Délicat, intuitif, «
le chat qui ne savait pas ronronner » est un roman jeunesse, illustré. le plaisir est d'autant plus vif qu'il peut être lu également à haute voix aux plus petits. «
le chat qui ne savait pas ronronner » est doté de degrés. Chacun (e) trouvera sa propre clef. Ce petit chat est solitaire, en souffrance. Zoran ne sait pas s'exprimer. Il erre seul dans le village où réside Mirko qui va le recueillir et lui donner tendresse et câlins. Néanmoins, Zoran ne ronronne toujours pas. Mirko s'inquiète, Zoran se ferme. Ce récit est consolant, empreint de paroles douces murmurées à hauteur d'enfant. Cet écrin est savoureux, olympien. Mirko est un petit gitan, la terre entière est sa patrie. Tous les chemins sont les siens, le monde dans ses mains. Cette histoire est à double langage. Nous pénétrons les habitus, l'idiosyncrasie de ce peuple nomade, épris de coutumes, de rites et de fraternité. La musique est leur toit. « Les Carpates, ce sont nos montagnes… Il y a surtout, sur les sommets, le Vieux de la montagne, qui t'attend… » « La roulotte se mit en marche. » Zoran est blotti au creux des partances. Pourra-t-il un jour ronronner ? le grand-père vit seul en ces montagnes, huit mois sans les siens. Mirko confie à Zoran les pouvoirs de son grand-père. le petit chat est captif, écoute et retient en anthropomorphisme avéré les paroles salutaires de Mirko. le grand-père sait et délivre la solution à Mirko. Il faut absolument que Zoran pleure. Que des larmes s'écoulent brisant ses chagrins infinis. Il va jouer du violon. Zoran va pleurer, enfin. Délivrance, briser les carcans qui oppressent. L'enfant lisant prend pour lui cette main tendue, les sons de ce violon qui imprègnent les pages, pour un jour d'abandon et de tristesse. Cette histoire est douce, intuitive. Les illustrations de
Emmanuelle Moreau sont des plumes légères. Des couleurs tendres, sucre d'orge et attention. Les traits expressifs, habiles, affirmés et aériens renforcent les lignes de
Roland Fuentès. On ressent une alliance, une véritable complicité littéraire. Regarder le monde, s'ouvrir aux autres, s'autoriser à pleurer pour revivre. Etre libre et soi-même, toujours quoi, qu'il advienne. Un beau message. Publié par les majeures Editions du Jasmin.