Chez Picador, ils font des couvertures rien que pour moi. Un é-noooor-me tas de bois dans un paysage enneigé, ne me dites pas que c'est le hasard. Et puis la photo de l'auteur au dos n'est pas mal non plus: une moustache "handlebar" digne de Sabertooth dand X-men et un sourire contagieux. Alors forcément, cette aventure de sept mois dans un recoin sauvage de l'Idaho (sauvage si on omet l'ouverture de la vallée au printemps et la vague de touristes en tout genre, et les guides de chasse et leurs expéditions en hiver, sur leur "snow machines" - oui, en fait je suis un peu d'accord avec
Pete Fromm, "snow mobile", ça fait moins mountain man), et bien elle avait de quoi me plaire.
Cette envie de partir à l'aventure comme ses propres héros, envie alimentée par quelques expéditions de deux jours avec un fusil, une tente et deux bouteilles de whisky avec les copains, pour se raconter des histoires de mountain men autour du feu, et par quelques séjours familiaux à camper dans la nature, et bien Fromm va la confronter de manière ma foi très drôle, réalisant au fil de la préparation et de fêtes de ce départ qui se précipite, pour se retrouver seul. Avec une chienne. Mais on ne parlera pas de Boone.
Et ce message silencieux qu'il semble hurler au lecteur, "Mais qu'est-ce que j'ai fait?!", semble se prolonger pour ses quelques premiers mois seul (plus ou moins), à prétendre qu'il sait ce qu'il fait pour ne pas se ridiculiser face aux gars du Fish & Game (qu'il viendra à considérer comme des outsiders) mais surtout face aux guides de chasse.
Ces passages sont écrits de manière particulièrement fine, mêlant une bonne dose d'auto-dérision à la subtile découverte de soi et de ses limites.
Du début à la fin, malgré l'accession à l'âge adulte de l'auteur au cours de son aventure, on conserve cet esprit frais et complètement immature du jeune gars qui veut se dépasser, ramener des histoires à faire pâlir ou hurler de rire les copains autour du feu, prouver qu'il est lui-même un mountain main, bref, partir dans cette aventure pour toutes les mauvaises raisons, mais qui, avec le travail des éléments, du paysage, de la faune et du climat, mais surtout de la solitude, devient tout autre chose, une révélation d'une partie essentielle de soi.
Autant vous dire que j'ai besoin de beaucoup moins pour moi-même m'imaginer dans ma petite cahute au fond du bois à mi-montagne. Si j'avais 10 ans de moins, je m'engagerais dans la Vallée d'Aspe pour compter les ours.
Mais ce petit récit de Fromm rappelle également les dangers qui guettent à se lancer dans ce genre d'équipée sans connaissance ni prudence. Et sans sens de l'humour.
Le petit passage de clôture donne également très envie de découvrir les écrits de fiction de
Pete Fromm... et ceux de son premier prof d'écriture créative, Bill Kittredge... Ah, un livre mène toujours à un autre!