Je l'ai lu presque d'un trait. On s'attache rapidement aux personnages et on est captivé par l'intrigue.
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Le goût de l’évasion, la curiosité peut-être, ou la soif de connaître. J’ai souvent observé les touristes. Pour moi, il y a là matière à surprise. Je suis toujours étonné de voir qu’il y a autant de réactions qu’il y a d’individus. Pourtant, dans l’ensemble, les visiteurs, plus on les observe, plus on se rend compte qu’ils se ressemblent tous. Dès qu’ils s’approchent de l’entrée d’un impressionnant temple, d’un château ou d’une église, le timbre de la voix décline, les mots meurent presque sur les lèvres. Un sentiment de recueillement semble les envahir. Une fois parvenus à l’intérieur, celle qui chausse des talons bruyants se déplace sur la pointe des pieds, tente de glisser sur les dalles plutôt que d’y marcher. D’instinct, tous relèvent la tête vers le dôme comme si l’on espérait, comme si l’on sentait que c’était de là-haut que provenait le sentiment de grandeur.
Onésime, qui avait parcouru le monde, affronté des durs, flâné dans les bas-fonds, remué des foules, déjoué la justice, jonglé avec le danger, Onésime, à son grand désarroi, sentit surgir en lui quelque chose de nouveau, d’insolite, d’alarmant. Quelque chose qu’il tenta de vaincre, de surmonter. Incapable de donner un nom à cette force qui radiait de son fils, il crut d’abord qu’il s’agissait d’une faiblesse passagère. Son âme combative et haineuse ne sut saisir la grandeur et la pureté de cette émotion troublante qui, il lui fallait l’admettre, ne cessait de le hanter. Il aimait ce fils, même s’il ne parvenait pas à se l’avouer. Il aimait ce fils et plus les jours passaient, plus son désir de mieux le connaître et de s’en faire aimer grandissait en lui. Il voulait ce fils, la chair de sa chair. Il n’épargnerait rien ni personne pour l’avoir bien à lui.
Je connais de vieux couples qui restent ensemble pour avoir quelqu’un avec qui se chicaner. Un dit noir, l’autre dit blanc. C’est à qui aura raison. Leur bonheur se limite à une lutte de pouvoir.
Rien ne fait plus mal que les vieilles rancunes entretenues. Elles s’aggravent et s’enveniment parfois à outrance. Et on ne sait plus si c’est l’offense ou la rancune qui fait le plus souffrir. La vie est trop courte. Il faut faire pour qu’elle se passe dans l’harmonie, dans l’unisson.
L’amour c’est autre chose. Je l’ai connu, je l’ai vécu, mais ce sentiment merveilleux n’était pas partagé. C’est très frustrant de vivre ainsi. J’avais sans cesse l’impression de me trouver devant une impasse. J’oubliais tout et tous, je ne voyais que lui, je cherchais continuellement à lui plaire. Mais ça tombait à plat, car il n’était jamais réceptif. Un mur, oui, il y avait un mur entre nous deux, que je ne pus jamais franchir. Même dans nos moments de grande intimité, j’avais l’impression cuisante et amère d’être une chose.