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3,62

sur 1136 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dix ans après "les corrections", Franzen l'entomologiste à lunettes revient ausculter ses congénères dont il fouille sans complaisance les actes et les consciences.
Cette fois-ci, c'est la famille Berglund qui passera sous la lumière crue de sa loupe, nous donnant à voir dans ce microcosme un aperçu de la société américaine des années 2000.

"Freedom" est pour moi le livre de tous les paradoxes : un récit chiant (*) où l'on ne s'ennuie pas une seconde, un rythme lent (*) qui fait tourner les pages frénétiquement, des personnages antipathiques, immatures, capricieux, égotistes pour lesquels on ressent une profonde empathie, des vies ratées qu'on a envie de vivre.

Alors pourquoi je l'ai tant aimé, ce roman? Je crois que c'est pour une raison pas très avouable car complètement égocentrique, à savoir que je l'ai ressenti comme le reflet de nos propres vies et de nos contradictions, nos grandeurs et nos médiocrités, nos aspirations et nos renoncements.

(*) Nan, c'est pas vrai.Ce n'est pas chiant et ce n'est pas lent, c'est juste long (un poil trop par moments, quand même!).

Et c'est magnifiquement écrit, c'est même une écriture qui tient de l'alchimie tant elle parvient à faire fonctionner cette histoire et l'adéquation de ces personnages au système de valeurs brouillées dans lequel ils baignent.

Bref, ce n'est pas très original, mais je suis fan de Franzen.
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Patty a épousé Walter peu après l'université, sans vraiment oublier Richard, le meilleur ami de Walter. « Oh Walter… Savait-il que la chose la plus attirante chez lui, durant ses mois où Patty apprenait à le connaître, était le fait qu'il était l'ami de Richard Katz ? » (p. 106) Pourtant, les Berglund sont heureux. Mère modèle, épouse dévouée et voisine idéale, Patty est une femme au foyer accomplie après avoir été une brillante athlète universitaire, animée par le même esprit de compétition et la même envie de réussir. Quand Joey, le garçon, affiche sa romance avec Connie, la fille des voisins, tout change. « Les gens se disputent quand ils s'aiment, mais qu'ils ont conservé leur personnalité et qu'ils vivent dans le monde réel. » (p. 502) Aux orties le masque de la famille idéale ! le couple Berglund se déchire : Patty et Richard se cherchent tandis que Walter se jette à coeur perdu dans un projet de sauvegarde animalière, assisté par une trop belle et trop jeune Indienne. Pourtant, Patty aime toujours Walter et Walter aime toujours Patty. « Lui et sa femme s'aimaient et se causaient une douleur quotidienne. » (p. 419)

Attention, choc littéraire ! Jonathan Franzen dissèque la famille américaine moyenne, ce modèle si illusoire et pourtant toujours convoité. L'auteur interroge également le couple comme structure d'emprisonnement et d'abolition des libertés personnelles. « Combien de milliers de fois encore […] vais-je laisser cette femme me poignarder le coeur ? » (p. 392) Sa position est claire : il préfère la liberté, sous toutes ses formes. Liberté de ne pas se marier, liberté de ne pas avoir d'enfant, liberté d'aimer à sa guise, liberté de changer d'avis et de partenaire, liberté de revenir vers son partenaire. Hélas, la liberté est difficile à gagner ou à garder et elle n'est pas héréditaire : à quel point les enfants sont-ils libres de ne pas reproduire les schémas et les chagrins de leurs parents ?

Entre politique et scandale écologique, Freedom présente une thèse qui dérange. Il est déjà notoire que l'homme est l'espèce vivante qui cause le plus tort à son environnement et à celui des autres espèces, la surpopulation menaçant toujours davantage le monde et ses richesses. « Nous en sommes maintenant à un point où toute personne raisonnablement instruite peut comprendre le problème posé par la croissance démographique. La prochaine étape est donc de faire en sorte que les étudiants trouvent cool de s'inquiéter de cette question. » (p. 466) Et s'il devenait évident que la seule façon qu'a l'homme de protéger les ressources naturelles est de cesser de se reproduire ? Sujet sensible, s'il en est et l'auteur se garde bien de répondre définitivement à la question.

