La critique est cachée pour ceux qui veulent d'abord faire l'expérience de la lecture.
Joli texte de propagande qui concentre tous les travers de la dangerosité du poète quand il se place en dehors du monde et prétend parler aux aveugles de la caverne pour lever des humiliations qu'il n'a pas vécues et qui se couvre de la mémoire du monde en exaltant l'énergie des foules, le sacrifice de la jeunesse et l'incitation à l'obéissance de ses injonctions au nom de la liberté et de la vie.
Mais le poète peut-il se satisfaire de grimer la grisaille du temps présent ? Est-il à l'abri de l'accusation de participer à la confusion généralisée en entretenant l'ambiguïté de la nature de son texte comme il reconnaît d'ailleurs la faiblesse de ses connaissances (p.11) à traiter le sujet qu'il aborde, puisque, pour ce faire, il s'extraie lui-même de son époque pour prétendre la révéler à elle-même ? Ce monde qui flanche, il s'y trouve lui aussi. Jusqu'où le poète peut-il se moquer de son époque, prétendre ne pas en faire partie, et se faire excuser de ses insuffisances au prétexte qu'il n'est "que" poète ? C'est un peu facile, comme un colporteur vend le produit qu'il sent être à la mode, celui qui se vend et qui s'émerveille de l'avoir trouvé, d'avoir pris sa part de marché. Quelle différence avec les faiseurs de grands discours qu'il dénonce, qui, eux non plus, ne vont pas plus loin que l'évidence de la crédulité - des autres ?
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