Le siècle, tome 1 : La chute des géants

C'est avec regret et un petit mélange de tristesse et de colère que j'ai fini par abandonner ce livre au bout du premier tiers.

Tristesse parce que je me faisais une joie de me plonger dans cette saga historique : Ken Follet a la réputation de bien se documenter en amont pour préparer ses romans historiques; l'idée de lire un suite de bons gros romans retraçant l'histoire du XXème siècle par le biais de la petite histoire dans la grande était très excitante.
J'avais bien apprécié "les Piliers de la terre" et partais confiante, bien que ce petit quelque chose de mécanique dans l'écriture du suivant, "Un monde sans fin", m'ait mis la puce à l'oreille.

Colère parce qu'avec " la Chute des géants", j'ai eu le sentiment que sur ce coup-là Ken Follet a 'préparé' la construction de la structure romanesque au-delà de l'excès, à la limite du mépris du lecteur.

Ce n'est pas un bouquin à lire, mais un produit à consommer.
Ce n'est plus une écriture mécanique, mais carrément de la production industrialisée d'effets romanesques à répétition qu'on subit dans ce livre :
Toutes les 3 pages, en alternance : du suspens, de la violence, du cul. de préférence en fin de la page de droite pour susciter l'envie de passer à la suivante.

Genre (ne vérifiez pas, j'imagine - et j'exagère un poil :-)

- page 12, séquence suspens, Tadaaa! : "comment allait-il donc se sortir de ce mauvais..." (suite page suivante)
- page 15, séquence violence, Grrrr! : "de toute sa force, il lança son poing sur..." (suite page suivante)
- page 18, séquence sexe : Mmmmh : "le souffle court, elle se jeta sur.." (suite page suivante)

Et cette pesante mécanique est délayée ad nauseum :

La belle aristocrate rebelle se languit de savoir pages 140, 149 et 158 (toutes les 9 pages, séquence suspens, vous suivez? :-) ) si le beau caporal mobilisé sur le front va survivre.
Il revient, et la voilà qui gêmit pages 231, 240 et 249 se demandant s'il l'aimeuuh.
Je me suis arrêtée au premier tiers mais j'imagine qu'au bout d'un suspens intenable distillé pages 722, 731, 740... 874 : ils se marient.

Insupportable!

Je regrette encore d'avoir fermé avant la fin ce livre qui aurait pu être un grand plaisir de lecture, mais s'est avéré un machin standardisé que sa trame grossièrement apparente rend illisible.

Ken, s'il te plait, lâche un peu la technique, et ECRIS UN LIVRE!! Tu vendras certes moins, mais tu trouveras ce que tu es censé chercher en tant qu'écrivain : un public de lecteurs, pas de consommateurs.

Bon, c'est décidé: j'arrête. Page 200 et je m'ennuie. C'est même pire que cela: je rage à chaque page. Ecriture d'une pauvreté affligeante, péripéties tellement invraisemblables que cela en est grotesque, scènes stupides extraites sans doute de la liste que l'auteur a dû faire avant de commencer: "les indispensables à placer à tout prix pour plaire à tous publics". Je n'irai même pas jusqu'à la description de la guerre(moi qui suis pourtant une passionnée de cette époque): j'ai peur de hurler à chaque page. Ce livre n'est même pas ce pourquoi je l'avais choisi, une de ces sagas qu'on a plaisir à dévorer sans complexes en période estivale, porté par la flamme romanesque. Pourtant, la plupart des personnages avaient de quoi plaire, ils étaient pour certains même attachants. On en viendrait presqu'à dire " mais que font-ils dans cette galère?" J'avais apprécié "les piliers de la terre" et souhaitais renouveler le plaisir selon les mêmes critères. Belle déception et si l'art (la littérature en est un) ne joue plus son rôle de pendant à opposer à la médiocrité, découragement! le livre, produit de consommation à formater selon les études de marché des merchandisers? Quelle tristesse!

Il semble (je caricature) que seuls les Gallois se soient battus contre les Allemands, et que la Grande Guerre se résume à la bataille de la Somme.... Voilà à quoi pourrait se résumer ce livre dont le contenu est noyé dans 90 % de pages dédiées au récit à l'eau de rose, à la violence et au sexe.

Grande décision ! j'abandonne !!!
Je suis à la page 300 environ et ça fait bien 100 pages que je me pose la question: j'arrête ou je continue? C'est dire que ce livre ne m'apporte pas de bonnes vibrations...
Pourquoi?
Plein de petits détails qui auraient pu faire pencher la balance du bon ou du mauvais coté. J'adore les sagas familiales mais là, je suis perdue par le nombre de pages à tourner avant de poursuivre le destin des familles tant cette saga est diluée dans l'histoire.
L'angle de décryptage et l'angle de vue britannique de l'arrivée de la 1ère guerre mondiale me rend la lecture ennuyante car je suis pas du tout intéressée par le fonctionnement de la politique anglaise du début du XXème siècle. J'ai fait des efforts et me suis dit : hmmm...la diplomatie, voilà un truc que tu ne connais pas! tiens, tiens, tu vas découvrir un peu! Mais non, ça le fait pas, je m'ennuie!
Les prémices de la guerre qui sont décrits en long...en large...en travers...me donnent le cafard...bah, oui...:-(
Je suis pas fière...d'autant plus que j'en ai encore au moins 1 de cet auteur dans ma PAL et que dans un autre contexte ( qui ne soit pas estival, pas sous Trump, etc...) j'aurai pu apprécié vraiment ce livre.
Et puis, les pages sont si fines...j'en tourne 2 chaque fois...grrr...trop long, démoralisant...

Un jour ce genre de livre sera fait par un ordinateur.Il suffit de lui mettre les faits historiques, une trame, qui lui dit de former des couples qui se séparent à cause des faits et qui se retrouvent en fin d'ouvrage..... Quelques méchants quelques gentils et "entré"

Bof, bof ...........