Ce livre est tout simplement merveilleux, plein d'humour et d'interprétations au deuxième degré. Même ceux qui n'aiment pas lire et préfèrent de loin le cinéma, l'aimeront quand même. Ceux qui aiment l'histoire l'adoreront.
Chaque lettre alphabétique a un chapitre lui dédié avec un préambule de quelques lignes, en italique, qui met l'eau à la bouche. Je me sentais comme à l'école, auprès d'un professeur amusant, qui annonce un beau programme !
C'est son amour des mots qui a inspiré à l'auteur cet ouvrage. Sa relation avec les mots est vraiment touchante. Il les traite comme des humains : ils naissent, vivent, voyagent, se déguisent. Ils se marient, ont des enfants. Ils peuvent mener une double vie et même renaître.
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Je ne cesse de parcourir cet ouvrage, qui ne s'embête pas de contournements lexicaux ou de tergiversations sémantiques, mais qui va droit au but, et qui nous explique en quelques lignes l'origine souvent obscure et surprenante, des mots de tous les jours. Un vrai succès, qui aurait mérité d'autres tomes!
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PANIQUE (due à la flûte de Pan)
Pan, le dieu grec des troupeaux, passait sons temps à poursuivre amoureusement les bergères ( ou les jeunes bergers ! ). Lorsque cet être velu, aux cornes et aux pieds de bouc, surgissait d'un bosquet en faisant jaillir des sons stridents de sa flûte, on comprend la "panique" (du grec "panikos", même sens ) de ces jeunes personnes.
Malgré son apparence effrayante, les Athéniens vénéraient le dieu Pan : il avait jadis sauvé les armées athéniennes en inspirant une peur "panique" aux Perses pendant les guerres médiques.
PANTALON ( sur un patron de Venise )
Un des personnages les plus appréciés des spectateurs de la Commedia dell'arte était le célèbre "Pantalone", qui campait un vieux paysan assez ballot, vêtu d'un habit collant tout d'une pièce. Son costume s'inspirait du vêtement traditionnel des paysans des environs que les habitants de Venise appelaient les "pantaloni".
Ce surnom leur venait du nom de Pantaleone ( "vrai lion" en grec), saint patron de la ville de Venise, prénom sous lequel étaient souvent baptisés les nouveau-nés des campagnes voisines.
AMAZONE ( privée de sein )
Le fleuve "Amazone" qui coule en Amérique du Sud porte le nom d'une peuplade de femmes guerrières qui, aux dires d'Hérodote, habitaient sur les bords de la mer Noire. Ces valeureuses guerrières se coupaient un sein afin de pouvoir mieux bander leur arc. De là vient leur nom grec : " a ", sans, et " mazos ", sein.
Quand le conquistador Orellana, entreprit la première descente du Rio Sante Maria de la Mar Dulce, son expédition eut à combattre une tribu de femmes guerrières. Orellana les compara à des Amazones : il rebaptisa la rivière, " Fleuve des Amazones ".
SOUPE ( tranche de pain )
Au Moyen Age, on ne faisait cuire le pain qu'une fois ou deux le mois. Le pain était donc mangé plus souvent rassis que frais. Même complètement rassis on s'en servait encore :
-- soit déposé au fond de l'écuelle avant de verser le bouillon dessus. C'était ce qu'on appelait faire la "soupe", d'où l'expression "être trempé comme une soupe" ;
-- soit utilisé en guise d'assiette pour couper sa viande. Ces assiettes étaient mangées à la fin du repas, bien détrempées par la sauce ( dans les maisons riches elles étaient jetées aux chiens ou distribuées aux pauvres). Cette tranche de pain s'appelait un "tranchoir".
Quelle économie de vaisselle !
TORTUE (bête infernale du Tartare)
La tortue de la fable nous paraît un animal bien inoffensif. Ce n'était pas l'avis des Anciens qui l'avaient appelée "bestia tartaruca", la bête du Tartare. Son bec dur, son cou plissé faisaient penser à une bête infernale.
Le Tartare en question n'est pas un des conquérants mongols mais une des régions des Enfers, lieu de châtiment des grands coupables et des ennemis des dieux.