La recherche anglo-saxonne semble mieux intégrer les combats contre l'oppression des femmes, des gays et des minorités, elle est plus sensible aux dimensions multiculturelles et sexuées de la société.
Nancy Fraser analyse et détaille, les combats et les politiques de reconnaissance (respect du à tous les membres d'une société) et ceux sur la redistribution (partage des biens et des ressources).
Elle montre en quoi une démocratie plus développée implique la liaison de ces deux dimensions, y compris dans leurs aspect contradictoire ou conflictuel. « Une approche satisfaisante doit rendre compte de toute la complexité de ces rapports, c'est à dire tant de la distinction entre classes sociales et groupes statutaires que leur interaction causale, tant de l'irréductibilité mutuelle de la distribution inique et du déni de reconnaissance que leur intrication. Une telle approche doit en outre être historique »
La lecture de ce livre offre des approches intéressantes pour mieux appréhender les problèmes d'actualité. Il propose des réflexions pour contrer les tendances à particulariser ou ethniciser la nécessaire reconnaissance de certains groupe sociaux, tout en niant d'autres, par un universalisme trop abstrait.
L'auteure prône des « réformes non réformistes » qui « modifient le terrain sur lequel les luttes postérieures sont menées, étendant par là l'ensemble des options possible pour une réforme future. »
Reste qu'une telle expression de nécessaires actions, devrait pendre en compte les réactions des autres classes sociales (et de l'état) ou des autres groupes statutaires, afin de replacer les pratiques autonomes et démocratiques dans un cadre moins unipolaire de compréhension.
La seconde partie de l'ouvrage élargit le propos à
l'espace public à partir d'une critique d'
Habermas : « toute conception de
l'espace public qui exige une séparation tranchée entre la société civile (associative) et l'État sera incapable d'imaginer des formes d'autogestion, de coordination interpublique et de responsabilité politique qui sont essentielles à une société démocratique et égalitaire. »
Comme sur les réformes, les questionnements et les réponses ne plongent pas suffisamment à la racine des structures et des modalités de fonctionnement du système globalisé, mais cela n'invalide pas certains éléments exposés. Des ouvertures, des chemins, qu'il devrait être possible et nécessaire de parcourir ensemble.