La narration de Freedom navigue sur le fil temporel : prétéritions et effets dilatoires donnent au texte une grande densité sans jamais le rendre étouffant. le récit autobiographique de Patty éclaire les silences et remet les vérités en place, mais il ne prend toute son ampleur et sa puissance qu'avec la suite de l'histoire, plusieurs années après la confession écrite de l'épouse pas si parfaite. « Elle était tombée amoureuse du seul homme au monde qui aimait Walter et qui désirait le protégeait autant qu'elle. » (p. 229) Les personnages sont brillamment complexes sans être jamais confus et leur grande force est de se réinventer sous la plume d'un auteur qui les aime en dépit de leurs défauts. Quant au lecteur, il aime les personnages précisément parce qu'ils ont des défauts. Patty est follement compétitive et vraiment dépressive. Walter est pathologiquement gentil et résolument compatissant. Richard est foncièrement agaçant et profondément cynique. Joey est définitivement républicain et éternellement irrésolu. Et pourtant, aucun d'eux n'est jamais un archétype ou un monstre.

Vous êtes libres de ne pas me croire sur parole, mais Freedom est vraiment un excellent roman.
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"... la seule chose que personne ne peut te prendre, c'est la liberté de foutre ta vie en l'air comme tu veux".

Patty et Walter Berglund sont des américains moyens, qui affichent une certaine réussite, du moins si l'on considère ce terme à l'aune de critères socio-économiques.

Patty, joueuse de basket prometteuse, a dû abandonner ses espoirs de carrière sportive suite à une blessure. A la fin de ses études, elle a épousé Walter, qui, s'il faisait plutôt pâle figure comparé à son ami et colocataire Richard, avait le mérite d'être gentil, patient, travailleur, et surtout de l'aimer sans réserve.
Ils ont alors emménagé dans un quartier anciennement populaire qui s'est peu à peu métamorphosé en une banlieue aisée. Patty a fait le choix d'être mère au foyer, ambitionnant d'être une maman parfaite pour Jessica, sa fille intelligente et raisonnable, à qui tout réussit, et pour Joey, l'enfant terrible à qui elle a toujours voué un véritable culte. Cuisinière émérite, voisine cordiale et serviable, elle s'est dévouée sans compter, affichant une sempiternelle bonne humeur...
Et puis arrive un moment où la belle façade se fissure de part en part.
Joey, alors âgé de seize ans, décide d'aller vivre chez les voisins, parents de sa petite amie Connie. Or, Patty ne supporte ni Connie, gamine passive et fade, d'une sexualité étonnamment précoce, ni ses parents, des m'as-tu-vu à la limite du vulgaire, avec lesquels les rapports se sont progressivement dégradés..
Walter quant à lui se prend de passion pour la paruline, un oiseau menacé d'extinction qu'il a décidé de sauver, et passe sous ce prétexte de plus en plus de temps avec sa jeune et séduisante assistante...

Le ton de "Freedom" est, dans l'ensemble, désabusé. Riches d'un confort matériel et d'une respectabilité censés leur procurer un sentiment de sécurité et d'accomplissement, certains de ses héros se sont illusionnés sur les possibilités infinies qui s'ouvraient à eux, ont cru disposer d'une liberté forcément synonyme d'épanouissement personnel. Réalisant qu'il se sont fourvoyés, et que le temps qui passe a émoussé leur capacité à faire des choix, ils s'enlisent dans la rancoeur et la culpabilité.

