Ce livre est qualifié de témoignage, pas de roman. Or, il est écrit à la première personne et je ne vois pas de différence, sur le principe, avec le roman de
Morgan Sportès par exemple. L'histoire de cette erreur judiciaire est intéressante car ce n'est pas de ces histoires qui font la une des journaux (à part régionaux). L'écriture de l'auteur, journaliste de vingt-cinq, est ciselée et prometteuse. Il n'hésite pas à utiliser de belles figures de style :
Deux ans plus tard, son costume à rayures est toujours de sortie le vendredi et l'une de ses manches continue de pleurer la perte d'un bouton.
Mais ce livre aurait nettement gagné à être étoffé. Je crois que c'est la première fois que je me dis qu'il faudrait que l'auteur apprenne l'art du remplissage. Je m'explique. Dans la première moitié, chaque phrase est travaillée, à tel point qu'on finit par regretter de ne pas trouver ces phrases entrecoupées d'autres plus factuelles mais plus légères, ce qui metterai davantage en évidence les belles phrases. On a parfois l'impression que l'auteur a voulu mettre dans ce livre toutes les idées qu'il avait en tête sur le monde du travail mais aussi sur l'amour et le mariage et on a parfois l'impression de passer trop vite d'un thème à l'autre et de lire des vérités générales dont on se passerait bien:
Aimer est un combat journalier que personne ne peut se vanter d'avoir gagné.
Les relations difficiles mais fortes entre Guy et son pères sont bien (d)écrites. A son retour d'Algérie, Guy pense que tout va s'arranger entre eux:
J'imaginais stupidement que ces retrouvailles briseraient le froid et la distance instaurés très tôt dans mon enfance.
Je n'ai donc pas totalement été convaincue, aurait parfois souhaité plus d'informations sur l'enquête par exemple, mais le style m'a souvent plu. J'ai souri en découvrant que les titres de chapitres étaient des titres de films qui incluaient des adaptations de mes deux auteurs français fétiches:
Olivier Adam et
Emmanuel Carrère, même si j'ai trouvé le procédé artificiel. D'ailleurs, un moment de la vie de Guy est comparé au parcours de Roman,
l'adversaire de Carrère, et j'aurais aimé que soit davantage développé la manière dont il retombe sur ses pieds car je suis restée dubitative.
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