"Sodade", ce mélange de mélancolie et d'espoir, illustre le roman. Il puise sa source dans l'exil et le besoin de quitter un avenir tout tracé. Malgré la tristesse de l'éloignement, peut-on corriger son destin et espérer une vie meilleure ?
Trois générations de femmes originaires de Cap-Vert, fragiles mais déterminées souhaitent s'affranchir d'une fatalité qui pèse sur leurs épaules depuis trop longtemps.
- Mamé, la grand-mère de la narratrice, ouvre l'histoire alors qu'elle est enfant à Cap Vert, née le même jour que la célèbre chanteuse aux pieds nus,
Césaria Evora. La "Sodade" bercera sa vie. Après avoir été abandonnée par son mari, comme l'avait été sa propre mère et pour échapper à une vie triste et misérable où elle exerçait le métier de "voleuse de sable", elle part au Portugal puis en France avec sa fille Reine.
Mamé, après son décès, sera toujours présente par son charisme bienveillant.
- Reine souhaite étudier, mais comme Mamé, elle sera femme de ménage. La peur de l'échec est chez elle "une maladie héréditaire dont on ne guérit pas".
- Léna, née en France, dont l'enfance a été baignée des récits de ses origines capverdiennes, veut devenir pianiste. Aura-t-elle le droit d'être artiste dans cette famille où l'on ne se permet pas de rêver ? Grâce à son professeur, elle s'autorise à rêver au-delà du possible. Elle ne sait pas communiquer avec sa mère, elle veut créer sa propre identité.
Les hommes sont peu présents, comme le père de Léna, beaucoup cachent leur fragilité derrière une forme d'indifférence. D'autres personnages comme M. Selmach,le professeur de piano ou l'excentrique Me Patrick sont conciliants et généreux.
Les femmes sont passagères d'un pays à l'autre, d'une génération à l'autre, mais sont-elles passagères ou conductrices de leur vie?
Roman sur l'exil et la transmission. C'est un bel hommage à la musique, à l'écriture et à la solidarité, dans une langue tout en délicatesse, parsemée de tristesse.