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4,04

sur 3427 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sur le conseil avisé de Ladymuse j'ai ouvert Eldorado et découvert Laurent Gaudé. Je n'ai refermé le livre qu'après l'avoir terminé. Aucun mérite, c'est aussi fort que c'est court.
Une écriture tendue, coupante, brutale et tout autant prenante, attachante et troublante ; déroutante en somme, comme les destins qu'elle porte, comme cette humanité qui ère et dont elle trace les cheminements, comme ces êtres déracinés qui, dans un autre pays ou au fond de leur conscience, n'aspirent tout bonnement qu'à se poser enfin et à trouver la paix, prennent le risque de se perdre pour mieux se trouver… Une écriture volontairement économisée mais concentrée, d'un noir brillant comme le courage dans un monde sens dessus dessous, comme le regard de ces femmes et de ces hommes qui avancent malgré la vie.
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Premier roman de Laurent Gaudé que je découvre ainsi, et j'ai été happée du début à la fin, à la fois par l'entrecroisement des histoires et par l'écriture, le style.
S'attaquer à la thématique de la migration dans le sens Afrique-Europe et à la traversée tragique de la Méditerranée est en soi courageux et casse-gueule. le roman brave les écueils, les évite parfois in extremis. le personnage du capitaine est formidable car il incarne cette conscience européenne largement répandue et en tout cas largement médiatisée, qui passe de la pitié ou de la morale, et du devoir - il faut les secourir - à l'égoïsme - il ne faut pas les accueillir -. Son chemin, dans l'autre sens, ne peut alors qu'être tragique.
Une belle écriture pour un drame qui n'en finit pas.
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Ce roman est le premier livre de Laurent Gaudé que je découvre. Et c'est un vrai choc. Un livre qui ne peut pas laisser indifférent.
D'abord par le thème : celui des migrants. L'auteur nous fait découvrir au travers de deux personnages principaux, toute l'épaisseur de ce tragique drame qui se déroule depuis des années à nos portes.
Nous rencontrons au début du récit le commandant Salvatore Piracci, capitaine d'une frégate garde-côte dont la mission est de recueillir en mer les passagers d'embarcations de fortune qui tentent de gagner l'île de Lampedusa, pour ensuite les remettre aux mains des autorités italiennes qui vont les renvoyer dans leur pays d'origine.
Puis, de l'autre côté de la Méditerranée, apparaît le jeune Souleiman, qui est prêt à tout pour atteindre l'Europe, l'Eldorado de ces milliers de migrants. Parti de chez lui jeune et innocent, il se rend compte au fil de son errance qu'il est obligé de s'endurcir, de devenir un loup pour faire face à la violence des passeurs, des exploiteurs de la misère, et même de ses compagnons d'infortune.
Le roman bascule au moment où Piracci, devant le spectacle des malheureux dont il sauve la vie pour ensuite mettre fin brutalement à leur rêve, décide de tout lâcher, de renoncer à cette existence pourtant confortable, et de partir…
Et bientôt se produit l'incroyable rencontre de Piracci et de Soleiman, que je vous laisse découvrir car c'est vraiment une scène inattendue, inimaginable et d'une immense intensité.
L'autre force du livre, c'est le talent de l'écrivain. La narration est simple, des chapitres courts, un style dépouillé, mais chaque mot est juste, les scènes sont si bien décrites qu'on croit vraiment les vivre avec les personnages (particulièrement les épisodes en mer).
Vraiment c'est un livre que je recommande, et qui m'incite fortement à faire plus ample connaissance avec l'oeuvre de Laurent Gaudé.
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Salvatore Piracci est l'un des gardiens d'une forteresse imprenable. Cette forteresse bien gardée, entourée de rochers traîtres et coupants, d'une mer et d'un océan, on l'appelle l'Europe. Chaque jour, des centaines de migrants la prennent d'assaut dans l'espoir de s'y infiltrer et de mener une vie meilleure.

Toutes les nuits, le commandant Salvatore Piracci arrête des navires clandestins. Chaque navire qu'il intercepte est un retour à la case départ pour les passagers migrants. Et ce ne sont pas les plus malchanceux, car nombreux sont les naufragés perdus en mer, les victimes de traquenards et d'arnaques, à qui l'audace et l'espoir coûteront la vie. En d'autres termes, il les sauve d'une mort lente sur les eaux de la Méditerranée.

Le seul fait d'être né du bon côté de la mer lui donne ce statut privilégié, cette vie où la faim et le besoin n'existe pas, où le vin coule en abondance et les anancini, poivrons farcis et poissons frais marque le quotidien du sicilien. Mais un jour, il se retrouve face à une migrante qui a tout perdu. Et là, sa foi en sa mission flanche et sa vie bascule.

