Mon journal dans la grande pagaïe

1947.

Un autre pet-de-loup, nommé Roger Boussinot, se déchaîne contre moi dans ACTION, hebdomadaire confidentiel communiste, et me traite successivement d'anarcho-boulangiste, d'imposteur, d'escroc au sentiment, d'adjudant refoulé et même d' "un des petits louis XV de notre temps".
Que faisait cet individu "sous la botte nazie" ? Le Boussinot était tout simplement employé au poste de télévision ALLEMAND de la rue Cognaq-Jay !
Double jeu évidemment !

Au sujet des Mémoires de Joseph Cailaux, publiées en 1947

La guerre de 14 aurait été évitée si Caillaux avait pu s’entendre avec Jaurès et présenter contre les nationalistes bellicistes un véritable bloc des gauches comprenant les socialistes. La constitution d’un ministère Caillaux-Jaurès était prévue pour octobre. Les deux leaders de la gauche furent gagnés de vitesse par la guerre, début août.

Les Allemands avaient reculé en 1905 et en 1911 ; ils auraient reculé en 1914, affirme Caillaux, si on leur avait ménagé une issue, si le gouvernement français avait empêché la mobilisation russe et obligé l’Angleterre à abattre franchement son jeu.

L’Elysée n’a pas fait le nécessaire pour éviter une guerre qu’on envisageait sans défaveur, écrit Caillaux, tandis que de son coté Guillaume II en 1914, comme en 1911, comme en 1905, voulait la guerre d’une volonté à la fois passionnée et vacillante, qui eût fléchi si elle s’était heurtée à une résolution nette et ferme de paix, fière et digne. Elle rencontra un état d’esprit de propulsion belliqueuse.

La révélation la plus sensationnelle de ces Mémoires, c’est la publication du procès-verbal du Conseil du 3 août 1914 dressé par Messimy, ministre de la Guerre. Viviani, qui vient d’avoir un entretien avec l’ambassadeur allemand de Schœn, déclare : « Ils canent ! » et ajoute : « Je crois que nous allons éviter la guerre ». Mais Poincaré proteste :

Allons donc ! Cet homme-là vous joue. C’est une manœuvre, c’est un piège, et du reste, serait-ce la vérité, l’Allemagne à cette heure sentirait-elle le péril qu’elle court, croyez-vous que c’est à ce moment où nos troupes de couverture sont à leur poste, à l’heure où nous avons pu éviter l’attaque brusquée de nos ennemis, que nous nous refuserions à tirer parti de la situation admirable où nous nous trouvons ? Non, ce n’est pas à la minute où nous sommes prêts que nous allons renoncer au bénéfice de la situation. Du reste, dit M. Poincaré, se tournant vers Messimy, s’il le faut, nous créerons un incident de frontière. Ce n’est pas difficile, n’est-ce pas, monsieur le ministre de la Guerre ?

C'est effrayant si c'est vrai

19 mars 1947.
Grandioses funérailles de Jean-Richard Bloch.
C'est ce médiocre écrivain, ex-directeur de Ce Soir, qui, encore que Juif et communiste, voyagea sans aucune difficulté entre Paris et Moscou via Berlin au printemps de 1941, alors que Staline était encore l'allié de Hitler et publia un récit de son voyage en Allemagne après l'attaque de l'U.R.S.S. par la Wehrmacht.
Vingt jeunes vierges communistes, précédant le corbillard, portaient sur des coussinets cramoisis, ainsi que des reliques, les volumes N.R.F. du "génial" écrivain, de même qu'en régime capitaliste aux obsèques d'un quelconque traîneur de sabre sont présentées aux badauds ses innombrables décorations...

Chez Bernard Zimmer, Simone parle de Maurice Maindron, l'auteur de Saint-Cendre et de Blancador l'avantageux, qui avait épousé la fille de Doumic.
C'était un cérébral et il lui fallait une bizarre mise en scène pour qu'il fût à même de rendre ses devoirs à son épouse : la fille du secrétaire perpétuel de l'Académie se costumait en nonne ; lui s'affublait d'un heaume et d'une cuirasse et se précipitait sur elle en criant : " La ville est prise ! On pille ! On viole ! "

1947.
Histoire juive raconté par Dubois d'Adam.
Accident de chemin de fer ; il y a de nombreux blessés. Lévy s'en tire sans une égratignure :
- Tu n'as pas de chance, lui dit Jacob, tu ne toucheras pas d'indemnité !
Lévy se sent aussitôt pris d'une paralysie de l'épaule...et touche la forte somme.
Quelques semaines plus tard, il s'attire cette remarque ironique de Jacob :
- Alors, mon pauvre ami, tu vas jouer les paralysés toute ta vie ?
Mais lévy, clignant de l'oeil, murmure :
- Heureusement...il y a Lourdes...