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EAN : 9798680976999
244 pages
Auto édition (07/09/2020)
4.27/5   13 notes
Résumé :
Brandon, élevé par une mère célibataire, décide à dix-neuf ans de rencontrer son père qu’il n’a jamais connu. Armé d’un nom et de quelques indices, il mène l’enquête dans une université où un certain André Dulin organise des séminaires. Pour l’approcher Brandon falsifie son identité, et découvre bientôt qu’il a affaire à un dissimulateur bien plus rusé que lui. Alors qu’il essaie en vain de le percer à jour, il rencontre, grâce à ses fabulations, une jeune fille don... >Voir plus
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C'est l'histoire d'un jeune homme Brandon, inscrit dans une école de commerce qui vit seul avec sa mère Laetitia. Il a bien posé quelques questions sur son père lorsqu'il était petit enfant, mais trop petit selon sa mère, pour entendre des méchancetés, puis plus rien. Ce n'est que plus tard, un jour en rentrant de la fac qu'il remet la question sur le tapis et va harceler sa mère pour en savoir plus. Elle lui explique alors comment elle a rencontré cet étudiant en médecine, l'a aidé, aimé, et comment il s'est enfui sans laisser d'adresse. Elle finit par lâcher un nom. Brandon s'en empare et va tenter de retrouver, sans en parler à quiconque cet homme qui a quitté sa mère avant qu'il ne soit né. Pendant cette recherche, il fera connaissance de Margaux cette étudiante en psychologie dont il deviendra amoureux.
Jeu de dupes est au départ un roman social. Laetitia, mère célibataire, issue d'un milieu modeste, est secrétaire car "en troisième on m'avait orienté vers le secrétariat, la question ne s'est même pas posée; chez nous, on faisait pas de longues études". Elle élève donc seule son fils depuis sa naissance puisque le père, étudiant en deuxième année de médecine l'a abandonné avant la naissance du bébé. Ce garçon bien que choyé par sa mère qui fait tout pour satisfaire ses envies, quitte à se priver elle-même, va faire l'expérience de la honte sociale en côtoyant notamment Margaux, cette jeune fille, d'un milieu plus aisé que le sien. Il reprend d'ailleurs très souvent sa mère dans ses expressions, et s'il évite maintenant de le faire à haute voix, il la corrige dans sa tête. Il a honte également de son prénom qu'il qualifie de prénom de perdant.
Vanessa Gault décrit très bien à travers ses personnages les deux milieux sociaux bien différents que sont, celui modeste du foyer de Brandon et celui bourgeois de Margaux. Ce fossé entre les deux pourra être comblé avec la richesse du coeur et la noblesse des sentiments.
À partir du moment où Brandon va partir en quête de ce père dont il a seulement le nom et quelques indices sur la voie professionnelle qu'il a pu suivre, les choses vont évoluer rapidement mais d'une manière surprenante. En effet, voulant cacher ses recherches à sa mère, en mentant pour s'inscrire à un séminaire, en se faisant passer pour un étudiant en psychologie, il va se retrouver dans l'obligation de tenir son rôle auprès de cette belle étudiante, un mensonge en entraînant un autre. D'autant que l'homme qu'il pense être son père s'avère être un personnage plus qu'énigmatique et difficile à cerner. Parviendra-t-il à lui faire ôter son masque et à l'obliger à se dévoiler ?
Il est difficile de ne pas se glisser dans la peau de ce jeune homme et de le suivre dans sa recherche de paternité. On voudrait le mettre en garde lorsqu'il commence à mentir et lui dire d'arrêter, de ne pas s'enferrer dans ses mensonges, mais il poursuit. L'auteure a parfaitement cerné la psychologie de Brandon comme celle des autres personnages, et analysé comment cette escalade dans le mensonge est difficilement récupérable. Elle relate également de manière très sensible la découverte de l'amour, la rencontre entre Brandon et Margaux et la relation amoureuse qui en découle est traitée avec beaucoup de sensibilité de poésie et de justesse.
J'ai aimé la voix de Laetitia, cette mère courageuse, simple à la fois libre et solide, ne souhaitant que le bonheur de son fils et sa loyauté. J'ai aussi assisté avec crainte et beaucoup de suspense à l'émancipation de ce garçon et à la recherche de son moi, tout autant peut-être qu'à la recherche de son père.
Je remercie chaleureusement Vanessa Gault pour sa confiance, me permettant de découvrir cette brillante et fine étude psychologique qu'est Jeu de dupes. C'est un titre on ne peut plus approprié. En effet, un jeu de dupes c'est une affaire dans laquelle quelqu'un se fait avoir, et où on abuse de sa confiance et au fond, l'expression adopte le point de vue de la victime.
À vous maintenant de dénombrer le nombre de victimes en lisant ce bouquin à la belle couverture bien représentative de son contenu : une main tenant un masque devant son visage.
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Belle découverte que ce Jeu de dupes, signé Vanessa Gault qui a déjà publié un roman et un récit auparavant.
Cette immersion au coeur du mensonge, au travers de la vie parisienne et de l'enseignement supérieur est bien menée et m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Depuis vingt ans, Laetitia élève seule son enfant, Brandon, qui supporte mal ce prénom emprunté aux mauvaises séries étasuniennes. le géniteur, un jeune homme brillant, étudiant en médecine, qui savait bien pérorer, a disparu alors que Laetitia, heureuse de faire sa vie avec lui, venait de lui annoncer qu'elle était enceinte. Elle avait eu beau chercher, utiliser les quelques adresses qu'il lui avait laissées : rien !
La voilà donc avec ce garçon, jeune adulte, qui veut connaître son père. Il est prêt à tout faire pour le retrouver. Lui, Brandon Thouvenin, porte le nom de sa mère. Celle-ci n'a pu que lui donner l'identité de cet homme qui l'a abandonnée si lâchement. Il s'appelle André Dulin. À partir de là, Brandon se lance dans des recherches, utilisant internet, un vrai labyrinthe, avec si peu d'indices.
Enfin, il trouve un André Dulin qui donne des conférences à la Sorbonne, assure un séminaire consacré à Freud et à la psychanalyse. Problème : Brandon est en école de commerce. Mais, comme il est un élève brillant qui assimile très vite, il s'inscrit, rencontre le professeur qui ne lui fait pas grande impression. Cet homme passe son temps à s'écouter parler.
Vanessa Gault a bien mis en place son récit, émaille son roman d'éléments d'information intéressants, fait visiter la Sorbonne et quelques quartiers de Paris.
C'est justement sur les bancs de l'amphi Turgot que Brandon est séduit par Margaux, vraie étudiante en psycho. À son tour, il fait l'expérience traumatisante du mensonge, du Jeu de dupes et cette analyse psychologique est bien menée. Son déroulé, avec ses avancées et ses reculades, m'a passionné jusqu'au bout, l'autrice ne négligeant aucun de ses personnages, même les plus secondaires.
Jeu de dupes, autoédité par Vanessa Gault, prouve une fois de plus que des talents d'écriture passent au travers des mailles des éditeurs et c'est regrettable. Ce roman, fort bien documenté, m'a procuré d'excellents moments d'une lecture se révélant instructive aussi.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Jeu de dupes offre une réflexion très intéressante sur la place de l'hypocrisie sociale et du mensonge dans nos sociétés contemporaines.

