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Clara Chotil (Autre)Baptiste Decorps (Autre)
EAN : 9782330178536
256 pages
Actes Sud (07/06/2023)
  Existe en édition audio
4.09/5   3639 notes
Résumé :
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le roi s'éteint mais ne peut reposer en paix dans sa cité dévastée. À son plus jeune fils, Souba, échoit la mission de parcourir le continent pour y construire sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré - e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (372) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 3639 notes
Je poursuis tranquillou l'oeuvre de Gaudé...Au menu , ce coup-ci , La Mort du Roi Tsongor .
Homérien en diable dans sa trame , ce récit épique épique et colégram me conforte dans l'idée que ce Gaudé s'affirme réellement comme étant un magistral conteur !

Le vieux Tsongor , roi incontesté et incontestable de Massaba , s'apprete à marier sa fille Samilia . Sonnez hautbois , résonnez musettes ! le récit s'annonce festif et jovial , n'était ce leger contre-temps en la personne de Sango Karim qui , fort d'une promesse lointaine échangée avec la belle , s'en revient alors , en ce jour de bombance et de ripaille , quémander sa main ! Léger hic , le prince Kouamé , nouveau prétendant attitré , ne l'entend absolument pas de cette oreille – ni de l'autre d'ailleurs . de là à dire que Kouamé n'est pas préteur , il n'y a qu'un pas...Oula , oula , m'est avis que le festin annoncé pourrait tres vite se transformer en rivalité larvée . Il y a désormais quelque chose de pourri au royaume de Massaba ! Aussi avisé que les rois Arthur et Dagobert ;) réunis , le sagace souverain décide alors de se donner la mort pensant alors annihiler toute vélléité guerriere ! Ouiinn ! Fatale erreur votre Majesté puisque les deux promis , habités par un orgueil et un égo aussi démesurés , décident finalement de conquérir Miss Maisjvousaimetouslesdeux à coups de combats et de massacres récidivants !
Tsongor , à la veille de pousser son dernier soupir , fait mander son plus jeune fils , Souba , afin de lui exprimer ses dernieres volontés ! de tes oripeaux princiers tu te dévetiras , sept tombeaux inégalables tu construiras , chacun portant l'empreinte de ce que fut ton pere pour toi...Le sauvant ainsi lucidement d'une mort certaine...
C'est ainsi qu'incognito , Souba missionné par son défunt pere , quitta le royaume de Massaba appelé à ne devenir que ruine et désolation . Vint donc le temps de la solitude opposé à celui du chaos . I'm pooor lonesome fils de roi qui doit le dire à persoooonne...

Gaudé oppose une quete mystique au bruit et à la fureur !
Deux récits concomitants de force et d'impact bien distincts . Car si l'on suit le jeune Souma avec grand plaisir dans sa recherche de vérité et de spiritualité , les combats incessants venant se fracasser telles les vagues sur la greve peuvent constituer un leger bémol , voire un petit fa diese à la longue ! La plume est toujours aussi évocatrice et immersive seulement , les affrontements se succédant inlassablement pour , au final , laisser les deux bélligérants sur leurs positions , peuvent susciter à la longue un brin de lassitude lassante . Absolument rien de rédhibitoire tant l'intensité des batailles transpire à chaque page ! Véritable cours magistral de stratégie guérriere , Gaudé inscrit son récit sur la longueur en prenant le parti de compter par le menu ce suicide collectif sur plusieurs années . Un roman dévastateur n'épargnant rien ni personne si ce n'est l'humain borné incapable de transiger avec son moi profond , n'hésitant pas à sacrifier toutes ces vies au profit d'un idéal personnel qui n'a d'autre limite que son triste égo démesuré...
Pour toutes ces raisons et bien plus encore , je déclare Gaudé comme étant mon chouchou - sans oublier les 3 suisses , bien sur – 2012 !

Le Roi est mort , vive le Roi !
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Que dire de plus sur ce petit roman parfaitement ciselé de Laurent Gaudé après une soixantaine de critiques de qualité et plus ou moins longues ? Peut-être déjà que Laurent Gaudé a réussi son coup : La Mort du roi Tsongor, on l'attend tout d'abord, on la pleure par la suite, on se la dispute pendant un moment homérique, et enfin on l'honore.

Comme c'est son but avoué, à l'instar de la Guerre de Troie dans l'Illiade, La Mort du roi Tsongor exprime toute la force des serments, quintessences de l'honneur par-delà la mort et les combats, ces serments qui parcourent des vies, en ravagent d'autres et emportent celles qui restent. Dans ces six chapitres d'une rare intensité, Laurent Gaudé exprime la face tragique de la fidélité sous toutes ses formes : du simple conflit de palais à la guerre ouverte, du conflit psychologique en chacun de nous à la haine vivace qui dure toute une vie, la fidélité, la passion et la haine sont plus que jamais présentes dans ce roman. Court roman d'ailleurs, environ deux cents pages (cinq heures et demie d'écoute en livre audio pour ma part), La Mort du roi Tsongor brille par ses six chapitres très bien découpés, où la situation est sans cesse bouleversée, une situation qui avance vraiment et cela apparaît même dans l'enchaînement et l'alternance des personnages principaux, chacun ayant son moment de gloire, ses monologues, ses décisions à prendre.

