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Appelée pour résoudre une panne de turbines sur une île peuplée en majorité de femmes, Charlotte découvre un univers qui dans un premier temps la séduit. La solidarité, les rites chamaniques, l'amitié et l'ouverture d'esprit sont des valeurs auxquelles elle adhère volontiers. Mais rapidement il semble que derrière le décor se cachent de vieilles histoires moins reluisantes. Lorsque le jumeau de Marianne, celle à laquelle se réfèrent les îliennes, manifeste le souhait de revenir sur l'île après vingt ans de bannissement, les masques tombent.

Ce conte moderne aux allures de fable antique avait tout pour séduire. Un thème porteur, des personnages atypiques et un secret enfoui, de beaux ingrédients romanesques. Mais la narration s'épuise rapidement et on reste sur sa faim. La sororité explose en vol, au profit des viles passions et de la jalousie.


Le défilé des dialogues nuit à la fluidité du récit et au développement d'une thèse. Les situations de tension sont un peu trop caricaturales et n'ont pas réussi à me convaincre.


224 pages Livres agités 9 mars 2023
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Débarquer sur l'île des femmes

Le premier roman de Juliette Garrigue, l'histoire d'une île tenue par des femmes, peut se lire comme un conte philosophique, un essai féministe, une tragédie grecque ou une fable écologique, le tout servi par une plume limpide.

Charlotte est missionnée sur l'île de Matria afin de réparer les machines en panne. Si elle a accepté de faire le voyage, c'est qu'elle vient de se séparer et qu'elle a perdu son grand-père, sa seule famille. Autant dire qu'elle avait bien besoin de se changer les idées. Sur Matria, elle est servie. Car ce coin de terre, ancien pénitencier, est devenu l'île des femmes qui jouissent ici d'un statut particulier. À la tête de ce microcosme, Marianne est tout à la fois la mémoire de ce lieu, la cheffe et la responsable des relations publiques qui vend son petit paradis avec lyrisme: «Matria est une planète vivante. Son pouls bat là, sous tes pieds, à chaque pas; on soulève les croûtes et la poussière qu'il faut savoir fouler sans la blesser. Elle est dans la pierre, dans les cailloux, dans le sable, dans les branches, dans les herbes, dans l'eau, le sel, mais aussi, en une pleine réciprocité, dans les pores de ma peau, dans les racines de mes cheveux; elle est dans mon ventre, elle prend les chemins de mes veines, campe mon coeur, résonne dans mon sexe.»
À la veille de quitter l'île, une forte tempête oblige Charlotte à prolonger son séjour et à constater combien la solidarité entre les habitantes est forte. Ajoutée à la somme de travail qui l'attend, elle va finir par se convaincre que sa place est bien là et se promet de revenir s'installer sur l'île.
C'est alors qu'elle croise Fabrizio, le frère jumeau de Marianne. Après avoir bourlingué vingt ans loin de Matria, le voilà de retour. Sauf que ce bel homme «accro à la coke et à la bibine» a été banni de l'île et sa soeur n'entend pas l'accueillir à bras ouverts, même s'il vient avec le projet offrir à des réfugiés une place sur l'île.
Car Marianne se doute que le bel équilibre construit au fil des ans pourrait être remis en cause, déjà qu'elle doit composer avec Rosie et sa bande, les ultras qui entendent faire la police sur l'île et n'hésitent pas à chasser les hommes putes qui débarquent dans des cavités de la falaise pour se vendre aux femmes.
Pour elle, il est primordial de respecter, dans chacun de leurs actes, ce qu'elle appelle l'intersubsistance ou la cosmose, c'est-à-dire l'art de se fondre dans la nature: «Tu as devant toi une société qui en épouse toutes les dimensions matérielles et spirituelles, toutes les exigences aussi. La complémentarité, l'interdépendance, la coopération, le lien».
En tentant de réconcilier le frère et la soeur, Charlotte ne va-t-elle pas remettre en cause ce bel équilibre ?
Juliette Garrigue réussit fort bien à mettre en scène cette utopie féministe et à en cerner les forces et les faiblesses qu'incarnent Marianne et Fabrizio, jumeaux aux aspirations contraires que les liens du sang rendent encore plus intransigeants. Comme notre planète dont l'équilibre au fil des ans devient de plus en plus fragile, Matria devient le symbole d'un monde idyllique en grand danger.
Voilà une entrée en littérature réussie !