Si les autistes ne peuvent pas mentir, les êtres humains qui ne sont pas autistes ont en revanche une tendance naturelle à construire des fables, des légendes, à jouer la comédie dans le grand théâtre de la vie. le chapitre "faussaires mondains" est le point culminant de cette réjouissante satire sociale.

Que se cache-t-il sous le masque des apparences, de la duplicité, de ce jeu de dupes ? Qui est vraiment André Dulin : un psychiatre, un professeur, un escroc, un menteur pathologique, un homme qui tente de survivre dans la jungle humaine en se servant de la crédulité de son prochain, persuadé que la duperie est la seule solution pour s'en sortir dans la vie ?

Vanessa Gault alterne les points de vue : celui de Laetitia, maman célibataire ; celui de Brandon, son fils de dix-neuf ans, qui veut savoir qui est son père, celui d'André Dulin.

Il y a dix-neuf ans, Laetitia a rencontré André Dulin, qui a disparu du jour au lendemain alors qu'elle était enceinte de Brandon. Elle s'est rendu compte que son compagnon n'avait cessé de lui mentir : sur ses études de médecine, sur ses parents, qu'elle n'avait d'ailleurs jamais rencontrés, pour finalement l'abandonner sans laisser de nouvelles, toutes les adresses qu'il lui avait données, toutes les informations étaient fausses. Laetitia ne s'est pas effondrée et a construit seule et avec courage sa vie avec Brandon, se sacrifiant parfois pour lui offrir le meilleur.