Merci donc aux éditions Thélème et à l'opération Masse Critique de Babelio qui m'ont permis d'acquérir ce livre audio (au passage, le petit mot qui accompagne désormais l'envoi est toujours apprécié) ; en effet, les mots de ce roman, précis et pesants (plutôt bien rendus par le voix du comédien Pierre-François Garel), expriment toute la force de l'épopée par excellence, et le fait que tout cela se déroule dans une Afrique ancestrale, pour certains imaginaire, mais somme toute plausible, n'enlève rien, bien au contraire, à l'intérêt de lire La Mort du roi Tsongor !

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Au palais de Massaba, le roi Tsongor va marier sa fille, Samillia, avec Kouame, le prince des terres du sel.
Katabolonga, son serviteur, le porteur du tabouret d'or, sait qu'il va tuer aujourd'hui son ami et maître ...
L'ouverture de ce livre est intrigante, son écriture est élégante et racée.
Une vieille histoire vient prendre fin dans celle qui commence aujourd'hui.
Ce livre magnifique est de ceux qui sont au carrefour des littératures :
récit épique, amour tragique, légende antique ou mythe africain, philosophie ou brutalité, quête sans fin ou destin fixé ?
Dès les les premières pages, Laurent Gaudé installe une ambiance, sous-entend le drame qui se prépare dans une antiquité imaginaire, nous dit la quatrième de couverture.
En des temps lointains et incertains, certes !
C'est que le ton dramatique, épique de ce récit renvoie à ce que la littérature dite "antique" nous a donné de plus beau, de plus intransigeant.
Mais par la pincée de fantastique dont il est saupoudré, par l'existence du fantôme de ce vieux roi qui erre entre deux mondes, ce récit pourrait tout autant être qualifié de shakespearien.
On pourrait dire aussi de ce récit qu'il restitue la majesté de l'Afrique, sa grandeur, pour autant qu'elle ne lui est été jamais enlevée.
On pourrait prétendre également qu'il possède des accents bibliques.
Ce récit est aussi celui de l'éternelle tragédie de la femme écartelée entre les luttes de pouvoir et les les désirs de sa possession, récit sans cesse renouvelé dans presque toutes les littératures anciennes.
"Et toujours l'âme humaine vient piétiner ce qu'elle a construit de grand".
Un profond pessimisme et un désespoir cruel colorent ce livre sombre et guerrier qui finit pourtant sur une touche d'espoir, qui parle aussi du passage des générations, de la gratitude ou non des enfants, de la bienveillance du père et du poids des ancêtres.
Laurent Gaudé a signé là un grand livre que tant de choses rendent universel, un livre qui appartient à la meilleure des littératures ...

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Une tragédie, une vraie. Qui déchire, fait souffrir, violente et tue. Met en scène le désir, l'orgueil, la haine. L'Amour aussi. Ca vous transporte, véritablement !

Deux caractères m'ont frappée et me parlent encore :
-la fidélité « paradoxale » du guerrier vaincu devenu serviteur, Katabolonga, qui pleurera la mort du roi comme un loup hurle dans la nuit;
-la clairvoyance d'un père qui sauve son plus jeune fils Souba, en l'envoyant arpenter les confins du royaume et construire des mausolées à sa mémoire, longtemps, très longtemps, voyage initiatique, voyage de sagesse loin des déchirements de haine.

Et quelle écriture ! Fluide et poétique parfois, percutante et violente quand il le faut.

Le lire, le relire.
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Laurent Gaudé est un grand écrivain et puis c‘est tout, « La mort du Roi Tsongor » en est une preuve évidente. le speech s'il vous plait Ardisson, pas besoin il est bien connu maintenant Carré. Alors pas la peine d'en rajouter Thierry (comme disait Maxwell qualité filtre). Pas d'excuse, pas d'hésitation lisez-le. Après cela vous enchainerez avec « Cris » et « Le soleil des Scorta », et si les symptômes persistent et que Gaudé vous laisse de marbre , et bien là on peut plus rien pour vous, reprenez vos Harlequins et puis c'est tout.

