Le premier roman de Jonathan Franzen m'avait conquis. Les corrections relatait la vie de personnages très typés mais, en même temps, qui dégageaient quelque chose de très universel. Je pouvais reconnaître beaucoup de mes proches dans plusieurs des traits de ces personnages. Mais rien n'est pareil avec cet autre roman de l'auteur, Freedom. La famille mise de l'avant ici ne m'a pas conquis. Patty Berglund, après une brève carrière dans le basketball universitaire, est restée longtemps confinée dans son rôle de femme au foyer. Walter Berglund est un politicien et un entrepreneur un peu effacé, il lutte pour la conservation d'une espèce d'oiseaux et pour la rcréation d'un refuge pour ces animaux. Et, vingt ans plus tard, que dire de leurs enfants ? Joey, le «golden boy» à qui tout semble sourire, vit de multiples tribulations à l'université alors que Jessica reste dans l'ombre. Il ne reste que Richard Katz, ancien rockeur, le meilleur ami de Walter et le confident de Patty, énigmatique, excentrique et séduisant, qui revient épisodiquement pour brouiller les cartes. Toutes ces centaines de pages pour cinq personnages !
D'ailleurs, ces cinq personnages sont trop uniques et ont une histoire trop particulière pour qu'on s'y reconnaisse (ou pour qu'on y reconnaisse qui que ce soit). Et leurs péripéties sont telles que je n'étais pas capable de me connecter à eux. Et c'est beaucoup dire, sachant que je peux facilement me mettre dans la peau d'un astronaute dans un futur pas trop lointain ou dans celle d'une jeune comtesse russe du dix-neuvième siècle follement amoureuse… Cette distance entre ces personnages et moi m'a empêché de m'intéresser à eux et, par conséquent, de profiter pleinement de cette histoire. Et ils vivent trop de choses, le lecteur ne peut digérer ce qui arrive à un personnage qu'un autre vit un drame nouveau. À la fin, trop c'est trop !
Je pourrais parler un peu de la liberté, une valeur à ce point importante dans l'oeuvre qu'elle en est le titre. Chaque personnage la véhicule à sa manière. Patty aimait Richard mais elle a choisi d'épouser Walter. Ce choix aura de lourdes conséquences… ou peut-être pas. Chaque personnage sera confronté à des choix difficiles, en d'autres mots, à la question de la liberté. Que ce soit en amour, en affaires, même quand vient le temps défendre ses idéaux ou de remettre en question la guerre en Irak ou le soutien à Israël. Mais, souvent, c'est très subtil, parfois même un lecteur pourrait passer à côté… décevant.
Bien sur, on retrouve avec joie la plume acerbe et acérée de Jonathan Franzen, qui décortique et diagnostique avec la même acuité les revers, les défauts de la société américaine. Cependant, il y avait toujours cette impression de déjà vu. Je crois que l'auteur a tout mis dans son premier roman (qui fut une grande oeuvre) et qu'il essait de répéter son exploit. Mais on ne peut réécrire le même roman ! Peut-être devrait-il délaisser les sagas familiales un moment, diriger sa plume créatrice vers d'autres types d'oeuvre ? Ne serait-ce que pour mieux y revenir. Mais qu'en sais-je, je ne suis qu'un simple lecteur. Quoiqu'il en soit, Frangent est un auteur qui m'attire, qui me rend curieux. Je lirai sa prochaine oeuvre, peu importe le sujet.
Commenter  J’apprécie         622
Patty a épousé Walter, mais elle n'a jamais oublié totalement le meilleur ami de celui-ci, Richard, qui l'attirait bien plus lors de leur jeunesse. Les voici, des années plus tard, Patty femme au foyer, Richard musicien qui monte, Walter dans la protection de la nature....Et puis il y a les enfants, ce fils dans lequel Walter ne se reconnaît pas, cette fille avec qui Patty n'arrive pas à réellement se connecter....
Honnêtement, ce roman souffre de longueurs, c'est son défaut. Il y a des parties très intéressantes, des pages fulgurantes, mais il aurait été bien plus percutant avec 200 pages de moins, en coupant un peu dans le début et leurs jeunes années: ce que j'ai trouvé le plus intéressant, ce sont les conséquences de leur choix, comme Walter qui doit choisir entre se commettre avec une entreprise extractiviste ou ne pas avoir le budget pour sa réserve, ou comme leur fils qui se trouve, pour avoir rêvé d'argent facile, dans un dilemme moral que franchement il aurait dû voir venir.
Un assez bon roman malgré les longueurs, accrochez vous si le début est un peu lent, il faut le temps que tout se mette en place!
Commenter  J’apprécie         130
J'ai été assez déçue par cette lecture. C'est vrai, je n'avais déjà pas du tout accroché à la lecture des "Corrections" du même auteur. Mais là, au vu des critiques, j'avais quand même un certain espoir de passer du bon temps. Eh bien, pas vraiment. Ce livre m'a surtout paru très long, beaucoup trop long. Les personnages sont attachants et crédibles, on a envie de les suivre et de connaître leur vie, mais pas dans tous ces détails et toute cette banalité. Les critiques nous annonçaient une "fresque de la société américaine". Je n'y ai trouvé qu'un énième livre sur la vie des familles banlieusardes américaines. On a presque l'impression d'être dans un reality show, ce n'est pas beaucoup plus passionnant. Bref, je ne comprends pas ce que ce livre a de chef d'oeuvre, en comparaison de tous les petits bijoux qui s'éditent tous les jours et dont les critiques parlent beaucoup moins.
Commenter  J’apprécie         130
Une fresque familiale d'une quarantaine d'année dans les Etats-Unis des années 1970 à 2010. Ce livre est construit de telle manière que différents points de vue se succèdent.
Dans la première partie, nous avons l'opinion de différents habitants du quartier sur Patty Berglund, son mari et ses deux enfants. le fait qu'elle soit mère au foyer, même les enfants devenus grands, son caractère, ses relations avec le voisinage... L'auteur emploie beaucoup de discours indirect libre pour donner le ton lors des échanges entre voisins. Cela vivifie la narration, et évite les dialogues trop longs.
Face aux problèmes rencontrés dans sa vie, et sur le conseil de son thérapeute, Patty entreprend de raconter sa vie. C'est le contenu de la deuxième partie du roman. Elle écrit à la troisième personne pour parler d'elle, comme si elle était un personnage de sa propre vie. Retour sur son enfance, son adolescence, ces années universitaires, ses relations avec ses parents. Ce qu'elle raconte ici va en grande partie conditionner et expliquer son comportement d'adulte.
Ce journal va servir de déclencheur dans la troisième partie du roman, qui aborde la situation de chacun en 2004. C'est aussi un portrait des Etats-Unis post-11-septembre (allusions aux courants de pensées, aux camps politiques, à la guerre en Irak...). Patty s'affirme, prend un nouveau départ, pendant 6 ans.
La conclusion du roman est un retour à l'autobiographie de Patty par elle-même, comme si elle s'observait de nouveau, au présent cette fois. Conclusion d'un roman, conclusion d'une vie, nouveau départ.
Commenter  J’apprécie         70