Brandon souhaite désormais savoir qui est son père et se lance dans une enquête qui le mènera à la fac de psycho sur les traces de ce menteur pathologique. Mais n'est-ce pas un homonyme ?

L'autrice instille avec brio le doute grâce au thème baroque de l'illusion, de la prestidigitation, du masque changeant et perturbant, dans ce vaste théâtre du monde. L'habit fait-il le moine ? André Dulin est-il bien ce qu'il prétend être, sur l'estrade d'un prestigieux amphithéâtre universitaire ?

Brandon rencontrera Margaux, une étudiante qui suit le séminaire d'André Dulin, fera lui aussi l'expérience du mensonge puisqu'il se fait passer pour un étudiant de psycho, alors qu'il est inscrit dans une école de commerce.

Jeu de dupes est une fine étude de moeurs, à la fois sociologique et psychologique. Les états d'âme des personnages sont très bien décrits, l'humour est souvent présent dans l'évocation des différences sociales, culturelles, la manière dont Laetitia perçoit son fils et André Dulin ; la manière dont Brandon perçoit sa mère, son propre prénom qui semble tout droit sorti d'une célèbre série américaine.

Au-delà de la quête des origines, Jeu de dupes est aussi un roman d'apprentissage sur le passage à l'âge adulte et le nouveau lien, plus profond et serein, apaisé, fait d'amour et d'admiration réciproques, qui se crée entre une mère et son enfant, une fois ce passage accompli.

Je remercie Vanessa Gault de m'avoir permis de découvrir son roman.
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Jeu de dupes est un roman à 2 voix, celle de Laëtitia, la mère, et de Brandon, le fils. Une histoire dont le point de départ est assez banal : une jeune femme tombe amoureuse d'un homme qui l'éblouit et l'abreuve de mensonges avant de disparaître comme par magie, la laissant seule et enceinte. Une histoire qui est pour Vanessa GAULT l'occasion de nous plonger dans la problématique de la fracture sociale sur fond de recherche en paternité incluant les questionnements sur l'hérédité, l'inné et l'acquis.

Quand Brandon commence à s'interroger sur cet inconnu qu'est son père, sa mère lui apporte des réponses en toute franchise mais sans entrer dans les détails. Il commence alors à l'idéaliser et le fantasmer l'érigeant en intellectuel raffiné et érudit issu d'un milieu bourgeois. Évidemment il en vient à voir sa mère sous un autre angle et ne supporte plus ses manières de prolo et son manque d'instruction qu'il associe à la pauvreté. Il devient ainsi aveugle à ses qualités humaines et perd de vue tout ce qu'il lui doit.
Mais que cache la couche de vernis derrière laquelle chacun d'entre nous se dissimule ?

En se lançant dans une quête pour retrouver son père, Brandon souhaite connaître la vérité sur ses origines mais au lieu de cela il va découvrir un monde de tromperies, de malentendus orchestrés et de mensonges.
Brandon va gratter le vernis pour réellement connaître cet homme mais finalement c'est peut être lui même qu'il va apprendre à connaître mieux.

Des personnages qui au premier abord semblent être de véritables caricatures (j'ai eu peur au cours des premières pages) et qui vont dévoiler au fil des lignes toute leur complexité et leur humanité savamment insufflée par Vanessa GRAULT.
Laëtitia va se révéler être bien plus finaude que ce que son fils est capable d'imaginer et celui ci va se révéler bien plus naïf qu'il ne le pense. Un bémol me concernant : le personnage de Brandon qui m'a agacé et pour lequel je n'ai ressenti aucune empathie. Juste l'envie de lui mettre quelques claques pour qu'il arrête de se regarder le nombril.

Toutefois, j'ai passé un bon moment en lisant ce livre qui m'a fait pensé par certains aspects au roman d'Annie ERMAUX : Les armoires vides.