Souleiman et son frère sont décidés. Ils passeront la frontière coûte que coûte. Ils ont réuni assez d'argent pour organiser le passage et fait leurs adieux à leur terre natale, le Soudan. Ils se retrouvent forcer de renoncer à leurs amis, leur maison, leur nom et leur réputation pour recommencer à zéro. Passer de quelqu'un à personne, pour le reste de leur vie. D'un citoyen à un étranger. Dans l'espoir d'un jour atteindre l'Eldorado : le continent européen.

Dans ce magnifique roman, Laurent Gaudé parle de l'immigration d'une manière non pas chiffrée comme on le voit dans les nouvelles internationales, mais comme on devrait toujours en parler : d'une manière humaine.

L'écriture est belle et imagée, on ressent les douleurs et les tourments des personnages qui se battent, autant d'un côté de la mer comme de l'autre, pour faire face aux injustices arbitraires et géographiques dont l'homme est victime. Jamais encore je n'avais lu un livre qui m'avait donné une telle perspective sur le point de vue d'un migrant prêt à tout pour passer la frontière, dans l'espoir d'offrir un avenir meilleur à sa famille et ses proches.

Avant les frontières, avant les locaux, avant les migrants, il y a l'homme. L'homme qui, où qu'il soit, sera prêt à tout pour son bonheur et celui de son prochain.

Je vous le recommande vivement.
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Un roman qui interpelle, je n'ai pu faire une critique " à chaud ",devant attendre que la pression redescende,je n'en ressors pas indemne!!
A Catane ,petite ville d'Italie,le commandant Piracci ,sur son bateau le " vittoria",part a la recherche des clandestins prêts à tout pour rejoindre " L'Eldorado ".Sans trop d'état d'âme, jour après jour,il accomplit avec sérénité sa mission,jusqu'au jour où : un jour de marché il a la sensation bizarre d'être suivi; au milieu de la foule ,une femme le regarde intensément, elle le suit jusqu'à son domicile et poliment lui demande de la recevoir.
--"Vous ne me reconnaissez,commandant,demanda t-elle?( page 16)".
--Le Vittoria 2004.Elle etait parmi les émigrants recueillis par le commandant.
Pendant deux heures ,elle va lui raconter son calvaire : son bébé mort dans ses bras que les passeurs vont lui arracher pour le jeter à la mer,mais le but de sa visite est une étrange requête, je ne vous en dis pas plus.....
A partir de cette rencontre ,le regard du commandant Piracci va changer,et sa vie va prendre un tournant décisif que lui seul a décidé.
Un livre bouleversant d'humanisme écrit d'une main de maître ; un livre témoignage car hélas trop souvent ,les mêmes scènes, les mêmes images se répètent. Actuellement cela devient tellement courant que nous n'en parlons plus.
Faudra t-il en passer par cette période de confinement pour que certains se remettent en question et ne voient plus la vie sous un même angle? Est-ce que cette pandémie nous apportera malgré tout ,pour l'avenir ,un côté positif?.⭐⭐⭐⭐
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Un livre plus tout jeune mais d'une actualité brûlante, d'une acuité terrible, qui vous traverse comme un coup de poignard et ouvre dans votre confort une route violente et impérieuse dont le sillage n'a pas fini de vous hanter.
L'auteur nous mène de frontière en frontière, de rive en rive vers une terre fantasmée.
Des récits entrelacés relatant plusieurs destinées: celle de Salvatore, d'Europe en Afrique, vers une sorte d'expiation- rédemption, sans illusion ni foi, dans la solitude et le désespoir.
Celle de Soleiman, d'Afrique en Europe, vers un Eldorado mythique, dans la solidarité farouche d'une fraternité de substitution avec Boubakar, pour tenter de faire pièce à la solitude et à l'effroi.
À mesure que les clandestins avancent, l'Eldorado recule telle une promesse irréalisable, un rêve chimérique.
.
Avec un récit lucide, Laurent Gaudé nous dépeint ces destinées tragiques qui revêtent sous sa plume une dimension mythique.
On est solidaire de ces migrants amoindris qui luttent avec acharnement et possèdent la richesse enviable de ceux « qui rêvent toujours plus loin ».
L'auteur décrit avec puissance le sort de ces migrants condamnés à l'errance, affamés et assoiffés luttant pour regagner une dignité.
Piracci et Soleiman, refusant d'abdiquer leur intégrité, lutteront pour leur humanité.
Pirraci s'évertuera à regagner la sienne, émoussée par la vacuité de son existence.
Soleiman, allant de désillusion en compromission, s'efforcera de préserver celle qui l'a animé jusqu'à présent.
.
Sans haine et sans colère, avec l'humanité et la poésie qui le caractérisent, Laurent Gaudé, à travers les destins croisés de ses quelques personnages fait état des injustices et des violences faites par un système incohérent et cruel, à une population riche de ses rêves et déterminée à tous les sacrifices pour y accéder.
Un récit sensible et juste qui rétablit la dimension humaine d'un phénomène que l'on a volontairement déshumanisé pour le réduire à une statistique inquiétante.
C'est réel et poétique, beau et cruel, obsédant, bouleversant et révoltant.
Un livre bouleversant d'humanité.
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Un mot : Incroyable
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Très beau roman dont le thème principal, l'immigration est encore d'actualité. Un roman sur les rêves de ceux qui viennent et leur choc quand ils arrivent...Deux récits enchâssés, très beau, très réaliste...
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Elle était revenue , l'inconnue au regard vide .
Elle avait disparu en compagnie de la brume qui recouvre souvent l'Etna .
Sans un mot , elle le suivit . Que voulait-elle de lui maintenant qu'elle était libre ?