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je remercie les Editions Livres Agités de m'avoir proposé ce Sp.
Un roman initiatique, un poème onirique, un manifeste féministe, un manifeste écologique, ce roman est beaucoup de choses.
Le style de l'auteure Juliette Garrigue est fluide, très agréable, mais également poétique dans ces descriptions de cette terre idéale qu'est Matria.
Une île où ne vivent que des femmes, une vie en accord avec la nature, mais doucement comme les pannes de la turbine le montrent, une terre qui montre des signes de fatigue, des incohérences, et pour finir des dérives. Il n'y a pas de terre idéale, pas de civilisation idéale, il faut juste conserver un équilibre entre les sexes, un respect. Une très belle leçon.
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Étrange roman lu en quelques heures. Et combien en a-t-il fallu pour l'écrire, le corriger, le modifier, l'imprimer, le distribuer et le défendre ? Combien de temps.

Étrange roman philosophique ? Utopique ? de notre temps ? Certainement oui a toutes ces questions.
En le lisant des images me sont venues, comme Audrey Rocio Ramirez dans le dessins animé de Walt Disney (le seul peut-être que j'ai su apprécier) Atlantide et la voix de Jacqueline Obradors.

Ce conte tragique m'a surtout transporté dans un « comme si… »

Comme si quelqu'un voulait écrire l'origine terrestre des Bene Gesserit du magnifique cycle de Dune de Franck Herbert.
Je sors de cette lecture me sentant étiré sur plusieurs millénaires, ceux des débuts de l'humanité et du patriarcat et les dernières transformations de Bene Gesserit dans la Maison des Mères.

Pas sur que l'écrivaine, l'autrice et son éditrice aient pensé à tout cela, mais ce roman aux couleurs chemise verte et jean bleu ciel l'a fait en un lecteur : moi ce "Je" qui est un autre.

J'ai deux citation qui m'ont retenu plusieurs minutes :
« Recommencer. Travailler. Dire bonjour aux mêmes personnes. Et le soir au revoir. Faire ton boulot puis encaisser un chèque qui ne couvrira pas le découvert de ta tristesse. »

Et aussi :

« – L'enfant est l'allié le plus compréhensif, enchaîne Chilam. Il vit au même rythme. L'aiguille du temps suit les besoins primaires : manger, dormir, faire ses besoins. Recommencer. Et dans chacun de ses actes, la cosmose.
– La quoi ? ne puis-je m'empêcher de questionner.
– La cosmose, ou l'art de se fondre dans la nature. Tu as devant toi une société qui en épouse toutes les dimensions matérielles et spirituelles, toutes les exigences aussi. La complémentarité, l'interdépendance, la coopération, le lien, ajoute Léonard.
– Je me souviens des mots de Marianne. L'intersubsistance ! »
Lien : https://tsuvadra.blog/2023/0..
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Matria c'est une île régie et habitée par des femmes à quelques exceptions près de
Charlotte y pénètre pour réparer une turbine.
Elle y fera la rencontre de Marianne, matriarche de l'île, qui défend la notion d'intersubsistance : chaque personne produit quelque chose qui va venir compléter les besoins d'autres personnes sous forme de cercle vertueux qui évite les dérives du capitalisme, en tout cas je l'ai compris comme ça.

Parmi tous ces personnages féminins j'ai beaucoup aimé Charlotte et sa personnalité qu'on prend le temps de découvrir.
Fabrizio, quant à lui, sera la personnification du grain de sable qui vient enrayer cette belle mécanique, je n'en dis pas plus.