Je remercie beaucoup Vanessa GRAULT de m'avoir si gentiment envoyé son livre me permettant de découvrir son écriture originale et franche et des personnages plus vrais que nature.
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Découvrir un nouvel auteur, c'est comme ouvrir une pochette-surprise : certains d'entre vous se souviennent certainement de cette anticipation un peu inquiète, est-ce que ça va me plaire, ce qu'il y a là-dedans, ou bien je vais être très déçue parce qu'il n'y aura pas les bonbons que je préfère et le jouet sera peut-être moche?
Quand Vanessa Gault m'a proposé l'envoi de son roman, j'ai accepté avec enthousiasme, notamment parce que le thème principal me parlait personnellement : il s'agit d'un jeune homme de dix-neuf ans qui souhaite enfin savoir qui est son père naturel, sa mère n'ayant jusque-là pas jugé utile de lui donner ce renseignement. Ayant vécu une expérience similaire (j'ai du comme le jeune Brandon mener une enquête pour découvrir l'identité de mon géniteur), ma curiosité a tout de suite été titillée.
Le roman m'est parvenu début novembre, à un moment où j'avais de nombreuses lectures prioritaires, et beaucoup de travail au CDI. Il est donc resté dans son enveloppe près de 3 semaines. Enfin j'ai eu le temps d'ouvrir cette enveloppe, et de découvrir ma surprise. Et j'en ai sorti une friandise tendre mais acidulée, une de ces gourmandises qu'on a en même temps envie de savourer mais qui sont bien trop vite terminées !
Brandon vit avec sa mère Laetitia ("sans tréma, sans chichi"), une femme simple qui n'a pas fait de longues études mais dont la fierté réside dans son indépendance financière qui lui permet d'offrir à son fils tout ce dont il a besoin, quitte à mettre de côté ses propres envies. Brandon, qui est en école de commerce, un peu par défaut, ne peut s'empêcher d'éprouver un certain mépris pour cette maman qui n'emploie pas toujours le mot juste et n'est pas vraiment à la hauteur de ses propres ambitions. Quand enfin Laetitia lui dévoile le nom de l'homme qui l'a abandonné en apprenant sa grossesse, un homme qui à l'époque "faisait médecine", il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver ce père qu'il imagine auréolé de prestige, médecin prospère, conférencier illustre ou enseignant reconnu devant des étudiants éblouis par sa science. Pour le rencontrer, ou en tout cas rencontrer l'homme dont sa mère lui a révélé l'identité, il va devoir se glisser dans la peau d'un étudiant en psychologie et s'inscrire à une série de séminaires animés par cet homme, André Dulin. Et bientôt se trouver pris dans un engrenage de mensonges dont il n'arrive plus à se défaire. Mais il n'est pas le seul usurpateur dans l'histoire, son présumé père est bien plus fort que lui à ce jeu !
Tour à tour le roman se décline "dans les mots de Laetitia", cette mère pas si naïve que ça, qui comprend bien vite que son fils lui cache des choses et se révèle plutôt fine et intuitive (un personnage auquel je me suis attachée), ou "dans la tête de Brandon", ce grand gamin plutôt imbu de lui-même mais qui va finir par prendre conscience de ses lacunes et de son injustice vis-à-vis de sa mère ; et de temps en temps on se glisse également dans la vie d'André Dulin, un manipulateur dont tout le monde n'est pas dupe...
J'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour Brandon, même si au départ j'ai forcément établi une comparaison entre sa quête du père et ma propre histoire. Mais nos points communs se sont arrêtés là, il m'a très vite agacée par sa façon de rabaisser sa mère et son sentiment de supériorité. Heureusement il va devoir faire preuve d'un peu plus d'humilité par la suite, notamment quand il va rencontrer Margaux, une des étudiantes qui suit les séminaires d'André Dulin. Quant à ce dernier, impossible de s'y attacher, c'est l'archétype du profiteur lâche et malhonnête, même si sa passion pour Freud lui donne un semblant d'authenticité devant les étudiants.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure change de registre lexical selon le personnage qui prend la main à chaque chapitre, cela rend le texte plus vivant. L'écriture est très agréable, le texte se lit facilement et l'histoire est fluide. Les seuls retours en arrière concernent l'histoire de Laetitia et permettent de cerner très vite sa personnalité ainsi que celle du "géniteur" de Brandon. le doute plane longtemps (pour Brandon) sur l'identité du géniteur en question, est-ce vraiment cet escroc qui pérore dans son amphi, ou fait-il fausse route ? le personnage de Margaux introduit une gentille romance, gentille ne signifiant pas mièvre, qui nous rend Brandon du coup plus sympathique.
