: Ce récit ménagera bien son mystère et un suspens à l'image. Si on ne lit pas le texte, nous manquerions l'expérience des sens que nous proposera le texte de
Hiroshi Funaki.
De la première page aux premiers chapitres, on ne voit les personnages que de dos...sauf Hôishi.
Partout où nous irons avec lui, nous serons attentifs aux bruissements des étoffes, à la perception aveugle des chemins.
L'auteur nous replacera à demi dans la posture de son héros aveugle, Hôichi.
Hôichi est un jeune musicien japonais talentueux accueilli par les moines du temple de Shimonoseki.
Le lieu est historique et Hôichi raconte mieux personne ce qui s'y est déroulé à l'aide de son instrument. C'est en quelque sorte le guide touristique de son époque médiévale, doit-on deviner, chers jeunes lecteurs.
Ici, à Shimonoseki, on croit aux esprits, aux fantômes. L'histoire de Hôichi raconte qu'il a fallu du temps pour apaiser les âmes de soldats défunts à cet endroit.
Il y a eu de grandes batailles à cet endroit et la mort de toute une dynastie.
Un soir, le samouraï d'un seigneur de passage vient le quérir d'urgence sur l'injonction de son maître.
Il n'y a évidemment pas d'urgence, c'est un désir spontané de grand seigneur.
Le suspens est bien mené oui car la cécité de Hôichi nous empêchera au début de savoir si il est convoqué par des hommes ou des fantômes.
Et si il s'agit de fantômes, dans ce cas, que veulent-ils?
Le test réussira devant le personnel du seigneur qui ouvrira sur 6 autres soirées de contes programmées, le temps du séjour du grand seigneur.
1+6, cela fait une semaine.
Nous ne pouvons nous empêcher d'y rechercher une signification symbolique.
L'intervention de Hôichi sera entrecoupée de doubles pages épiques signée par l'illustrateur Yoshima
Saitô, qui nous propulserons dans une bataille compacte, faite de fer et de métal.
Le grand prètre s'inquiètera des excursions nocturnes d'Hôichi.
À priori, ce dernier n'est pas averti de la visite d'un quelconque seigneur dans la région.
Intrigant, non?
On ne fraie pas avec l'obscur, c'est évident. Les prètres seront de bons conseils. le grand prètre sera persuadé qu'en allant au bout de l'histoire, son protégé mourra.
Et pourtant, et si aller au bout du récit de la grande bataille permettait à la dynastie déchûe de reposer enfin en paix?
Peut-on se fier à un fantôme japonais?
Le récit est étonnant et d'une qualité insoupçonnée seulement au simple regard.
Texte et image travailleront de concert pour nous replacer dans un jeu de confiance et d'instinct, puisque Hôichi n'y voit rien.
Hôichi ne pourra se fier à ce qu'il voit, bien entendu, qui a pour but d'impressionner. Il sera à l'écoute en revanche, d'une plainte non formulée mais que le plaisir sincère de l'entendre raconter rendra de plus en plus claire.
C'est une belle émotion. le conte est à la fois frissonnant et passionnant. Il y aura une fin mais on peut dire qu'elle restera en partie ouverte. L'album est à recommandé pour une nuit de contes exceptionnelle sur les fantômes.
Ce texte est une adaptation du récit de
Lafcadio Hearn, un auteur irlandais du XIXème, grand amateur du folklore fantômatique japonais. Ce dernier s'était d'ailleur fait naturalisé japonais et rebaptisé Yakumo Koizumi.