Bref, rien de bien original... Jonathan Franzen décrit des existences finalement banales, dont il explore, sur plusieurs décennies, les méandres. Chacun pourra se reconnaître dans les élans et les révoltes qui enrichissent la jeunesse de ses personnages, ou dans l'amertume qui les envahit lorsque, parvenus à la quarantaine, ils réalisent que tout ce qu'ils ont accompli n'a pas été nécessairement un gage de bonheur. Chacun pourra éprouver un sentiment de familiarité face aux relations épineuses qu'entretiennent Walter et Patty avec leurs familles respectives. Chacun pourra comprendre leurs indignations ou leurs découragements, que suscitent les échecs, les trahisons, et le déprimant constat que le monde, gouverné par le cynisme et le profit, court à sa perte...

Rien de bien original, donc, et "Freedom" est pourtant un roman passionnant, et parfaitement réussi. Car peu importe ce que nous raconte l'auteur. Ce qui compte, c'est sa façon de nous le raconter. Son récit, dont la structure est admirablement maîtrisée, est constitué d'allers-retours entre passé et présent, et s'attarde alternativement sur les différents personnages, présentant au lecteur divers tableaux dont chacun possède une texture originale, déroule son histoire particulière, le tout formant pourtant un ensemble cohérent.
Jonathan Franzen nous offre là un récit foisonnant -qui brasse des thématiques sociétales et individuelles en une parfaite homogénéité-, habilement mené, et servi par une de ces plumes à la fois fluide et riche, qui vous donnerait presque l'illusion qu'écrire, c'est facile !

En tous cas, à lire, c'est un plaisir...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Lu Freedom avec plaisir, roman moderne, très américain dans le style et la forme. Grand nombre de sujets sont traités sur la société américaine à l'époque du président Bush. famille, couples, enfants, amour, amitié, , musique rock, argent, rang social et puis aussi les deceptions, les séparations, , les trahisons. Les personnages sont plus ou moins attachants avec leurs faiblesses bien humaines. L'écologie prend une place importante dans la vie d'un personnage : Walter, suggérant une réflexion sur l'avenir de notre planète. J'ai aimé le portrait d'une classe moyenne américaine. Une bonne lecture de distraction, une fenêtre ouverte sur un monde plein de vie..
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Ca raconte quoi, Freedom au juste? Eh ben, disons, pour simplifier, que cela racontefranzen l'histoire d'une famille moyenne du Minnesota, les Berglund. Les Berglund ont débuté avec les illusions de la jeunesse. Patty se passionnait pour le basket dont elle devint une championne scolaire. Walter était un intello, plutôt à gauche et écolo, grand lecteur passionné par le sort des oiseaux (d'où les longs passages sur cette paruline azurée). le grand ami de Walter est Richard, plutôt branché drogue et sexe, qui fera carrière dans le rock avec le groupe "Traumatics".

Et les 3 vont former un trio amoureux, entre amitié, désir jalousie et trahison. Et à ce ce trio , vont se greffer d'autres personnages, notamment les 2 enfants de Patty et Walter, Joey et Jessica, ainsi que les grands parents de ces derniers, qui vont drainer avec eux leurs lots de traumatismes et de ressentiments.

Car effectivement, il faut être clair sur le sujet: même si certains passages ne sont pas dénués d'humour ( notamment grâce à la vision assez cynique de Richard sur son métier de rockeur), Freedom n'est pas un livre qui va nous donner la pêche, loin de là, tant il parle de choses sombres : la perte de ses illusions de jeunesse, et notre incapacité à faire le bon choix et surtout à se satisfaire de ce que l'on, quitte à amérement le regretter lorsqu'on l'a perdu. Même si cette réflexion est plutot déprimante, elle n' en est pas moins trés juste, et surtout superbement amenée.

Il faut dire que Franzen excelle dans le portrait psychologique de ses personnages . Rarement on n'aura ressenti une telle justesse devant ces portraits d'êtres humains et de leurs ambiguïtés, leurs confusions, leurs désirs et leurs moments de grande détresse morale.