J'ai bien aimé ce récit même si l'île permet des facilités : facile à défendre, pleine de ressources pour permettre l'autosuffisance ou presque..

La fin est plutôt attendue et facile mais reste cohérente avec le scénario.

Merci à Babelio de m'avoir permis de découvrir cette autrice et cette maison d'édition que je ne connaissais pas.
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Matria, de Juliette Garrigue

26.01.2023 🔧Récit initiatique🔧

L'histoire :
Lorsque Charlotte est appelée sur île mystérieuse pour y réparer une turbine, elle découvre Matria.
Matria est une île, non loin du continent, où ne vivent que des femmes et quelques enfants, en autarcie.
Tout est autogéré et dirigé par Marianne, entre chamane et sorcière.
Mais quand Fabrizio, le jumeau banni de Marianne revient 20 ans après son exil, pèse sur ce monde féminin une menace sournoise.
Charlotte, sous le charme de Fabrizio, va essayer par tous les moyens de réconcilier l'île et ses habitantes avec Fabrizio, et particulièrement Mariane.

Mon avis:
J'ai sélectionné ce livre parce que j'étais intriguée et séduite par le résumé, par cette idée d'une île gérée et habitée par des femmes.
(et j'avoue que le fait que l'héroïne se prénomme Charlotte n'a fait que confirmer mon choix).

Très contente donc d'avoir remporté ce livre à la masse critique babelio de janvier !

J'ai découvert une maison d'édition Livres agités, avec Matria, et une nouvelle auteure.

Il s'agit ici d'un roman qui mène à réflexion, clairement féministe, où deux idéaux s'opposent.
Sur l'île, la vie s'autogère, chaque femme y a son rôle bien défini, et est menée par Marianne, le tout dans le respect de chacun, et de la nature.
On y retrouve quand même une milice de femme peu commodes, ce qui montre que même une communauté pacifiste a son moyen de défense.

Puis il y a Fabrizio, qui représente le sexe opposé, celui que refusent toutes ces femmes, et qui, comme pour confirmer leurs craintes, vient et exige de sa soeur un bouleversement pour l'île.

Aussi louables soient les intentions de Fabrizio, il essaye de s'imposer et malheureusement pas de façon douce et réfléchie.

J'ai apprécié le personnage de Charlotte, qui se retrouve tiraillée entre les deux personnages, alors qu'elle est tout à fait à même de s'occuper d'elle-même, étant donné sa force de caractère et ses compétences.

Une belle critique de la société, même si j'ai trouvé de temps en temps qu'il manquait de subtilité et que les clichés ont la vie dure.

Est-ce que ça vous tente de visiter Matria ?
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Matria est une île où les femmes vivent en grande majorité et sont hermétiques au sexe opposé. Et pour cause, Matria a traversée des guerres pendant lesquelles les hommes ont usé de leur attribut masculin.
Marianne domine l'île par sa prestance mais aussi parce que c'est sa mère Maria qui lui a léguée ce pouvoir, celui d'entretenir l'utopie d'une vie sans hommes.
D'hommes il s'agit tout de même, ils ont un endroit à eux à côté de l'île où les femmes peuvent les rejoindre pour des plaisirs charnels. Oui, la sensualité déborde des pages de Matria.

La nature a une place importante sur Matria, elle exerce une domination sur les habitants de l'île, décisionnaire du quotidien. Un renversement des forces s'opère : la Nature reprend ses droits.

Marianne a un jumeau Fabrizio qui, après avoir fait l'erreur de sa vie a 10 ans, est banni de l'île. Mais aujourd'hui il souhaite y revenir pour une cause louable. En parallèle, Charlotte débarque sur l'île avec ses compétences de technicienne pour effectuer des travaux. Elle va être celle qui relie Marianne & Fabrizio, celle qui va tenter de faire la jonction mais devra en payer le prix et découvrir toutes les vérités cachées et enfuies.

