Je suis poésie, moins Gaudé, je me suis dit que la moyenne des deux devrait me convenir.
Ne cherchez point ce que vous ne trouverez point dans ce recueil de "poésie", ni vers, ni rime, ni louange, ni romantisme.
Que la noirceur de l'humain, sa souffrance, sa dignité bafouée à différente époque, vous lirez.
D'un bateau négrier aux terrasses de Paris éclaboussées par la folie meurtrière, de la Jungle à Calais ou ailleurs, la souffrance encore et toujours, la résignation ou la revendication du droit de vivre libre, l'auteur se fait acteur, nous le suivons dans ces périples de misère, pour ne pas oublier la faiblesse de notre espèce, sa cruauté et sa décadence.
C'est dur, froid, sordide, morbide, mais ce n'est qu'un reflet de la mémoire de l'homme, un passé taché, qui résonne dans notre présent sous d'autres formes, mais avec toujours avec cette rage de fermer les yeux sur ce qui ne devrait plus être.
Textes difficiles, mais qui nous éclairent sur cette sombre humanité au fil des siècles.
Le dernier texte nous fait frémir puisqu'il est encore bien ancré en nous : les attentats Paris, Nice, Bruxelles etc... comme un onde qui court du mot à notre peau, nous laissant tremblants de frayeur, mais avec cette lueur d'espoir, qu'on ne baissera pas les bras face à ces hommes qui croient en des dieux je cite l'auteur : "Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est que les hommes aillent tête basse. La menace pour seul bréviaire. Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est la triste soumission " Ils ne vaincront pas. Nous lisons Hugo et
Voltaire depuis trop longtemps. etc...
Oui, nous avons combattu depuis trop longtemps pour cette forme de liberté, même la terreur ne sera pas une arme suffisamment puissante face à la force des mots qui se transmettent de génération en génération.
Le recueil est composé de 8 longs textes, pour que la lumière soit sur ces peuples opprimés, pour leur rendre un peu de dignité, savoir penser avant de s'exprimer sur un sujet aussi dramatique certes lointain comme l'esclavage ou plus actuel comme les réfugiés, savoir la souffrance que ces peuples portent. Lire ce genre de poésie, le beau dans le drame, ça semble difficile pourtant jaillit de ces textes une sorte de beauté, celle de l'humain et du poète réunis dans un seul et même combat celle de la liberté.