Yvon Garland est historien de l'Antiquité grecque et romaine. Il s'est beaucoup penché sur la guerre dans ces mondes, moins d'un point de vue événementiel que sociologique et militaire. Outre cet excellent La guerre dans l'Antiquité, il a rédigé notamment
Guerre et économie en Grèce ancienne.
Dans ce manuel universitaire, il décrit les différents types d'armées, leurs équipements souvent spécifiques. Qu'on pense aux fameuses phalanges de hoplites grecs, fantassins lourds armés d'un bouclier, d'une lance et dune courte épée (80 kg en tout avec la cuirasse) ou les garnisons de légionnaires romains.
Son ouvrage dépeint également les éléments de stratégie, tant sur terre que sur l'eau, développées au cours de ces siècles batailleurs et/ou conquérants. Celles-ci évoluent au gré des batailles, des terrains, de l'ennemi, et des changements dans les mentalités. J'ai découvert avec ce livre le terme et les techniques de la poliorcétique, ou art d'assiéger. Ou comment l'esprit rusé d'un Ulysse, quoique chanté dans son Odyssée, était mal perçu chez les Grecs, en particulier les Spartiates, car ça contrevenait à une conception de l'honneur militaire profondément ancrée.
J'ai lu ce manuel voici maintenant près de vingt ans lorsque je préparais le CAPES d'Histoire-Géo puisque le thème de la guerre en Grèce antique classique était au programme. Plus qu'une obligation estudiantine, ce fut un plaisir car la prose d'Yvon Garland brille par sa clarté et sa grande accessibilité. Ses propos sont éclairés d'exemples concrets et de dessins figurant les divers types de soldats et d'équipements. Il permet de mieux appréhender les civilisations en question où la guerre joue un rôle majeur dans la chronologie comme dans la vie des citoyens (embrigadement des jeunes garçons dès sept ans dans des casernes à Sparte, formation poussée des légionnaires de l'Empire romain, etc). Et qui se poursuit jusqu'à nos jours avec des figures immortalisées par l'Histoire telles que Léonidas aux Thermopyles, Alexandre le Grand bien sûr, Hannibal, César, Hadrien, etc.
Depuis cette lecture, je ne regarde plus de la même manière les péplums guerriers qui s'inspirent de toutes ces batailles et conquêtes du passé. Un usage anecdotique certes mais il faut faire feu de tout bois.