Ce que l’on sème dans une plaie avant qu’elle ne se ferme donne une fleur captive qui ne meurt jamais.
« Norz comprit d’un coup. Nils avait voulu sauver Tobie. Il avait dessiné cette cicatrice sur son visage. Il s’était fait passer pour lui. Il avait interrompu la chasse de milliers d’hommes. Il s’était fait traîner trois heures durant sur l’écorce rugueuse pour faire gagner du temps à Tobie. Il avait livré sa peau pour celle de son ami. Ce que ressenti Norz était quelque chose de nouveau encore. Quelque chose qui fit cesser ses hurlements et ses larmes. Norz prit conscience du courage de son fils. Cet enfant qu’il n’avait jamais regardé vraiment, qu’il n’avait jamais écouté, son propre fils, était tout simplement un héros. »
Petit Arbre gonfla ses poumons de la blancheur aérienne de la nuit. Il aurait pu s'envoler.
La voix vivante de ses parents. Les yeux d'Elisha. C'était bien assez pour repartir à l'aventure. C'était assez pour redevenir Tobie Lolness.
"Il connaissait la double personnalité de sa mère. Même une plume d'ange peut crever un œil, si on la prend du mauvais côté." (p.183)
Sa vie s'était arrêtée quelques heures plus tôt, et il se demandait ce qu'il faisait encore là. Il se rappelait qu'on lui disait toujours cela quand il fourrait son nez partout : «Encore là, Tobie !». Et aujourd'hui, il se répétait à lui-même tout bas : «Encore là ?»
L'esprit de survie avait endormi ses douleurs et il courait sur les branches comme autrefois
(page56)
Une quoi ? interrogea encore Gus.
- Une amie.
Gus Alzan avait déjà entendu ce mot. Ami. Mais cela correspondait à une idée très vague pour lui. Une sorte de personne qui n'est ni le chef ni l'esclave de quelqu'un. un concept fumeux qui avait été à la mode, il y a longtemps.
Ils essayaient de lire une impression sur ses traits, mais, à ce moment précis, le visage de Sim était illisible. Il y passait tellement d'idées et de sentiments contraires qu'on aurait dit un livre entier oublié sous la pluie et dont toutes les pages mélangent leur encre.
Les scènes de joie, de colère, de tristesse, d'angoisse, d'espérance, de révolte, de honte, d'amour et de haine se superposent dans une flaque sombre.
Très beau roman sur les ravages de la peur qui conduisent les hommes à la lâcheté et la cruauté. Une réflexion très intéressante sur la fragilité de la nature et la nécessité de la protéger contre les puissants avides de renforcer leurs intérêts personnels au détriment de la préservation de l'équilibre de l'éco-système. A
" C'est la peur qui fait tomber. (...) Quand on vit dans la peur, on tombe à chaque pas. C'est la peur qui nous fait tomber.