Des bons livres, on aime à parler.
Les excellents, on aimerait les crier.
Les distribuer tout autour de nous,
en enivrer notre entourage,
et les laisser bien en évidence dans tous les arrêts de métro de la ville.
Indian Creek de
Pete Fromm est de ces romans.
Un de ces livres qui ne va pas par quatre chemins. Qui t'embarque et t'emporte dans une aventure extraordinaire, sur le dos d'une plume admirable, au coeur d'un univers inoubliable.
Indian Creek, c'est l'histoire (autobiographique) d'un jeune gars,
Pete Fromm, de sa chienne Boone et de ses sept mois d'hiver passé seul, sous une tente, dans une réserve inaccessible du Montana. Sept mois entièrement isolé, ou presque, au coeur des montagnes rocheuses, sous quatre mètres de neige, avec pour unique mission de surveiller des oeufs de saumons au fond d'une rivière.
C'est un récit drôle et sincère, haletant et frais, livré avec une honnêteté et une humanité incomparable et un hymne magnifique aux grands espaces sauvages.
C'est aussi un superbe roman d'initiation qui se dévore et se savoure. Un livre qui donne envie de partir dans l'Idaho, de courir les montagnes, de s'enfoncer dans la neige, de se confronter à la « vraie vie » et de se plonger dans une nature que l'on perd trop souvent de vue.
Je peine à chroniquer ce roman tant les mots me manquent.
Et si ce livre a été unanimement salué, que les critiques ont été dithyrambiques, que
François Busnel a fait de
Pete Fromm son chouchou, et que tous les chroniqueurs s'en sont donnés à coeur joie au sujet de cet admirable roman, chantre du « nature writing », il a eu dans mon coeur une résonance toute particulière, unique. Serait-ce parce que je sortais d'une semaine de marche sur le toit des montagnes et dans le creux des forêts? Que je portais encore dans mon ventre de très belles émotions liées à ces paradis de nature ? Je ne sais, mais toujours est-il que sans avoir vécu le quart du tiers de ce que
Pete Fromm a vécu (et en sachant pertinemment ne jamais en être capable), je me suis sentie infiniment proche de ses exaltations face à aux merveilles environnantes.
Pete Fromm nous entraine sous sa tente, emplie de ses réserves de riz et de haricots, dans ses chasses à la grouse ou à l'élan, dans ses marches interminables sur les pics et les monts, par -30°. Pendant ces sept mois, le jeune citadin qu'il était a tout appris : se nourrir, se chauffer, se couvrir, en prélevant ce qui se trouvait autour de lui. Il nous raconte avec une ironie mordante et une belle humilité ses ratés, ses découvertes, ses erreurs et ses peurs (voire terreurs). Il nous livre aussi des passages d'une exceptionnelle beauté. Quand a-t-on décrit pour la dernière fois une éclipse de soleil avec une telle intensité ? La fonte des glaces avec un tel bonheur ? La saveur d'une orange après des mois de viande d'élan avec un tel plaisir ? On sent dans ce roman toute la reconnaissance que
Pete Fromm a pour cette période de sa vie, sa simplicité, son humanité. Malgré le froid, malgré la solitude et les mètres de neige obstruant tout, Indian Creek rayonne et nous bouleverse.
Ce livre, c'est une succession de menus détails de vie qui en transforment les pages en un grand roman d'aventure.
Un livre sur une solitude qui n'en est plus vraiment une avec le temps, sur l'apprentissage d'une vie, la découverte d'un monde. Un livre qui nous parle de la nature comme on aimerait en lire tous les jours et des animaux comme des êtres humains en puissance, un livre qui nous bouleverse et nous émeut ; qui nous tient en haleine aussi sur 250 pages et nous ramène à notre condition d'homme, au coeur d'un monde dans lequel nous sommes bien petits et c'est tant mieux !
Un roman qui fleure bon la neige, le froid et les grands espaces vierges du Montana peuplés d'animaux sauvages et majestueux à découvrir de toute urgence !
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