Mais Freedom est bien plus qu'une passionnante chronique familiale, sa grande force est aussi d'être un cinglant peinture des USA; les dépressions du couple faisant écho à celles de l'Amérique du 11 septembre et de Georges W Bush.

Je pourrais encore en écrire des pages et des pages pour dire tout le bien que j'ai pu penser de Freedom ( et ce, même s'il faut s'accrocher au début, c'est un livre qui se mérite). En tout cas, il n'est pas inutile que je le fasse vu que je commence à voir pas mal de critiques sur les blogs ou dans l'émission le cercle littéraire, qui descendent en flèche le livre ( "creux, sans rythme, mal foutu", est on sûr d'avoir lu le même livre?), et j'ai l'impression que comme pour le film la guerre est déclarée, on ait besoin de faire dégringoler d'un piédestal une oeuvre qui a connu tant de louanges, car une unanimité autour d'elle est toujours digne de soupcons.

C'est certainement de bonne guerre, mais cela m'irrite tout de même, car pour moi, sans hésitation, Freedom est le 1er grand choc de cette rentrée littéraire 2011.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J Franzen nous convie une fois de plus dans l'intimité introspective d'une famille américaine, donnant la parole à Patty, depuis son enfance jusqu'à la maturité. Convaincue d'être la mal-aimée de sa fratrie, prompte à l'auto apitoiement, elle confie ses ressentiments à une sorte de journal intime à visée thérapeutique, écrit à la troisième personne. le roman se fera également l'écho des vicissitudes des parents et des enfants de Patty, et de son mari Walter, ainsi que de Richard, ami de Walter, icône de musique punk qui vivra un bref moment de gloire,, et dont les innombrables conquêtes incluront brièvement Patty.
Tout ce petit monde évolue dans le contexte de l'Amérique d'après le 11 septembre, sur fond de crise financière et de guerres lointaines, qui ne font de victime que dans les rangs adverses.
Les personnages rivalisent d'angoisse, unissant leurs tourments pour mieux se déchirer. La maturité leur apportera l'apaisement, au risque de se rendre compte de la vanité de leur combat : en pointant du doigt les responsables de leur mal-être, ne se seraient-ils pas trompés de cible?
Si la mise en scène des personnages permet au travers des dialogues de bien comprendre leur état d'esprit et le cheminement de leur évolution personnelle, on regrettera la lourdeur des opinions politiques ou sociologiques émises par la bouche de Richard ou Walter : une rupture dans le style narratif qui nous permettait d'identifier les personnages rend le discours artificiel. le message passe mieux lorsqu'il transparaît dans les péripéties de Walter, qui pour réaliser ses projets écologiques se livre naïvement à un groupe d'exploitants de charbons peu scrupuleux : la survie des parulines sera cher payée sur le plan humain.
Par ailleurs, il y a quelque chose de bouddhique dans la trame du récit : tout résultat est issu de causes qui ont la capacité de le produire. On y retrouve également la notion d'impersonnalité : il n'y a rien qui ait une existence indépendante et réelle en soi ;
d'impermanence : tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien trouver de permanent dans les phénomènes et d'insatisfaction : aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive.
J'ai retrouvé avec plaisir l'univers contemporain et réaliste de Jonathan Franzen déjà rencontré dans les corrections, même si le ton est peut-être un peu plus désabusé.
Le style et l'écriture sont séduisants, et dès les premières pages, l'on ne s'effraie plus de l'épaisseur du volume que l'on pourra apprécier sans lassitude

