We Need to Talk about Putin

+++++++ IL FAUT QU'ON PARLE DE POUTINE +++++++

Un titre inspiré manifestement par le roman de Lionel Shriver et le film homonyme de Lynne Ramsay : "Il faut qu'on parle de Kevin" - l'histoire du jeune meurtrier Kevin Khatchadourian.

Mark Galeotti, spécialiste britannique de la Russie comme auteur entre autres de "Brève histoire de la Russie" et "The Modern Russian Army", part dans ce petit livre du constat qu'en dépit de la masse énorme qui a pu être écrite sur la Russie de Poutine, nous ignorons toujours qui est vraiment ce Poutine : "un autocrate impitoyable ou le sauveur d'une nation assiégée (beleaguered)" ?

Ce qui a motivé Galeotti à écrire ce livre c'est l'existence d'une abondance de clichés et divagations caricaturales qui empêchent de comprendre réellement cet homme.
Cet ouvrage n'a aucune prétention scientifique et l'auteur demande à ses confrères académiques leur indulgence pour le ton, la concision (seulement 143 pages) et l'absence de notes de bas de page.

Après un bref curriculum de Poutine (2 pages) et une liste des personnages principaux, parmi lesquels figurent le KGB, le FSB, le GRU (renseignements militaires) le SVR (renseignements extérieurs), ses potes les frères Rotenberg, son ami d'enfance Sergueï Roldugin, son chef cuisinier (le peu appétissant ex-taulard) Evgueni Prigojine, le châtelain Dmitry Medvedev ... Mark Galeotti aborde certains aspects de la carrière de Vladimir Vladimirovitch : ses activités dans le KGB, ses débuts politiques, ses vues politiques, ses vues sur l'argent, sa conception d'une Russie continuellement menacée par l'Occident et l'OTAN et ses considérations relatives à une éventuelle retraite.

Plutôt que de résumer les réflexions de l'auteur que je vous laisse approfondir, j'ai crû bon de vous faire part de mon jugement personnel du triste sire, basé sur de multiples ouvrages lus au fil des années.

Mon avis personnel :

Vladimir Poutine, à presque 70 ans, a gardé la mentalité d'un agent borné du KGB, qui par un coup de chance et grâce à essentiellement un Eltsine alcoolique et l'oligarque mafieux Boris Berezovski (mort mystérieusement en Angleterre le 23 mars 2013), ainsi qu'une guerre provoquée en Tchétchénie (août 1999 - février 2000) a pu monter au pouvoir suprême.
Arrivé au Kremlin, il a commencé par s'entourer d'une coterie de profiteurs plus ou moins malhonnêtes avec qui il a été procédé à une "piratization" systématique des richesses naturelles de la Russie.

Parallèlement à l'instauration d'une kleptocratie, le dénommé Poutine s'est octroyé l'ambition d'un chef d'État historique en voulant rétablir la Russie dans le territoire de l'ancienne Union soviétique, d'où plusieurs conflits dans le Caucase, ensuite en Syrie et maintenant en Ukraine. Et demain ?

Autres caractéristiques : la liquidation de toute opposition, soit en l'enfermant comme Navalny ou en élimination physique comme Anna Politovskaïa le 7 octobre 2006 à 48 ans ; l'emploi hypocrite de mercenaires, le fameux Groupe Wagner, pour des coups fourrés jusqu'en Afrique et l'utilisation de trolls pour influencer les élections un peu partout dans le monde, comme aux États-Unis en faveur de Trump en 2016 et causer des dégâts économiques en Occident.

Tandis que ses proches "collaborateurs" achètent des propriétés dans le quartier le plus chic de Londres ou les endroits les plus exclusifs de la Côte d'Azur, s'ils ne sont pas en train de naviguer à bord de leurs superyachts vers un paradis fiscal exotique, 1 sur 8 Russes vit en dessous du seuil de pauvreté et les éléments les plus brillants essaient d'émigrer !

Entretemps, depuis 79 jours et chaque jour à nouveau de pauvres citoyens ukrainiens et des pauvres soldats russes meurent, sont blessés ou optent pour un exil incertain. Tout cela à cause d'une évaluation politique et interprétation stratégique erronées par un dictateur vieillissant entouré d'une bande de collaborateurs qui n'osent avancer la moindre réserve sur ses initiatives criminelles.