Fleur de nuit, tome 2 : Âmes au crépuscule

Depuis « Les rêves brisés », dix ans ont passé. Nous voici en 1943. Venise est occupée. Ester fait partie de la Résistance. Jacopo est médecin. En tant que juif, il n'a pas le droit d'exercer. Il soigne gratuitement les plus démunis.Le général Raumlich s'est installé chez les Macra et, bien loin de son ancienne liberté d'esprit, la mère des jumeaux est contrainte à se faire l'esclave sexuelle de von Ströbitz, qui lui fait durement payer sa prétendue protection. C'est la seule façon de ne pas se faire expulser et de protéger le père de famille, aphasique et impotent depuis son attaque cardiaque.
Le tome 1 commençait par des pages sombres, dans un train de déportés. Au contraire, cette partie s'ouvre sur les couleurs vives d'une Venise en liesse. C'est l'armistice. Mais déjà, à peine au bas de la page, les vignettes nous envoient dans la nuit et des scènes d'agression.
De nombreuses planches nous ramènent dans le passé. Comme les vieilles photos jaunies, elles sont dans des teintes gris et sépia. Mais la plupart des actions au présent de l'histoire sont grises elles aussi. C'est le soir ou la nuit. Les tons verdâtres dominent, comme les uniformes des occupants. Ou alors, les couleurs sont ternes, beiges, brunes. Les heures sont graves. Les nazis commettent les pires exactions. Parmi eux, on retrouve Hans von Ströbitz. Il n'a plus rien du jeune homme tendre et romantique qu'il était dans le premier tome. L'entraînement intensif qu'on lui a fait subir dans l'armée hitlérienne l'a transformé en brute sans coeur. Après un attentat commis par les Résistants, il fait exécuter des citoyens innocents, sans aucun état d'âme. Il est devenu comme son père. Mais peut-on changer à ce point ?
La fin de l'histoire est tout à fait inattendue. C'est vrai, personne n'a un coeur tout à fait noir.

1943, Jacopo, Ester et Hans se retrouvent à Venise mais tout a changé. Jacopo exerce comme médecin mais n'en a pas le droit. Ester s'est engagé dans la résistance. Leur mère est coincée : maitresse forcée du père de Hans, elle cherche à protéger sa famille. Quant à Hans...fini le jeune homme délicat et cultivé. L'amant de Jacopo est devenu un SS dans l'âme, chargé d'éradiquer la cellule de résistance de la ville, il va employer tous les moyens pour réussir sa mission. Histoire dure et touchante malgré tout avec de beaux personnages comme Jacopo perdu face à son ex amant devenu cruel, sa mère obligée de supporter un amant sadique et Ester, droite dans ses convictions et qui ne veut pas se soumettre.
Cela finira dans un face à face ultime entre Ester et Hans.
Beau diptyque, cruel certes mais réaliste accompagné d'un dessin fouillé et précis.

Tragédie italienne
Ecrit par la talentueuse Giovanna Furio et mis en image par les somptueuses aquarelles de Marco Nizzoli, Fleur de Nuit nous entraîne dans l'Italie fasciste des années 30 et 40 pour une histoire d'amour impossible tout à la fois sublime et tragique.

Hans, fils d'un industriel nazi et Jacopo, issu d'une grande famille bourgeoise vénitienne juive, allait connaître une folle passion qui, en d'autre temps et en d'autres lieux, aurait pu être heureuse et paisible. Mais la folie des hommes en a décidé autrement… Sous la pression de son père, Hans est devenu un officier nazi froid comme la mort et Jacopo ne peut que constater avec amertume que son amant est devenu un monstre…

Solidement documenté et solidement charpenté, ce diptyque hantera durablement le lecteur… Car ce n'est pas l'histoire d'un amour homosexuel qui nous est conté, mais une bouleversante histoire d'amour, tout en justesse et en retenue…

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