Je remercie PriceMinister pour ce partenariat fort apprécié
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Au vu des nombreuses critiques que l'on voit fleurir sur les blogs concernant ce livre, j'étais très curieuse de découvrir cet auteur. Pour résumer, je dirai que j'ai adoré me plonger dans ce pavé et vivre quelques belles heures de lecture aux cotés de la famille Berglund. Chronique familiale, critique d'une certaine middle class américaine, Freedom est sûrement un peu plus que ça. A travers la crise de cette famille, c'est la crise de l'Amérique que nous décrit l'auteur, une Amérique qui perd ses repères, ses valeurs, l'essence même de ses fondations et qui laisse sur le bas-côté de la route une grande partie de sa population.
Tout au long de ces pages, c'est avant tout un hymne aux illusions perdues, à la liberté et au libre-arbitre, la possibilité du choix. En tous cas c'est ce que j'ai ressenti au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture. Les choix de Patty d'abord, basketteuse promise à un bel avenir sportif qui s'émancipe de sa famille pour tomber dans une forme de dépendance à l'amour et à l'amitié, Walter libéré lui aussi de sa famille qui se complait dans un mariage qui s'étiole et dans une amitié incertaine avec Richard artiste incompris qui connaîtra des hauts et des bas et se créera ses propres chaines malgré sa vie "drogue, sexe et rock'n'roll". Bien sûr qu'avec 700 pages on trouve quelques longueurs mais le style brillant, le sens du détail, font que ces longueurs trouvent malgré tout leur place dans l'histoire.
J'ai aimé les interrogations que soulèvent ce livre et qui nous entrainent vers nos propres questionnements : dans la vie a-t-on vraiment le choix ? Comment savoir si la voie que l'on a choisi va s'avérer la bonne, qu'est-ce qui nous pousse à continuer à aller de l'avant quoiqu'il arrive ? Va-t-on choisir d'oublier nos désillusions dans l'alcool comme Patty, dans le sexe et le refus de s'attacher comme Richard ou dans le travail comme Walter ? Va-t-on réussir à gagner cette liberté à laquelle on aspire tous, à nous émanciper de nos démons, de nos peurs d'enfants… J'ai aimé être le témoin curieux des secrets de famille, des états d'âmes, des aspirations et des peurs de chacun qui tout au long de ces pages nous renvoient malgré nous à nos propres peurs. Analyse d'une crise familiale annoncée, le doute et le chaos peuvent-ils mener un jour à une certaine forme de liberté ?
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Les Berglund font figure de famille parfaite. Walter, gentil et fervent défenseur de la nature, est fou amoureux de sa femme Patty. Cette dernière, ancienne sportive reconvertie en femme au foyer, se montre dévouée avec ses deux enfants, Jessica et Joey, et toujours affable avec ses voisins. Mais sous cette image d'épinale se cache les désillusions, les trahisons, les regrets et les espoirs vivaces qui traversent tout couple et toute famille.

Des années 70 à 2000, sous fond de réflexion écologique et politique, l'on suit cette famille de la classe moyenne américaine. En 700 pages, entre flash backs et changements de points de vue, sont disséqués les petites névroses, les échecs, les faiblesses et les écarts amoureux de chacun, mais aussi cette part de lumière qui les rend si touchants.

Ce roman est passionnant comme l'est la vie, la vie de ceux que l'on aime. Car cette famille devient un peu la nôtre au fil des pages, on les adore, on les déteste, on ne veut pas les quitter.

Franzen parvient à décrire la société américaine avec acuité tout en nous offrant l'intimité la plus trouble de ces personnages avec un sens du détail qui les rend bien vivants.

Ce livre, tout en étant une fresque familiale incroyable, un questionnement politique et social profond, est une superbe histoire d'amour. de celles remplies de blessures et de failles, de celles qui sont d'autant plus belles qu'elles semblent réelles.

Là où certains ont trouvés des longueurs, je n'ai trouvé que du plaisir à rester un peu plus longtemps auprès de Walter, Patty, Joey, Jessica, Lalihta et Richard.

Un beau pavé, qui m'a permis de réussir le challenge de Brize et rejoint la liste de mes coups de coeurs !

