J'aime bien avoir mon mot à dire quand je lis. Eh bien,
Christian Gailly m'a pris au mot. Parfois, il ne termine pas ses phrases. À moi de les finir… ou non. Exemple : « À la surface, surnagent. » Je sais de quoi il parle, mais tout de même, je me cogne littéralement aux points. J'aime bien. La phrase suivante n'en est que plus frappante. Les phrases peuvent aussi être longues. L'auteur tourne autour du pot, indécis, et préfère parfois le rester. Il joue ainsi avec le long, le court, le direct et le moins direct. Il faut se laisser porter par ces variations qui insufflent un rythme très particulier à l'ensemble. D'ailleurs, le personnage principal, Basile Lorettu, défini comme « un jeune savoyard adoptif », est un « altiste parkérien » : « Yacada, yacada, cada, yacada, yacada, ça va vite, ils ont pris ça sur un tempo un peu rapide, Lorettu alto et Georges trompette vont devoir attaquer le thème à cette vitesse-là, un thème de Parker ».
Il y a aussi Paul. Paul? Paul est (presque) aussi important que Basile. Près de la moitié du livre lui est consacrée. de magnifiques pages écrites dans un style légèrement différent, moins brutal.
Et la fin ? Belles pages sur le plaisir de jouer… Les plus belles du livre.
Lecture exaltante.
Vous pourrez lire, en guise de postface « Le swing Gailly », un article sur "
Be-Bop", de
Jean-Noël Pancrazi. le journaliste y parle très bien, entre autres, du célèbre rythme Gaillyen : « Les romans de
Christian Gailly […] reposent toujours sur l'histoire d'un rythme. ». Un très beau texte. La cerise sur le gâteau.