Un compliment dit par un salopard, fait aussi plaisir qu'une bonne crème servie dans un cendrier sale.
Arrivés a Onessa en septembre , Tobie et ses parents comprirent très vite que le compte a rebours avant l'hiver avait commencé.
Ce jour là, Tobie comprit, en regardant Maïa, que quand on pleure quelqu un, on pleure aussi ce Qu il ne nous a pas donné.
Maïa pleurait la mère qu elle n avait jamais eue.
Voici que, comme par hasard, il n'avait plus envie de mourir.
C'est toujours ainsi quand c'est trop tard.
Il faut le savoir.
Tobie n'avait jamais été le grand frère de personne. Il le devint un peu à ce moment-là. Il se sentait responsable de cet enfant. Il ne lâcherait pas cette main tant qu'elle ne serait pas accrochée au cou d'une soeur ou d'une mère.
Cette simple responsabilité redonnait une direction à la vie de Tobie Lolness. Il n'était plus ce petit bout de tartine flottant dans un jus d'écorce noir, malmené par la vie.
-N'aie pas peur, je te ramène chez toi.
Il fit grimper l'enfant sur ses épaules et s'enfonça dans le marais.
Un jour où, dans la grotte du lac, Tobie disait à Elisha qu'il rêvait d'une autre vie, elle lui avait répondu :
- Tu n'as qu'une vie, Tobie. Elle te rejoindra toujours.
« Comme si, jusqu'au bout, on garde l'espoir d'un geste ou d'un mot qui rattraperait tout. »
L'action libère l'esprit.
Ils voulaient tous voir celui qui les avait fait courir, cet ennemi numéro un, ce criminel de treize ans, Tobie Lolness.
Lolness ne partageait pas les idées à la mode. Son livre sur les origines était plutôt mal accueilli. Il y racontait l'histoire de l'arbre comme celle d'un être vivant. Il disait que les feuilles n'étaient pas des plantes indépendantes, mais qu'elles représentaient les extrémités d'une immense force de vie. Ce qui avait choqué les lecteurs, c'est que ce livre sur les origines parlait en fait de l'avenir. Si l'arbre était vivant comme une forêt de mousse, il était terriblement fragile.