Céline

Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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Dans son nouveau roman, Jonathan Franzen nous propulse avec habileté au sein d'une famille américaine prisonnière d'une spirale destructrice.
Les Berglund ont tout de LA famille modèle… en apparence. Vivant depuis des années à St Paul, dans le Minnesota, ils sont propriétaires d'une jolie maison victorienne dans un quartier en passe de devenir le nouveau coin bobo de la ville. Ce sont des voisins aimables et respectueux, appréciés mais aussi jalousés par leur entourage. Patty est une ancienne basketteuse pleine de talent mais dont un malencontreux accident a stoppé la carrière. Elle élève Jessica et Joey, leurs deux enfants, avec une profonde dévotion. Quant à Walter, c'est un homme discret mais brillant qui subvient seul aux besoins de sa famille.
Mais lorsque le vernis se craquèle, il laisse apparaître une réalité bien plus complexe. Derrière l'apparente perfection des Berglund, se cache des maladresses, des incompréhensions qui heurtent et dissolvent l'unité familiale. Craignant de reproduire le même schéma d'éducation que leurs parents (père alcoolique pour Walter et corruption, lâcheté des parents de Patty), ils font tout pour transmettre leurs propres valeurs à leurs enfants. Or, à trop vouloir bien faire, la situation tourne au désastre, provocant une déchirure du noyau familial. L'intrusion de Richard Katz, meilleur ami de Walter depuis la fac et fantasme inavoué de Patty, va d'autant plus mettre à mal le fragile équilibre du couple. Petit à petit, le groupe implose, n'épargnant personne. Cette nouvelle déchirure contribuera à élargir le fossé dans la famille, malgré la volonté de la préserver.
Dès lors, Patty tombe dans une dépression qui accroît son cynisme. Elle passe du statut de voisine et de mère idéale à celui de furie alcoolique et névrosée. Elle devient invivable pour Walter, qui se réfugie dans le travail et auprès de la jeune et jolie Lalitha. Toutefois, on décèle une impossibilité pour nos deux protagonistes de tourner la page et de briser définitivement le lien qui les unit. En dépit des échecs et des trahisons, leur relation reste belle et touchante.
Franzen nous offre un livre très riche, complexe, qui malmène ses personnages et dénonce certains abus de sa nation. A travers les ambitions, les convictions et les déconvenues des Berglund, il pointe du doigt certains faits d'actualité tels que la guerre en Irak ou en Afghanistan, et dénonce un système corrompu. Il montre les limites du rêve américain et ce que cache l'apparente réussite de certains. A travers le combat politique de Walter, Franzen évoque également le problème de la croissance et de la natalité, ainsi que l'individualisme de l'homme et son manque de préoccupation face à l'écologie et face à une planète en danger. Même si le monde est au coeur du problème, il apparaît que l'économie l'emporte toujours sur l'intérêt du plus grand nombre. Il s'intéresse aussi à la question de l'héritage culturel et de la transmission parentale ainsi qu'à la possibilité d'une liberté individuelle épanouissante. C'est un livre percutant, intelligent et véritablement passionnant. L'écriture est de qualité, incisive et mordante. le lecteur se sent réellement concerné par les déboires de cette famille américaine bobo, pleine de défauts mais terriblement attachante. Une grande réussite !
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Jonathan Franzen est un écrivain rare, dans tous les sens du terme: rare par le talent et rare parce qu'il met beaucoup de temps à écrire, à ciseler, ses livres!. Dans "freedom" il décortique sur trois générations (entre 1970 et 2010) les illusions et désillusions du peuple américain au travers d'un couple suffisamment représentatif pour étayer son sujet. Patty et Walter Berglund dans leur maison à St Paul forment ce couple qui va se déliter sous nos yeux. C'est à la fois profond et cocasse et l'histoire aux nombreux rebondissements nous entraîne avec brio. Très bien écrit ce livre de la rentrée réjouira tous les amoureux des belles lettres.
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