Pris de pitié , il l'invita à l'accompagner jusqu'à ses quartiers .
Il l'écouta , le coeur serré .
" Je voudrais que vous me donniez une arme .
(...)
Si Hussein Marouk avait été un simple passeur , il aurait ordonné à l'équipage de nous déposer le plus vite possible pour revenir charger à nouveau le bateau .
(...)
Il voulait que nous échouions sur une plage européenne et que cela fasse la une des journaux . C'est un combat politique . L'Europe hausse le ton contre la mainmise de la Syrie sur le Liban , en réponse Damas affrète un navire de crève-la-faim , qu'il lance à l'assaut de la forteresse européenne .
(...)
Je prie chaque jour pour qu'ils ne le tuent pas avant moi .
C'était donc cela . La vengeance . C'est cela qui l'avait fait tenir .
_ Ils m'ont fait payer le billet de mon fils . Mille cinq cents dollars , commandant . Mille cinq cents dollars pour mourir de soif dans mes bras ." P. 33-34

Après son départ , Piracci ressasse encore et encore les mots de l'étrangère .
Parmi les derniers migrants qu'il envoie à Lampedusa , il se voit demander par l'un d'eux de l'ignorer , de le libérer , de faire preuve d'humanité .
Notre commandant est un homme d'honneur . Il ne veut pas commettre d'erreur .
Il fait son devoir .

Basta cosi !

Il est franchement dégoûté de traiter les clandestins comme des esclaves , des reclus .
Il veut savoir pourquoi tant de familles quittent leur logis , aussi misérable soit-il , pour soit mourir noyées , soit débarquer dans des endroits aussi hostiles où personne ne veut d'eux .
Il décide de tout abandonner et même de déchirer ses papiers afin de vivre comme ces réfugiés en faisant le chemin à l'envers .

Dans sa quête , il rencontre des Soleiman qui vont éclairer son esprit .
" Depuis son arrivée en Libye , il savait qu'il ne trouverait aucune terre à sa convenance . L'Eldorado n'était pas pour lui .
( ... )
Face à ce jeune homme ; il comprenait que l'Eldorado existait pour les autres et qu'il était en son pouvoir de faire en sorte qu'ils ne doutent pas de leur chance .
Eux aspiraient à des pays où les hommes n'ont pas faim et où la vie est un pacte avec les dieux .
_ Massambalo ?
Le jeune homme venait de poser sa question pour la troisième fois .
Il sembla alors à Salvatore Piracci qu'il n'était parti de Sicile que pour cet instant ." P. 214

Encore une fois , Gaudé nous plonge , par la force de ses phrases colorées , âpres et frappantes , dans un monde où la foi et l'espoir sont les mamelles de la société .
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Laurent GAUDE est un auteur dont les textes me sont précieux ; avec ELDORADO, mon admiration et mon engouement demeurent.
A la fois récit et conte, le texte est pétri d'humanité s'intéressant au sort des émigrants qui tentent le tout pour le tout afin d'atteindre un ELDORADO tant convoité
La route est jonchée de douleurs, de morts, de renoncements, pas simplement des renoncements aux rêves. En effet, survivre coute que coute c'est aussi « renoncer aussi à la noblesse des hommes qui vivent aisément ». Et là Laurent GAUDE donne une dimension tragique et troublante à ses personnages, particulièrement Soleiman.
J'ai été également très touchée par le Commandant, lui qui choisira de faire dans l'autre sens le voyage pour donner un sens à sa vie et à ses engagements.
A découvrir sans tarder.
Un texte émouvant et juste, indispensable et humain, marquant et inoubliable.
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