Il n'y a pas que Disney qui est autorisé à faire des parodies de
Pinocchio.
Foerster c'est d'abord un style unique, un mélange de l'horreur comique des Contes de la Crypte, les gros nez belges rigolos, les décors de
Fritz Lang et les drames sociaux d'
Hector Malot.
Loin de l'Italie festive et hospitalière, on est là dans un décor bien sinistre authentiquement franco-belge, une société divisée
en famille de consanguins qui règnent en maîtres, et en
sans-famille esseulés qui pleurent dans les bars. Toute la tristesse du nord de la France dont la wallonie n'est qu'une province, nos chers arriérés inaptes à créer du lien social en dehors de la famille, ce pourquoi l'héroïne n'a pas d'autre compagnie que sa poupée, jusqu'au jour où elle transforme une mandragore en marionnette géante.
Son
Pinocchio est un bébé géant, qui ne demande que de la tendresse, mais ne connaissant pas sa force, dès qu'il tente de caresser les animaux et les enfants, il les broie, ce qui vaut à lui et sa "Gepetta" de vivre en cavale, traqués par les familles des victimes. On est donc bien dans l'univers "comédie d'horreur" de
Philippe Foerster.
Pour une fois, chose rare chez Foerster, on a une forme de happy-end. La morale du
Pinocchio de
Collodi, c'est que, quitte à rester pauvre, autant devenir un respectable travailleur comme Gepetto plutôt qu'un voleur. La morale du pastiche par Foerster, c'est que quitte à rester un
sans-famille, autant être un pilier de bar sociable qui raconte des histoires, plutôt qu'une sorcière qui crée des monstres.
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