Invincible Iron-Man, tome 6

Ce tome contient les épisodes 521 à 527 de la série, parus en 2012. Ce sont les derniers épisodes réalisés par l'équipe composée de Matt Fraction (scénario), Salvador Larroca (dessins) et Frank d'Armata (mise en couleurs).

Dans un territoire chinois proche de la Mongolie, Tony Stark est emprisonné par le Mandarin, sans possibilité d'utilisation de sa technologie Extremis ou rayon répulseur. Son entreprise Stark Resilient s'apprête à lancer un nouveau produit sur le marché destiné à supplanter le concept virtuel de nuages de donnés (e-cloud). Les affaires entre la famille Hammer (représentée par Justine, la mère, et Sasha, la fille) et l'armée des États-Unis sont florissantes. Ezekiel Stane est incarcéré dans le même établissement que Tony Stark. Un nouvel Iron Man à l'armure noire et argent veille au grain sur le sol des États-Unis. Pepper Potts souhaite pouvoir lui mettre le grappin dessus pour savoir comment cet individu a pu s'approprier la technologie Stark.

Fraction, Larroca et d'Armata ont pris en main la série d'Iron Man avec un nouveau numéro 1 en 2008. Ils ont réalisé (sans jamais manquer un épisode) 33 épisodes, avant que la série ne reprenne sa numérotation originelle avec l'épisode 500. Puis ils ont réalisé tous les épisodes de 500 à 527, toujours sans en manquer un seul, et même en rajoutant 1 ou 2 ".1" supplémentaires, soit plus de 60 épisodes en 5 ans. Évidemment arrivé à ce dernier tome de leur main, le lecteur sait à quoi s'attendre : Stark va trouver la faille dans les plans du criminel, il va reprendre le dessus et la série sera ramenée à son statu quo pour que l'équipe artistique suivante ait le champ libre. Effectivement le premier épisode rappelle la situation et sous-entend les étapes obligatoires à venir dans les 6 suivants. Pour le lecteur qui a tout suivi depuis le début, il n'y a pas de grande surprise ou de grande révélation à attendre de ces résolutions.

Mais dès le départ Fraction, Larroca et d'Armata ont créé un style de narration qui leur est propre et qui a fait tout le sel de ces 5 ans. Ils ont mis en avant l'aspect futuriste de Tony Stark, à la fois dans ses valeurs profondes, et dans l'approche visuelle à base de dessins faisant la part belle aux effets spéciaux de la mise en couleurs. le temps est venu pour eux de boucler la boucle. À nouveau, sur la base d'une trame fortement contrainte par l'obligation de clore leur passage de manière propre, ils abordent ce qui à leurs yeux fait la spécificité du personnage. de fait, le lecteur retrouve cette sensation de voir l'intelligence de Tony Stark à l'oeuvre, de contempler ces cellules grises fonctionner plus rapidement et plus efficacement que celles de son entourage. Ils réussissent à rendre crédible cet individu isolé des autres par son génie, ayant toujours plusieurs longueurs d'avance sur les autres (sous forme de projets déjà lancés), capable de s'adapter à toute nouvelle situation.

Matt Fraction met en scène la manière dont cette intelligence exceptionnelle permet à Stark de triompher de tout (même si l'effet d'une nouvelle technologie arrive de manière téléphonée au moment le plus opportun en termes dramatiques) et il arrive à le faire croire au lecteur, ce qui transforme cette fin classique en un moment de lecture très divertissant. Il évoque rapidement quelques thèmes principaux de son passage tels que l'ébranlement fondamental de ses convictions que fut Fear itself (à la fois dans une réplique de Stark, mais aussi par la présence de l'elfe noir Splitlip), la notion que les actions d'Iron Man ont des répercussions diplomatiques (intervention en Chine, lien avec le SHIELD), et plus inattendu la capacité de Stark à créer des armes.

Larroca et d'Armata achèvent leur passage de la manière dont ils l'ont commencé : en maintenant un mélange harmonieux de dessins et d'effets spéciaux réalisés à l'infographie (malgré 1 ou 2 passages qui dénotent par leur arrière plan plutôt vide). Au fil des épisodes, le lecteur pourra donc apprécier une dernière fois cette mise en page à base de cases de la largeur de la page (entre 4 et 5 par page, en moyenne). Il retrouvera les effets de luminescence sur chacune des armures. Il pourra continuer à comparer les armures de chaque supercriminel, à la fois unique, et à la fois comportant des éléments les faisant toutes appartenir à la même famille d'armes dérivées ou copiées de l'armure d'Iron Man (une belle mise à jour de l'armure de Sasha Hammer, entre autres). de manière moins prévisible, la nouvelle armure noir & argent semble avoir donné de nouvelles idées intéressantes à Larroca sur l'utilisation des aplats de noir qu'il utilise un peu plus régulièrement. La scène finale permet de dire au revoir aux employés de Stark Resilient, avec essentiellement des individus en civil, dans un décor épuré et élégant, sans luxe ostentatoire.

Pendant 5 ans, Matt Fraction, Salvador Larroca et Frank d'Armata auront développé leur vision du personnage Iron Man dans une narration épurée leur permettant d'utiliser les composantes principales du personnage et de sa mythologie, sans tomber dans le ridicule des supercriminels aux motivations basiques (cambrioler une banque), ou le simplisme du combat du mois, tout en assurant le spectacle et en faisant de Tony Stark un être humain complexe que son intelligence supérieure met un peu à l'écart des autres sur le plan émotionnel, un génie avec ses failles et ses faiblesses, un inventeur avec ses contradictions (un foi inébranlable dans le fait que l'évolution de la technologie s'accompagne d'une amélioration des conditions de vie de l'humanité, tout en étant un concepteur et un fabriquant d'armes). Dans le cadre de l'opération appelée "Marvel NOW, la série Iron Man redémarre au numéro avec une nouvelle équipe artistique : Kieron Gillen et Greg Land.