Entre guerres fratricides à l'ancienne et utopie moderne, Juliette Garrigue imagine une terre de liens où l'intersubsistance fait foi, où les enfants sont non genrés jusqu'à un certain âge, où la femme a ce plein pouvoir. Mais ce plein pouvoir peut aussi se conjuguer avec violence. L'idée m'a séduite, j'aurais adoré approfondir avec encore plus de discernement le personnage de Marianne dont l'aura n'a d'égal.

Matria, l'Utopie des temps modernes 🌷
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Comment croire que ce livre n'est que le premier de l'autrice ?

Il s'agit ici d'une belle tragédie, digne des oeuvres grecques , qui nous pousse à nous questionner sur la justesse de ce monde. Chaque vertue a une dualité et chacune d'entre elle est à la fois bonne et mauvaise.

On se plonge dans un monde binaire en tout point (hormis peut être en ce qui concerne les enfants).

A quel point deux personnes sont semblables ? A quel point sont-elles opposées ? Peut on vraiment sortir des dictats de notre société ? Peut on créer un monde sans perpétrer les fléaux ?

Malgré toutes ces réflexions, la lecture est simple, fluide, nous prend par la main. Nous sommes enveloppés par Matria.

Félicitations à l'autrice.
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Matria, c'est le seul ouvrage que j'ai réussi à lire pendant ma grossesse, profitant d'un regain d'énergie à la toute fin pour me plonger dans ce récit de femmes, de lignée, de féminismes et de reconquête des territoires - y compris le sien propre. Cela m'a beaucoup parlé, évidemment.

L'écriture de Juliette Garrigue est belle, poétique, et nous entraine à corps perdus dans une atmosphère mystique où les pouvoirs des femmes se transmettent et transpirent par tous les sens. Les descriptions mettent en valeur autant la nature que les personnes.

Autour de Marianne, garante de la continuité du projet Matria, une communauté vit en intersubsistance et connexion totale avec la terre, des femmes pour la plupart, inspirantes et "aspirantes". Mais tout n'est pas si simple et les menaces sont bien réelles, celles des hommes - toujours eux - comme celles des conflits qu'ils engendrent. Alors il y a aussi Rosie et sa horde de hyènes, mi-amazones mi-louves, qui se préparent pour défendre ou attaquer s'il le faut.
Il y a bien-sûr Charlotte. Celle par qui l'histoire démarre et se termine. Au fils des 219 pages, Charlotte renaît, aime à nouveau, et reprend sa vie en main. Fabrizio, avec qui elle se partage le nom des chapitres - chacun proposant tour à tour son point de vue à elle ou son point de vue à lui - a sa propre histoire dans l'histoire.

Enfin, il y a l'île. En lisant Matria, j'ai ressenti Gorée, et les souvenirs ont afflué à ma mémoire et à mon coeur. "Matria est à la bonne distance et à la bonne échelle. C'est une terre de liens. D'où que l'on se tienne, on en discerne l'étendue. Elle ne cache rien: elle pleure, elle crache, elle hurle, elle caresse, elle rudoie, elle susurre, elle aime, elle protège, elle réconforte. Nous sommes en relation et en conversation avec elle partout, tout le temps."

Matria, c'est la terre, la mer, la(les) mère(s), la nature et ses lois, une île et tellement plus que ça!
Aux éditions Livres Agités évidemment ❤

   《La phrase à retenir》
"Vu d'ici, le continent m'apparait quand même comme un dédale d'emmerdes."
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Let's go pour une petite excursion sur une île. L'île Matria qui est tenue par des femmes…

Un peu d'écologie, un peu de féminisme, pas mal de dystopie, etc, pour un premier roman, Juliette met la barre très haute.
Un excellent moment passé sur cette île onirique où l'équilibre tente de se maintenir.
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