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Citations et extraits (142) Voir plus Ajouter une citation
Le visage d'éternité de Tsongor, peu à peu, se construisait, dans la sueur et l'effacement de Souba tout entier à sa tâche.
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D'ordinaire, Katabolonga était le premier à se lever dans le palais. Il arpentait les couloirs vides tandis qu'au-dehors la nuit pesait encore de tout son poids sur les collines. Pas un bruit n'accompagnait sa marche. Il avançait sans croiser personne, de sa chambre à la salle du tabouret d'or. Sa silhouette était celle d'un être vaporeux qui glissait le long des murs. C'était ainsi. Il s’acquittait de sa tâche, en silence, avant que le jour ne se lève.
Mais ce matin-là, il n'était pas seul. Ce matin-là, une agitation fiévreuse régnait dans les couloirs. Des dizaines et des dizaines d'ouvriers et de porteurs allaient et venaient avec précaution, parlant à voix basse pour ne réveiller personne. C'était comme un grand navire de contrebandiers qui déchargeait sa cargaison dans le secret de la nuit. Tout le monde s'affairait en silence. Au palais de Massaba, il n'y avait pas eu de nuit. Le travail n'avait pas cessé.
Depuis plusieurs semaines, Massaba était devenu le cœur anxieux d'une activité de fourmi. Le roi Tsongor allait marier sa fille avec le prince des terres du sel. Des caravanes entières venaient des contrées les plus éloignées pour apporter épices, bétail et tissu.
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Derrière Kouame venaient trois chefs. Le premier était le vieux Barnak qui commandait aux mangeurs de khat. Ils portaient tous de longs cheveux emmêlés qui leur tombaient sur les épaules et une barbe broussailleuse. Leurs yeux, sous les effets du khat, étaient striés de rouge et il se parlaient à eux-mêmes, plongés dans les visions de la drogue qu’ils mâchaient. Un brouhaha immense s’élevait de ces hommes poussiéreux et sales. On eût dit une armée de va-nu-pieds frappés par la fièvre. Ils étaient tous hagards et cela les rendait effrayants au combat. Le khat les préservait de la peur et de la douleur. Même blessés, même amputés d’un membre, on avait vu de ces hommes continuer à se battre tant ils ne sentaient plus leur propre chair. Ils murmuraient tous comme une armée de prêtres qui scandent des sanglantes prières.
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[...] - J'ai vu aujourd'hui une foule immense apparaître à mes yeux, reprit le mort. Ils sortaient de l'ombre et se sont dirigés, lentement, vers la barque du fleuve. C'étaient des guerriers hagards. J'ai observé leurs insignes ou ce qu'il en restait. J'ai regardé leurs visages. Mais je n'ai reconnu personne. Dis-moi, Katabolonga, qu'il s'agit d'une armée de pilleurs que les troupes de Massaba ont interceptés quelque part dans le royaume. Ou de guerriers inconnus qui sont venus mourir sous nos murailles sans que personne ne sache pourquoi. Dis-moi, Katabolonga, que cela n'est pas.
- Non, Tsongor, répondit Katabolonga. Ce n'est ni une horde de pilleurs ni une armée de mourants venus séchouer sur nos terres. Ce sont les morts de la prmeière bataille de Massaba. Tu as vu passer sous tes yeux les premiers écrochés de Souame et de Sango Kerim, mêlés les uns aux autres dans une pauvre colonne de révulsés.
- Alors la guerre est là et je n'ai rien empêché, dit Tsongor. Ma mort n'a servi à rien.
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D'ordinaire, Katabolonga était le premier à se lever dans le palais. Il arpentait les couloirs vides tandis qu'au dehors la nuit pesait encore de tout son poids sur les collines. pas un bruit n'accompagnait sa marche. Il avançait sans croiser personne, de sa chambre à la salle du tabouret d'or. Sa silhouette était celle d'un être vaporeux qui glissait le long des murs. C'était ainsi. Il s'acquittait de sa tâche, en silence, avant que le jour ne se lève.
Mais ce matin-là, il n'était pas seul. Ce matin-là, une agitation fiévreuse régnait dans les couloirs. Des dizaines et des dizaines d'ouvriers et de porteurs allaient et venaient avec précaution, parlant à voix basse pour ne réveiller personne. C'était comme un grand navire de contrbandiers qui déchargeait sa cargaison das le secret de la nuit. Tout le monde s'affairait en silence. Au palais de Massaba, il n'y avait pas eu de nuit. Le travail n'avait pas cessé.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Laurent Gaudé, auteur acclamé, a marqué les librairies à 33 ans avec "Le Soleil des Scorta", lauréat du Prix Goncourt en 2004. Son succès international a confirmé sa place parmi les écrivains de renom. Diplômé en Lettres Modernes et Études Théâtrales, Gaudé excelle aussi dans le domaine théâtral depuis 1997. Malgré son premier roman "Cris" en 2001, il n'a jamais délaissé le théâtre. Actuellement, sa pièce "Même si le monde meurt", mise en scène par Laetitia Guédon, est en tournée, offrant une nouvelle immersion dans l'univers captivant de cet écrivain polyvalent. En avril 2024, il dévoilerait Terrasses, sur les attentats de Paris. L'occasion de revenir sur l'intégralité de son oeuvre.
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