Parler pour vider son sac. Parler pour témoigner. Parler pour être moins seule. Parler pour éduquer.
Il est important de s'exprimer, en particulier sur ses sujets qui touchent les femmes et les rendent vulnérables. La colère est légitime quand on lit ses témoignages, tous plus poignants les uns que les autres.
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Si ce livre ne m'a pas laissé de marbre, je ne peux pourtant pas dire que je l'ai apprécié outre mesure. En effet, beaucoup de colère, des propos difficiles à lire et surtout une impression en posant le livre qu'il n'y a pas de solution. Que nous sommes condamnées à subir et ça, je ne peux pas m'y résoudre.
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Après la colère, j'aurais aimé entrevoir un peu d'espoir. Déçue.
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Ma vie est TW
par Natalie-Ann ROY
Triggers. Je passe ma vie réelle et virtuelle à les chevaucher.
Dans la vie vrai, les harceleurs de rue, le gars qui me suit un peu trop longtemps, le bonhomme qui me crie « fourable », l’autre qui me montre son sexe en pleine rue, et un autre encore, tiens. La blague à caractère sexuel qui met un halo de honte sur une victime d’agression (sur moi), la blague à connotation raciste qui se veut ben drôle, han, un grand titre croisé qui nomme le « manque de preuves » contre des accusés, le dude qui se frotte sur les passagères du métro (sur moi)., le segment radio qui parle de maltraitance de nos aîné.e.s, encore, les news d’une autre célébrité qui s’en tire et qui monte le monde entier contre sa victime.
Et virtuellement…
Oh la dérapage.
Je croise les discours haineux, l’intolérance, le manque d’empathie, quotidiennement.
J’ai envie de crisser un coup de pelle dans tout ça.
De me faire justice. De nous faire justice.
De leur en câlisser une s’ils blâment les victimes, s’ils discréditent la souffrance d’un peuple, la souffrance d’une femme. J’ai envie de crisser des bombes dans les mains de cet obscène personnage élu South of the border. J’ai envie de chier sur la tête des gens qui ne voient pas la communauté, ceux qui se dissocient de leur prochain.e, cherchant continuellement les différences et non les similarités. J’ai envie de péter les plombs en public quand on essaie de retirer mon pouvoir, quand on me fait sentir comme une conne, comme de la marde, quand on nie mes besoins, qu’on m’infantilise, quand on me juge comme une « pauvre cocotte ». Parce que ça revient toujours à ça : retirer le pouvoir, l’action et la flamme pour que l’autre reste par terre, écrasé.e par l’oppression, la domination, la terreur.
We will not lie down.
We will not listen to this shit anymore.
We will not go along silently.
We shall take action.
We shall take action. Tabarnak.
Tiens. Encore.
Mon corps me fait mal.
Je ne lui ai pas laissé assez d'espace.
On ne me l'a pas enseigné. Ma colère, mon droit à y recourir, on me l'a désenseigné, dénaturé, retiré:
"Ne te fâche pas comme ça."
"Voyons, souris ma belle."
Si on ne m'a pas enseigné à gérer ma colère ou même à y avoir droit, mon corps, lui, reconnait sans hésitation cette émotion de base. Et ne sachant pourquoi il n'est pas permis de l'expulser, il l'imprime dans des endroits sombres. Les ténèbres n'attendent que le "pop", le couvert de la maladie, le débordement, pour ressortir(...) Natalie- Ann Roy
J'étais donc coupable de ne pas être à la hauteur des stéréotypes féminins et coupable d'en trop manifester les caractéristiques. Comment rester saine d'esprit dans une telle marée de contradictions ? Est-ce pour cela que les femmes deviennent des crisses de folles ?
Journal Métro - Discussions de salon avec Geneviève Morand et Nathalie-Ann Roy