Au final, ce "Jeu de dupes" est une très agréable surprise, qui m'incite à découvrir les autres publications de Vanessa Gault et notamment son premier roman "Un arc-en-ciel sur le goudron". Je la remercie infiniment de sa confiance, mais aussi de sa patience, au vu du temps que j'ai mis à lire son livre et à restituer ma critique !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Les vacances sont un sujet épineux. Laetitia n’a pas de maison de campagne, ses parents habitent comme elle à Paris ; elle a bien un frère en Picardie mais il ne les invite jamais. Elle se débrouille pour emmener son fils en vacances deux ou trois semaines par an, et depuis peu il profite aussi des maisons de famille de ses copains de promo. Brandon ne se trouve pas à plaindre, mais il a du mal à endurer les questions saisonnières des bourgeois à ce sujet : où pars-tu en février ? à Pâques ? cet été ? à la Toussaint, à Noël ? À chaque fois il se retient de répondre : où trouves-tu l’argent pour partir tous les deux mois ? qu’est-ce qui te fait penser que tout le monde a le même train de vie ? pourquoi m’agiter tes plaisirs à la figure ? Il ne veut pas faire subir son amertume à Margaux, alors il élude ; et elle, plus subtile que ses copains, n’insiste pas.
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André n’écoute plus. Il rêve. Ancien élève d’une grande école… Qui irait vérifier ? Et puis c’est un peu vrai, Isambert a bien fréquenté Normal Sup’. Il n’a pas menti. Il s’est assis parmi les élèves, il a écouté les cours. Il pourra se retrancher derrière ces faits si on le met face au mensonge. Mais on ne le fera pas. L’histoire est trop belle, les journalistes trop paresseux. Les seuls qui ont remarqué l’imposture sont sans doute les anciens de l’École comme Coralie, et encore, pas tous, seulement les littéraires, et parmi eux ceux qui ne se sont pas arrêtés à Proust et à la littérature d’avant-guerre. Peu de monde, finalement. Il a eu bien raison de tenter sa chance, le petit écrivain. Rien à perdre, et tant à gagner…
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J'étais naïve à cette époque. Dans un sens, j'étais plus mûre que lui et tous ses copains étudiants, parce que je travaillais ; moi j'avais pas besoin de parler de la lutte des classes comme ils faisaient, je la vivais tous les jours ; eux ils avaient jamais eu à demander une augmentation à un patron qui regarde tes seins quand tu lui parles, et qui te répond " mais Mademoiselle, vous êtes déjà dans la fourchette haute en termes de rémunération ". Je m'en rappellerai toujours, de cette histoire de fourchette, et toutes les belles phrases pour nous entourlouper ; mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Il y avait déjà du chômage à l'époque, on prenait ce qu'on trouvait.
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Brandon marche dans un couloir encadré de boiseries ; il croise des jeunes de son âge qui lui ressemblent et dissemblent à la fois, parce qu'ils étudient la littérature, l'histoire ou la philosophie, ces matières qui font ricaner les élèves de son école de commerce et qui pourtant ont une aura inavouée. On les trouve ridicules, ces étudiants de l'inutile, on méprise leur abstraction, leur manque d'ambition sociale, mais quelque chose en eux résiste au monde tel qu'il est, et fait un peu envie. La matière même de la Sorbonne, ses pierres, ses statues, son odeur de vieux bois et de poussière, s'insinue dans le corps et l'esprit comme un air de musique joué dans le lointain, à peine entendu, et qui fait surgir sans qu'on y prenne garde un flot d'émotions inattendues.
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En fait, André il n'était pas du tout le nombril du monde comme il croyait ; au contraire, c'est lui qui habitait chez moi, c'était lui la petite planète qui me tournait autour. Et même si on y regarde vraiment, il était encore moins qu'une planète, plutôt un parasite. C'est ça, un parasite. Comme une tique sous la peau. Il m'a laissé croire qu'il avait plein de choses à m'apprendre, que j'avais de la chance d'être avec lui. En fait c'était un parasite qui occupait mon appartement. Un coucou. Un bernard-l’ermite. Un profiteur.
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