avec son père. A la séparation des parents, s'ajoutent donc la séparation des enfants et l‘abandon par la soeur de son frère. Elle s'en voudra d'ailleurs toujours.
Reste le petit frère qui lui est nommé, Tom. Il subit en silence les choix des autres membres de la famille. Il ne s'exprime en effet pas dans ce livre, sauf en clôture de celui-ci, sous la forme d'une lettre adressée, adulte, à sa soeur. Il y dévoile qu'il a nié son enfance et opté une vie totalement libre, à la fois d'attaches familiales, et d'attaches de lieu.
Une belle leçon, en 119 pages seulement, sur le lien fraternel et sur la force salvatrice de la liberté.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
On nous enverra chez des psychologues chez qui nous nous sentirons stupides car nous ne parviendrons ni à parler, ni à dessiner. Pas un dessin, pas même un pauvre dessin avec un foyer en feu ou une mère flagada, rien. Une séance, deux séances, trois séances sans mot dire. Les spécialistes en concluront que nous avons sans doute besoin d'un peu de temps pour traverser cette période difficile, revenez plutôt nous voir dans quelques mois. Nos parents seront soulagés d'entendre résonner ces mots, 'traverser une période difficile', c'est toujours rassurant d'entendre un professionnel poser ses termes, même simples, sur nos vies chaotiques, et mettre un sens là où il n'y en a aucun.
(p. 94)
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Un père, normalement, c'est fort, ça repousse les méchants et les extraterrestres. Pas le tien. Lorsqu'il te déposera sur une aire d'autoroute ou à une station de gare [pour que tu rejoignes ta mère], tu lui en voudras. Tu devrais l'insulter, te révolter, mais tu ne pourras rien faire face à ses larmes, tu as hérité d'un père larmoyant, et toute ta vie tu resteras désemparé face aux larmes et à la tristesse, toute ta vie tu céderas devant elles. Et cette colère qui grandit en toi, au fond, tout au fond, qui ne doit faire de mal à personne, surtout, qui ne doit atteindre ni ta mère, si fragile, ni ton père, si triste. Ta colère tu la garderas pour toi, elle ne regardera que toi, débrouille-toi avec elle petit Tom, ta colère, sache qu'elle n'intéresse personne.
(p. 96-97)
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La séparation entre les enfants, je n'y ai pas pensé à l'époque. Ça me surprend aujourd'hui quand je vois des enfants entre eux, quand je les vois jouer, ou même se disputer. Moi, j'ai été séparée de mon frère quand il est parti en pension, j'avais quatre ans [lui, dix ans]. J'en ai beaucoup souffert parce que alors je me suis retrouvée seule face à mes parents. Sans allié. Encore un peu plus seule. Même si mon frère, il se moquait toujours de moi. Il me disait que je n'étais capable de rien. Il était très jaloux. Les frères et soeurs entre eux, c'est bien connu, ça ne se fait pas de cadeaux.
(p. 64)
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C'est dans ton regard que j'ai grandi, Tom, parce que c'est dans tes yeux que j'étais grande. Une grande soeur. Celle qui retient son souffle et relève le front pour ne surtout pas montrer qu'elle aussi, souvent, a les chocottes. Celle qui sait écrire son prénom, juste avant toi, celle qui trace le tien sur tes dessins et te jauge d'un air tantôt tendre, tantôt catastrophé. Mais le jour où tu es parti, devant qui je pouvais frimer, Tom ? Pour qui j'existais, moi, après ?
(p. 83-84)
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On donnera le change pendant le vacances de Noël, on leur montrera à tous que merci, ça va très bien, la vie continue. Mais c'est nous-mêmes que nous essaierons de persuader. On passe encore Noël ensemble après tout, qu'est-ce qui a changé depuis l'an dernier? Nous sommes là, en face de vous, les mêmes cousins et vous allez voir que que nous n'avons rien perdu de notre sens de la répartie. Croyez-vous que nous allons nous étaler devant vous comme deux flaques? Ne vous inquiétez pas, nous avons déjà appris à nous protéger. Ne vous inquiétez pas, nous avons déjà appris à nous taire.
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Vidéo de Carole Fives
« Moi, je ne réalisais pas vraiment ce qu'on allait faire là-bas. On vivait minute par minute, et c'est ça la vie, finalement, c'est : minute par minute, le reste, c'est du vent. »
Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent.
Paru aux éditions JC Lattès en août 2023.
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